Let's have some fun while we suffer
Poudlard - Salle de DCFM - Ft. Logan - 16 février 1998
La peur était devenue une vieille amie au fil des mois de cette année beaucoup trop bizarre. A Serpentard, tout particulièrement, la peur avait pris un visage insidieux, dissimulé. Les jeunes serpents étaient tout particulièrement talentueux pour ça : camoufler leurs sentiments réels. Plus que dans n’importe quelle maisons, ils devaient être prudents, subtils, car leur pires ennemis se trouvaient parmi eux, parmi ces quelques élèves qui se pavanait en conquérant, eux-mêmes jouant un rôle, parfois, celui que leurs familles rétrogrades leurs imposaient.
Pour Maeja la peur avait pris la forme d’un stress quasi permanent, une pression qui l’enserrait au niveau de la poitrine, d'un sommeil moins présent et des difficultés supplémentaires pour préparer ses ASPICs. Pourtant rien ne semblait pouvoir l’affecter, aucune menace ne pouvait la faire plier, elle conservait obstinément cette apparente fierté, pour ne pas dire arrogance propre à sa maison. Jour après jour, elle retournait la grandeur de Serpentard contre ceux qui n’avaient pas compris que les menaces du moyen âge étaient révolu, et que si à une époque le grand Salazar avait cru prudent de fermer l’école aux enfants de moldus qui traquaient sans relâche les sorciers, mille ans avaient rendu l’applications de certains préceptes parfaitement obsolètes.
C’était d’ailleurs le sujet d’une conversation animée, bien qu’à voix basse (bibliothèque obligeait) que Maeja tenait avec un élève de Serdaigle quand Goyle était venu la “convoquer”. Si tant qu’une baguette pointée sur la tempe accompagnée de menaces puisse faire office de convocation. Fidèle à son image, Maeja avait simplement lâché un long soupire en levant les yeux au ciel comme une ministre importunée par un manant, avant de fermer dignement son livre de rune et se lever en toisant Goyle droit dans les yeux de son air le plus hautain. Son
“alors quoi, on y va ?” ne lui avait pas du tout plu et il s’était senti obligé de réaffirmer sa domination en contraignant Maeja à avancer. Il avait été très difficile de rester dans le personnage quand elle identifia leur destination : la salle de classe de Défense contre les Forces du Mal.
Le sourire du “professeur” avait de quoi faire froid dans le dos et Maeja avait désormais la certitude qu’elle laisserait encore quelques plumes dans cette pièce. Elle n’était pas la première d’ailleurs, en balayant la pièce du regard comme si elle se trouvait en territoire conquis, elle nota la présence de Logan, un Gryffondor qui avait été bien souvent la cible de ses cognards amicaux au Quidditch. A en juger par sa pâleur, son souffle erratique et son visage luisant de sueur, il semblait clair que le Gryffondor avait déjà bien servi d’échauffement au mangemort…
”Bonjour Professeur. Je me disais aussi, ça faisait longtemps qu’on n'avait pas pris le thé ensemble.” Répliqua la jeune sorcière, se forçant à un sourire des plus aimable.
”Salut Bishop !”Le dernier “thé” lui avait laissé un souvenir particulièrement cuisant et une cicatrice le long du bras suite à un sort lancé sur le coup de la colère. Tout en saluant Logan, elle avait fait un signe joyeux de la main, se libérant au passage de la poigne de ce gros crétin de Goyle qui n’avait jamais su intégrer que la frêle blondinette avait une force physique au moins égale à la sienne. Elle savait que fuir n’aurait rien arrangé, c’était pourquoi elle s’était laissé conduire.
Sa petite bravade fut brève et en moins de temps qu’il ne fallait pour dire “chocogrenouille”, elle était à son tour ficelée sur une chaise non loin de Logan.
”Yay, merci !” Glissa Maeja à l’annonce des points, profitant de toute occasion pour faire bisquer le mangemort. Il n’apprécia pas la blague et tourna sa baguette vers Maeja, qui eut un mouvement instinctif de recul. Ce geste était généralement suivi d’une douleur que personne ne voudrait subir s’il avait le choix. Mais le sort ne vint pas, pas encore, et malgré la terreur qui semblait déjà faire pulser ses veines, Maeja avait braqué son regard d’acier dans celui de Carrow.
”A vous de me le dire. Mon cher confrère m’a convié ici sans me donner de motif plus précis que “ta gueule et suis moi”, je vous passe l'éloquence et les noms d’oiseau. Il me semble pourtant que je n’ai pas dessiné de phallus sur votre cape ni mis le feu à votre bureau, enfin, pas récemment, aussi j’avoue ne pas bien comprendre la raison de ma présence ici.” Exposa-t-elle dans le plus grand calme. Avoir du public l’aidait à se montrer créative, elle était toujours plus efficace quand elle avait une galerie à amuser. Quel dommage que leurs nouveaux professeurs ne soient pas fan de son humour.
“Professeur, Miss Branwen a été surprise à conspirer avec un membre soupçonné de l’AD.” Maeja siffla un juron, là, ça sentait très mauvais… Pour sa sécurité, elle évitait d’interagir ouvertement avec les membres quasi certains de l’organisation, mais parfois ces mous du bulbe de toutous des mangemorts “identifiaient” des élèves de manière purement aléatoire. C’était surtout une bonne excuse pour brutaliser lesdits élèves, en réalité. D’ailleurs, au visage du Carrow, Goyle venait de lui offrir son cadeau de Noël avec cette inculpation.
”Je faisais mes devoirs, il me semble que c’est encore autorisé.” Rétorqua Maeja d’un ton glacial.
”Même si vous semblez l’avoir oublié, c’est une école ici, et dans une école on fait des devoirs, et même que parfois on en discute avec d’autres élèves. Je sais que c’est un concept un peu difficile à appréhender pour un professeur qui n’enseigne pas et un élève au QI de bulot mais essayez de faire un effort sinon ça va vraiment être long cette histoire.” Elle tourna la tête vers Logan.
"Tiens d’ailleurs t’es là pour quoi toi ? T’as eu l’audace de vouloir prendre un petit déjeuner, ou lancer un sort de laçage de chaussures ?”