Aristide ne lui avait pas fixé d'heure précise pour leur rendez-vous, il avait juste indiqué qu'il travaillait l'après-midi. Elle ne doutait pas que les aventures d'Elia, fille de vampire et sorcière suédoise étaient passionnantes mais, si elle ne sortait pas maintenant de son canapé, elle n'en sortirait pas du week-end, comme c'était bien trop souvent le cas ces dernières semaines. Sa vie sociale était à ce point vide qu'elle n'avait plus souvenir de la dernière soirée dans un bar avec des amis. Elle était rarement allée dans des bars par ailleurs, et était bien trop timide pour savoir comment aborder les gens. Son seul cercle social se résumait aujourd'hui à ses collègues de travail et la guerre n'avait rien arrangé. Elle qui appréciait auparavant les longues balades dans Londres était bien trop apeurée maintenant pour les réitérer.
Elle posa son livre sur la table basse et sauta dans la douche. Elle enfila rapidement une chemise blanche et un jean sur lesquels elle jeta un long manteau noir. Ses cheveux démêles retombaient sur ses épaules et elle sortit en enfilant une écharpe bleue. Elle marcha pendant quelques minutes dans les rues de Londres étonnamment silencieuses. Elle s'était attendue à devoir traverser la ville dans un brouhaha rebutant et les cris, et les vendeurs qui hurlent, mais non, tout était à son goût ce jour, sans savoir si c'était habituel, ou simplement l'excitation de retrouver son jeune cousin qui la rendait imperméable au reste du monde.
Elle finit le reste du trajet à pied et se retrouva devant le Chaudron. Elle posa la main sur la poignée et hésita un instant. Son cœur battait à grand coups dans sa poitrine et elle se trouva ridicule. Cette rencontre ne pouvait pas mal se passer et si c'était le cas, elle ne perdrait rien, elle avait déjà renoncé à ce côté de sa famille.. Elle ouvrit la porte et se retrouva plongée dans l'effervescence du bar. Des familles se trouvaient là, buvant une boisson chaude avant de partir à l'assaut du Chemin de Traverse, d'autres sorciers étaient éparpillés sur les tables, revenant d'une après-midi d'emplettes.
Elle s'installa à une table, en retrait mais face au bar et attendit. Elle ne voulait pas forcer les choses en allant demander après lui, et préférait être dans une position plus confortable et rassurante là où elle était. Elle se demandait s'ils allaient trouver quoi se dire. Si le temps n'avait pas trop avancé pour rattraper ces heures perdues qu'ils auraient du partager dans le manoir familial si tout s'était déroulé comme prévu. Elle se demandait s'ils n'étaient pas trop différents pour pouvoir se retrouver, ce que ses parents à lui avaient pu dire sur elle, et les siens.. Trop de questions, trop d'incertitudes, et il n'était plus temps pour tous ces sentiments. Elle se mit à chercher des yeux une touffe de cheveux bouclés.