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Ministère
Trevelyan Valentine
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Ministère
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Localisation : A la chasse aux Mangemorts, quelque part en Grande-Bretagne

Emploi/loisirs : Auror


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MessageSujet: The price to pay [Sienna]   The price to pay [Sienna] I_icon_minitimeMer 15 Mai - 20:39

Il connaissait la danse. Sans qu'il ait même à leur ordonner quoi que ce soit, son corps et sa baguette contrecarraient d'un même élan le peu qu'ils ne pouvaient pas esquiver, et les rangers de Trevelyan se composaient un chemin de sang-froid que personne autour n'empruntait. La confusion avait atteint un paroxysme délirant qui refourguait au Ministère des airs d'asile en pleine émeute, et aux cris des hallucinés se mêlaient les hurlements de ceux qu'ils blessaient sous l'emprise folle des illusions. Jamais encore, pas même lorsque la guerre rageait en plein coeur de Londres, l'Auror n'avait connu une telle débâcle ; si dangereux soient tous les Mangemorts, si dégénérés soient-ils, chacun de leurs gestes obéissait à une logique qui pour être mortelle n'en était pas moins cohérente. Mais la démence qui s'était emparée de tous les convives assujettissait les Aurors à l'imprévisible, à l'improbable, à une vigilance constante qui lui refourguait des pulsions pures d'adrénaline. Là où les sbires de Voldemort n'auraient rien vu en eux que l'incarnation de l'autorité à abattre, l'altération du punch faussait la donne et personne parmi ses collègues ne savait de quoi il avait l'air aux yeux des victimes de l'intoxication.

Peu importait, tant que Sienna était sauve. La savoir loin d'un tel bordel et de tous les dangers qui en surgissaient à la seconde lui avait fait retrouver, à l'instant de son départ, toute la maîtrise de sa peur et de son tempérament. Il pouvait gérer le chaos qui s'étendait semblait-il sans fin sous ses yeux, tant qu'elle n'en risquait rien. Il pourrait gérer le reste, peu importe ce qui se pointerait. C'était ce qui lui tournait en boucle au creux de la tête tandis qu'il stupéfixait là un convive trop agressif pour ne plus être contenu de force, mettait ici à l'abri une femme qu'une overdose de panique avait terrassée sans plus lui permettre de se réfugier dans un recoin du Hall dévasté. Putain de bal, gronda-t-il en serrant les dents, balayant la salle du regard pour essayer d'y repérer les priorités - avant d'en trouver une, au moment pile où la bataille rageant dans les entrailles du Ministère entre élite des Aurors et évadés n'explose en une nouvelle déflagration, qui détonna en morcelant sous leurs pieds toute une partie du sol. Le sol même où se trouvait son apprentie.

- TARA !

Le carrelage se fendit sous ses yeux écarquillés en un crissement affreux, à deux doigts de sauter, lorsqu'il en dégagea sa disciple d'un revers prompt de baguette ; il n'eut que le temps de l'apercevoir tenter de reprendre pied à l'autre bout du hall avant que l'explosion ne brouille à nouveau de fumée suffocante tous ses repères, et l'empêche de dévier la course d'une pierre fracturée jaillie des sous-sols en pleine éruption. Le roc lui frappa violemment la tempe tandis qu'il tentait de se protéger d'un bras, et soudain perclus de vertiges, points noirs dansant devant les yeux - s'effondra, sonné.

---

Pas plus longtemps qu'un battement de cœur, assez pour ne pas capter que la pierre avait été sciemment redirigée vers lui en la catapultant depuis le bois rageur d'une baguette ennemie. Ses doigts s'en retrouvèrent maculés de sang lorsqu'il tâta précautionneusement sa tempe. Ce seul contact lui fit un tel mal de chien qu'il grimaça, jurant tout ce qui lui venait d'une bouche où ne régnait que le goût fade et gerbant de la poussière. Merde, merde, merde. Relève-toi.

Sa baguette ? Sa baguette. La main de l'Auror se referma en tâtonnements sur un vide alarmant, jointures blanches de se retrouver privées de leur seule défense, le laissant comme le dernier des cons. Trevelyan se redressa tant bien que mal contre la pierre à vif du pilier démantelé qui lui tenait lieu d'appui, toussant dans le creux de son coude le peu de plâtre en poudre qui ne lui dégueulassait pas déjà les poumons. La tête sur le point d'exploser, il scanna avidement du regard les alentours pour y retrouver son unique arme contre la catastrophe et tenter de discerner quelque part, n'importe où pourvu qu'il la voie, la silhouette esseulée de Tara. Contre les murs branlants du Ministère, d'anciennes guirlandes de houx incandescentes pendaient lamentablement aux murs tout en se consumant, braquant sur le parquet jonché de débris le reflet des flammes qu'elles avaient refilées aux boules de gui désormais calcinées.

Ma tête, putain, ma tête.. Les points noirs dansaient devant ses yeux et se mêlaient à la buée de  sang dont sa blessure lui maculait les yeux ; l'épongeant d'un revers de manche, l'Auror  inspira un souffle profond qui se figea dans sa gorge lorsqu'il sentit s'y enfoncer à bout portant l'extrémité d'une baguette inflexible. Sifflant de frustration entre ses dents d'être encore entravé dans sa progression et sans savoir encore à quelle saloperie d'hallucination imputer la menace greffée à son cou, il s'immobilisa sans incliner le menton ni même courber l'échine - adoptant une posture dénuée d'hostilité pour ne pas s'en prendre une sans raison, mais conservant par son sang-froid et la carrure solide de ses épaules l'assurance intraitable qu'il exsudait toujours face au danger. Il évaluait déjà froidement ses chances de maîtriser un forcené en proie à de foutues visions sans l'aide de sa baguette, mais n'y voyait rien de plus qu'un contretemps ; la voix qui retentit en sourdine dans son dos tandis que le bois se fichait plus profondément dans sa peau balaya toutes ses illusions. C'était de ces voix anonymes filtrées par l'argent traître d'un masque métallique, de celles dont les plus sinistres dégénérés ruinaient les vies à coup d'Impardonnables.

- Nous vous avions prévenu de cesser les recherches sur les Rafleurs.

Trevelyan se raidit. Sa mâchoire se carra en une crispation de mauvais augure tandis que ses phalanges brûlaient vainement de s'emparer de sa baguette qu'il venait de repérer au sol, à un pas de là. Lequel des connards affiliés aux Mangemort pouvait être celui qui le tenait en joue ? Leurs tentatives d'intimidation n'avaient rien de neuf mais n'avaient jamais été aussi directes - preuve supplémentaire s'il en fallait une qu'il était à deux doigts de toucher au coeur le plus crasse de l'affaire et de débusquer des noms. Et il les ferait tomber tous autant qu'ils étaient qu'importe le temps que ça prendrait, jusqu'à les traîner lui-même à Azkaban s'il fallait, les Rafleurs, leurs proches, leurs putains de sbires envoyés pour tenter de les Rafler, Sienna et lui.

- Et je vous ai répondu d'aller vous faire foutre, ça a pas changé. Vous pouvez toujours crever.

- Crever. L'écho d'un rire sinistre se répercuta dans le masque d'argent jusqu'à son oreille. Nous pourrions, bien sûr. Je pourrais. Moi, ou... votre jeune disciple, là-bas, que mon associé surveille depuis le début de ces festivités. Personne n'en remarquerait rien dans un tel chaos, à part vous - mais vous n'êtes pas en position de l'aider, n'est-ce pas ? Ni elle, ni celle que vous avez si ardemment protégée tout à l'heure. L'intonation courtoise se fit insupportablement doucereuse. Sienna Roscoe, je crois ?

- Salaud, cracha-t-il en violent grondement de rage qui lui brouilla la vue de haine, oubliant le déséquilibre de leurs forces et toute prudence en agrippant brutalement le bras de l'ennemi dans son dos, pour le tordre en un craquement jouissif tandis qu'il reprenait le dessus, l'étranglant à moitié de l'autre main en essayant vainement de faire sauter son masque de Mangemort, sécurisé d'un maléfice. Tant pis, à défaut de son visage ce serait ses cheveux, dont il arracha une poignée tout en tirant sans pitié la tête de l'ennemi en arrière pour mieux lui faire entendre ce qu'il avait à dire. Déconnexion totale de toute raison pour ne plus marcher qu'à l'instinct, braver la  mort pour protéger pour seul amour - jusqu'à en ignorer la sensation qui lui rampait dans le torse depuis qu'il avait été mis en joue, le sortilège informulé à deux doigts de se dégoupiller. L'autre avait balancé sa baguette pour ne pas qu'il s'en empare -  mais pas besoin de baguette pour te faire bouffer tes dents, connard. Montrant les crocs en ne rêvant que de les refermer, l'Auror donnait l'air de pouvoir le déchiqueter en pièces tandis qu'il articulait ses menaces à mâchoire serrée. Ecoute-moi bien fils de pute, et transmets à toutes les crevures de ton engeance que tu croiseras à Azkaban. Touche un seul de ses cheveux, et tu rêveras de tomber sur le putain de baiser d'un Détraqueur plutôt que sur moi. Prononce encore son nom, pense seulement à elle rien qu'une fois et même les raclures de ton clan te remettront plus tellement je t'aurais ravagé la gueule. Tu saisis l'idée ? Ses doigts gainés dans la mitaine de cuir appuyèrent une pression brutale contre la gorge ennemie, prêts à broyer le renflement de  la pomme d'Adam pour asphyxier ce qui restait de sa trachée tant le rugissement d'une rage aveugle enflait dans la sienne.JE SUIS ASSEZ CLAIR, LA ?  Maintenant, tu...

Mais le reste se noya dans une saccade de toux sanglante qu'il crachota à lèvres surprises, plaquant sa main contre le poumon perforé qui bousillait son souffle. Une blessure guérie depuis tant d'années qu'il avait oublié l'avoir jamais subie avant d'en sentir à nouveau la douleur suffocante. Son poing se resserra sur les mèches de cheveux qu'il y tenait toujours scellées, jurant dans sa barbe tandis que se rouvrait la coupure profonde dont Yaxley lui avait ravagé la pommette quelques jours auparavant. Sa joue éclata comme un fruit trop mûr comme si elle n'avait jamais guéri - disloquée aussi à nouveau, la rotule qu'il sentit s'émietter dans l'enclave de son genou jusqu'à le faire ployer à terre, lâchant le Mangemort qu'il entendit vaguement haleter d'un rire narquois, fusant en gargouillement de la gorge qu'il massait pour atténuer la façon dont Trevelyan l'avait écrasée. L'homme se pencha pour récupérer sa baguette et incanta à nouveau sa malédiction, à voix haute cette fois-ci, avant de disparaître. Un rai de lumière ténébreuse coula ses tentacules dans le clair-obscur apocalyptique avant de pénétrer la peau de l'Auror, détricotant la cicatrice qui labourait sa main sous sa mitaine de cuir, et il sentit chaque once de peau s'éplucher pour mieux lacérer chaque once de chair. Le sang dégouttait de l'ancienne blessure salement rouverte sous sa mitaine, et chacun de ses doigts convulsait de douleur lorsqu'il les tordit à l'extrême jusqu'à effleurer sa baguette de la pulpe envermeillée de son pouce.

D'autres doigts s'en saisirent pourtant, ceux de Lazarus Vance lorsqu'il le vit surgir des décombres fumants du Ministère, son collègue de toujours ne sachant plus où donner de la tête à mesure que se rouvraient sous ses yeux toutes les blessures dont Trevelyan avait jamais écopées. Sa voix familière résonna et lui sonna aux oreilles, TREVELYAN, OH ! TREVELYAN ! TU M'ENTENDS ? OH ! RESTE AVEC MOI, Reste avec moi, on va.... Une main le secouait brutalement en lui ordonnant de rester conscient, cherchant en vain le badge d'Auror qui l'expédierait droit vers Sainte-Mangouste et qu'il avait sacrifié à Sienna, mais chaque seconde transformait la voix en écho toujours plus lointain. Sa main se tendit vers sa baguette, et la souffrance explosa dans les doigts qu'il avait toujours gardés marqués de la magie noire qu'un Mangemort y avait ancrée, terrible, insupportable.

Il y sombra.

---

Une lumière crue lui décapa les yeux lorsqu'il les rouvrit. Stérile et froide, elle empira la terrible nausée qui lui retourna le ventre sous l'effet du transplanage forcé qu'il avait subi inconscient. L'endroit sentait si fort le médoc et la blouse d'hosto qu'il détourna brusquement la tête en reprenant conscience, réveillant dans un grondement de douleur les battements lancinants qui lui perçaient la tempe. A moitié effondré contre quelque chose de mouvant et de bruyant, il comprit petit à petit que c'était la voix de Vance qui lui butait le tympan en rameutant tous les médicomages du coin. Il avait échoué trop de fois ici à son goût pour en oublier le nom et l'odeur, et c'est en s'injuriant de tous les noms qu'il comprit enfin être largué à Sainte-Mangouste. Pourtant un murmure, loin dans son esprit, gagnait en force à chaque seconde et se mit à lui hurler qu'il avait oublié quelque chose - quelqu'un. Désorienté par l'intolérable souffrance qui irradiait de sa main dont toutes les veines viraient au noir, prise de tremblements incontrôlables, par le balbutiement de ses lèvres qui bullaient de sang, Trevelyan finit pourtant par mettre le doigt dessus en articulant péniblement d'une voix hachée.

- Tara.

Son apprentie, flanquée de ses dix-neuf ans à peine, encore dans l'enfer d'un chaos qu'elle n'était pas en mesure d'affronter. Juste à peine une gamine et rien qu'une môme, l'âge qu'il avait quand il s'était mis en danger et qu'il avait failli y rester si ce n'était l'intervention de son mentor. Non. NON !

- LÄCHE-MOI ! rugit-il soudain en repoussant brusquement Vance, s'agrippant d'un poing hargneux à la cape de son collègue en  plantant son regard au fond du sien, dévasté par une culpabilité qui se mit à lui ronger le moindre nerf. Tara est encore là-bas, la petite est encore là-bas ! Elle est sous ma responsabilité, ramène-moi tout de suite bordel, ramène-moi ! RAMENE-MOI ! se mit-il à tonner en constatant que sa rage restait vaine, que  personne ne se bougeait, raffermissant encore la poigne dont Vance tentait de neutraliser la force désespérée.

Tanguant comme s'il avait trop bu, délaissant toute raison lui interdisant de transplaner dans son état, oubliant que le transplanage avait de toutes façons été rendu impossible au Ministère quelques minutes auparavant sur ses propres ordres, il concentra tout ce qui lui restait d'énergie dans son désir d'extirper la jeune fille du danger monstre dont elle était restée prisonnière lorsque l'horreur du sort le rattrapa pour de bon -  rouvrant dans son dos la cicatrice signée Lestrange qui le sillonnait depuis des années. L'ancienne blessure le disséqua de douleur à vif et, titubant, ravalant vainement le gémissement sourd qui brisa le silence mortifié du hall d'attente, Trevelyan sentit toute sensation lui déserter les jambes. Il tomba à genoux sur le carrelage et la main de Vance, en le rattrapant, se couvrit du sang qui s'étalait sur le manteau qu'avait offert un jour, un jour heureux, la médicomage qui venait d'assister à toute la scène.


Dernière édition par Trevelyan Valentine le Lun 3 Jan - 21:59, édité 26 fois
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MessageSujet: Re: The price to pay [Sienna]   The price to pay [Sienna] I_icon_minitimeJeu 11 Juil - 17:27

Sienna fulminait. Cela faisait une demi-heure qu’elle avait atterri à Sainte Mangouste dans le sas des urgences, forcée à utiliser un portoloin par Trevelyan. Le choc de la téléportation l’avait forcée à s’asseoir un instant, tant son estomac menaçait de se déverser tout autour d’elle et elle avait fermé les yeux. Les lumières étaient tamisées, signe qu’il n’y avait pas encore d’activité au sein des urgences. Ainsi donc, personne n’était au courant de l’attaque du Ministère.

Rapidement, Sienna fit un état des lieux. Les blessés n’étaient pas encore là, mais ils arriveraient, rapidement, abondamment. Ses collègues médicomages mettraient plusieurs dizaines de minutes, si ce n’était plusieurs heures avant d’être informés et de pouvoir faire le déplacement. Le choix était limpide. Soit elle retournait au Ministère, utilisant l’entrée des toilettes publiques qui n’avait peut-être pas encore été fermée, laissant par là-même ses collègues se débrouiller sans elle ; soit elle restait, se préparant à recevoir et à trier le flot de blessés qui n’allait pas tarder à débouler aux urgences, qui pour une amputation, qui pour un traumatisme crânien.
Rageant, fulminant, s’injuriant intérieurement, elle se dirigea vers le bureau des entrées. L’aide médicomage de l’accueil la regarda apparaître devant elle en faisant de grands yeux.

- Que se passe-t-il Sienna ?
- Une attaque au Ministère, je m’occupe de prévenir les collègues, et toi Eileen, prépare les lits, s’il te plaît !
- Bien sûr, je m’en occupe.

Sienna adorait Eileen. Elle avait l’âge d’être sa mère, l’avait toujours portée sous son aile mais elle ne contestait jamais ses demandes médicales. Elle l’aiguillait parfois, forte de près de 40 ans d’expérience dans ce service, mais elle était plus compétente que quiconque. Petite femme de fort caractère, elle se mouvait dans le service telle une ombre, apparaissant auprès des patients discrètement, leur apportant ce dont ils avaient besoin avant même qu’ils ne le sachent. Eileen descendit de sa chaise et courut jusqu’aux lits rangés en bataille dans le grand hall des urgences pendant que Sienna se dirigeait vers le tableau des astreintes. Un sortilège spécial reliait ce tableau au domicile de chaque soignant qui s’y était inscrit et en cas d’urgences nécessitant un nombre de personnel important, il pouvait être utilisé. Sienna se posta devant, en toucha le bouton représentant une cloche et dit à voix haute :

- Le Ministère vient d’être attaqué, les victimes vont arriver par dizaine. Ste Mangouste a besoin de vous.

Une vague de frisson la recouvrit, rapidement suivie par une chair de poule qui alla de la base du crâne au bas de ses mollets. La dernière fois qu’elle avait utilisé cet outil, un pont venait de s’effondrer à Londres et les victimes avait afflué pendant des heures. Des heures sombres où elle avait dû suturer, faire repousser, et parfois déclarer le décès.
Des lumières s’allumèrent sur le tableau d’astreinte, signe que ses collègues avaient entendu son message et qu’ils se préparaient, mais elle avait déjà quitté le bureau d’accueil. Eileen reprit sa place et, quelques minutes plus tard, Sienna revint, les cheveux attachés haut sur le crâne, des lunettes de travail en place et une blouse bleue de travail. Les patients affluaient déjà.

Des « pop » caractéristiques de transplanage retentissaient dans le hall et même dans la rue devant Ste Mangouste. Les vigiles de l’établissement étaient déjà présents, installant les victimes dans des sièges pour ceux qui étaient en état, aidant les ambulanciers à soutenir celles qui devaient s'allonger sur un brancard. Elle regarda ses collègues et une demie seconde d’éternité se figea entre eux. Une respiration. Un écran de silence. Un répit avant le combat.

Et tout s’enchaîna. Chaque médicomage avait avec lui deux aide-médicomages à qui il signifiait ses prescriptions. « Une suture magique ici. », « Un litre de poussos dilué dans de l’eau, à boire sur 24 heures, merci de calculer le débit et les horaires de prises », « celui-ci est inconscient, on lui pose une perfusion de potion de régénération sanguine, il ne pourra pas la boire. 250ML sur 4h, avec une surveillance tous les quarts d’heure », « celui-ci est en train de partir, vous me l’envoyez en soins intensifs dès qu’il est stable », « je veux un bilan sanguin pour celui-là, je ne sais pas ce qu’il a pris
comme sortilège mais ses symptômes sont ceux d’un empoisonnement. Appelez un médicomage du service des poisons dès que vous aurez les résultats. »

Pendant une demie-heure, Sienna eut l’impression de courir partout. 4 médicomages étaient revenus et, même s’ils étaient légion, les aide-médicomages ne pouvaient qu’exécuter, et ne décidaient pas. Alors elle vit déjà quinze premiers patients en trente minutes et se demanda si elle faisait correctement son métier.
Elle finit par s’accorder un instant de repos et courut au bureau d’accueil se servir un verre d’eau à la fontaine. Quand cela allait-il cesser ? Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas de suite le transplanage qui s’était effectué dans son dos. Elle se retourna en entendant des cris et certains de ses collègues arriver en courant. Un homme se tenait dans le hall et retenait comme il pouvait un autre homme qui, tenant sa main serrée contre lui, semblait délirer et tenir à peine sur ses jambes. Trevelyan. Plus que le visage, elle reconnut le manteau de cuir et se dirigea vers eux, vers le cercle de soignants qui s’était déjà formé autour d’eux.

- Tara.

Elle stoppa son avancée en entendant cela. Qu’est-ce qu’elle avait cru, bordel ? Qu’à l’orée de la mort, que dans ses derniers moments de conscience, il prononcerait encore son nom ?

- LÂCHE-MOI ! Tara est encore là-bas, la petite est encore là-bas ! Elle est sous ma responsabilité, ramène-moi tout de suite bordel, ramène-moi ! RAMENE-MOI !

Ses yeux se fermèrent alors que Sienna avançait encore d’un pas vers lui. Quelque chose d’affreux allait arriver, elle le savait, elle le sentait. Alors qu’il s’affaissait encore un peu, un gémissement terrible de douleur et de peur jaillit des lèvres de Trevelyan, ravagea le coeur de Sienna et l’auror s’effondra, finalement vaincu.
Un moment de panique silencieuse la saisit et la figea sur place aussi solidement que des chaînes.
Une seconde de silence.
Deux secondes de silence.
Puis trois.
Sienna fixa un masque stoïque sur son visage et fit un pas en avant.

- Je me charge de lui. Eileen, Maxime, mettez le sur un brancard, on le pose en box 8. Je vous y attends.

Eileen lui lança un regard étrangement surpris, « est-ce que tu es sûre de toi, ma belle ? » y lut Sienna. Elle était sûre et hocha la tête, la machoire douloureusement serrée. Elle ne pourrait jamais permettre à qui que se soit de s’occuper de lui. Et elle le sauverait. Il le fallait bien. Sinon, comment savoir qui était cette Tara ? Elle se dirigea en box 8, chassa de sa tête ces pensées mesquines et ouvrit le placard de potions. Régénération sanguine, cicatrisation avancée, et accélération du système immunitaire. Antibiotiques et antalgiques. Elle allait lui administrer un sacré cocktail.

Eileen et Maxime entrèrent dans le box, poussant Trevelyan inconscient sur un brancard et ils surent, à la mine de Sienna qu’un lourd combat allait se mener. Elle leva sa baguette et lança un sortilège d’analyse médicale. Plaie, plaie, plaie, début d’infection, carence en vitamine ne favorisant pas la cicatrisation, anémie, hypovolémie, fièvre, trois tendons de la main abîmés, une vertèbre cervicale brisée, à la limite de sectionner la moelle... Elle trancha d’un sort les habits de son ancien amour pour qu’ils puissent travailler tranquillement, abimant le manteau qu’elle lui avait offert, dans une autre vie, le laissant sur le brancard quasiment nu, si vulnérable. Elle s’arrêta un moment sur ses traits, enfin paisibles, ses lèvres si douces et ses cheveux en bataille, couverts de sang...

- Sienna ?
- Pardon. Eileen, pose une voie, Maxime, nettoie moi ses plaies, il y en a sur la main et dans le dos. Les plaies mineures attendront. De l’huile de doxy si tu dois couper les berges peu saines, sinon, tu fais tout à l’alcool, il ne sentira rien. Je commence à préparer la potion et je m'occuperai de réparer sa vertèbre dès lors, même si vous n'avez pas terminé de tout suturer, c'est notre deuxième priorité.

Ses aides lancèrent le combat alors qu’elle préparait de son côté un mélange de toutes les potions qu’elle devait incorporer. Il ne fallait pas se tromper, certaines potions étaient non miscibles et risquaient d’injecter des caillots dans les artères de Trevelyan, ce qui le tuerait instantanément. Elle choisit de tout répartir en trois pochons, qu’ils passeraient alternativement. D’abord la régénération sanguine, puis les antibiotiques et antalgiques et ensuite, des
vitamines et de quoi regonfler son hypovolémie.

Lorsque Maxime et Eileen eurent terminé, ils tournèrent Trevelyan sur le côté pour que Sienna puisse réparer la vertèbre comprimant la moelle. L'entreprise n'était pas simple, et un faux mouvement de la baguette pourrait le rendre paraplégique sans moyen de revenir en arrière. Elle ferma les yeux un moment, toucha du bout des doigts la nuque de Trevelyan et inspira longuement. Bloquant sa respiration, elle essaya de s'imaginer la vertèbre, l'os brisé, la section de la moelle à venir. Elle remua sa baguette pendant une quinzaine de minutes et fut récompensée par un craquement sonore qui lui fit remonter la bile aux lèvres. Elle n'était pas habituellement aussi sensible mais elle ne connaissait pas non plus sa victime aussi bien, en général...

Le combat dura une heure. Une heure durant laquelle ils surveillèrent le passage des potions ainsi que les réactions de Trevelyan, pour éviter une allergie. Une heure où ils nettoyèrent et suturèrent chaque plaie qui s’était rouverte suite à un sortilège dont elle ne connaissait pas la nature. Une heure où, les mains plongées dans le sang et la chair de son ancien amant, elle priait un sorcier qu’elle ne connaissait pas de le sauver. Une heure de travail parfait, stressant, angoissant, où chaque erreur pourrait coûter sa vie.

Mais, ils finirent de suturer les vaisseaux, et les plaies. Le sang se régénéra et les constantes de Trevelyan remontèrent pour n’être plus catastrophiques mais seulement basses - et stables. Un sortilège le maintenait cependant dans un sommeil artificiel pour faciliter la réparation des tendons et pour lui éviter une trop vive douleur. Moulus, mais satisfaits, Eileen et Maxime quittèrent le box vers quatre heures du matin pour aller aider leurs collègues à s’occuper des derniers blessés présents aux urgences. Une heure auparavant, le ballet des estropiés s’était arrêté et les soignants étant de garde le lendemain matin étaient rentrés chez eux afin de profiter de quelques dernières heures de sommeil avant la reprise.

Sienna s’était changée et elle était retournée auprès de Trevelyan. Ses constantes remontaient doucement, et un dispositif présent dans son bras devait lui prélever un tube de sang chaque heure afin de contrôler son anémie, qui s’était déjà nettement améliorée depuis le passage des potions.
Le silence du box était ahurissant, bien loin du capharnaüm présent sous le crâne de Sienna. Il avait failli mourir, ok. Mais ce n’était pas la première fois. D’accord, mais jamais il n’avait été touché aussi sévèrement. Oui, c’est vrai, mais c’est un dur à cuir ! Oui, mais s’il déclenchait une infection qu’elle ne voyait pas ? Tu as mis en place un bilan sanguin régulier, on le verrait. Et on pourrait changer les antibiotiques. D’accord. Mais si le sortilège d’analyse avait manqué quelque chose ? Et bien relance le, on verra bien ! Mais si mon sortilège est raté et qu'il ne peut plus marcher...?

Sept heures sonnèrent à la grande horloge du bureau d’accueil des urgences et Sienna s’était endormie, la tête sur le lit de Trevelya, leurs doigts enlacés. Elle fut réveillée par un mouvement dans le lit, ouvrit les yeux et, lâchant la main chaude qu'elle avait tenu des heures, dit d'une voix rauque:

- Enfin réveillé...?
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MessageSujet: Re: The price to pay [Sienna]   The price to pay [Sienna] I_icon_minitimeLun 7 Déc - 15:51

La douleur s'était enlisée aux tréfonds de son inconscience, noyant dans une tiédeur épaisse ce qu'il n'aurait plus pu tolérer de souffrance.

Quoique percevant vaguement ici et là quelques échos confus qui n'avaient aucun sens dans l'engourdissement de sa torpeur trouble, Trevelyan peinait à s'en arracher ; c'était comme se débattre contre les eaux mouvantes d'un marécage aux relents d'antalgiques où il aurait pourtant fait bon sombrer, sans suture à subir ni goût du sang à ravaler. Rien n'aurait été plus facile que de céder à l'épuisement et nier tous les signaux annonçant le réveil heurté de son corps meurtri, facile comme le sont toutes les formes de lâcheté - et il n'avait jamais eu le goût de la fuite, ni supporté de se dérober. Du plus profond de sa faiblesse, il se démena pour émerger de la léthargie vaseuse où les potions l'avaient plongé jusqu'à frémir péniblement de paupières lourdes. Jamais elles ne lui avaient parues si pesantes que lorsqu'il s'efforça de les entrouvrir, tandis que tous ses sens se dépêtraient de leur flou anesthésiant pour regagner quelques bribes d'acuité - l'oreiller presque rêche contre sa joue, le labeur de son propre souffle, un pincement gênant vissé à son bras et l'âcre odeur d'herbes cicatrisantes flottant dans l'air. Des élancements enflant crescendo dans une main, et la chaleur réconfortante d'une paume mussée contre la sienne dans l'autre. Il lui sembla même déceler un peu du parfum qui fleurissait contre sa peau à elle avant de se rappeler en un sursaut de conscience, le même qui l'achevait chaque matin, que ça n'était rien. Rien de plus qu'un souvenir, qu'une illusion furtive narguant de douceur ses somnolences sans jamais survivre au réveil. Comme tout ce qu'il avait perdu d'elle, son parfum n'existait plus que dans le mirage de paupières closes, quelque part entre le rêve et la réalité, dans le délire d'un entre-deux où elle serait encore là pour peu qu'il ose ouvrir les yeux. Dans un instant, il arriverait à surmonter l'accablement qui le dénuait de toutes ses forces, parviendrait à ouvrir les yeux, et le sillage de sa fragrance se dissoudrait à l'acide du réel.

Pourtant, quand le gris exténué de son regard perça enfin et s'éblouit en vacillant, le parfum ne s'évanouit pas. Trevelyan traîna un regard hagard sur tout ce qui l'entourait, peinant à soutenir sans ciller l'éclat lumineux qui irradiait des parages. Ce n'était qu'une lueur tamisée émanant faiblement d'une lampe à l'autre bout de la pièce, mais elle lui décapa la vue quelques instants d'aveuglement avant qu'il ne s'y habitue, errant au hasard de la pièce l'observation désorientée de ce qui s'y trouvait pour y trouver un sens. Son corps avait beau s'extraire de son apathie, son esprit abruti par un trop long sommeil ne se ranimait qu'au prix d'une lenteur exaspérante et ne rattrapait que fastidieusement le fil de ce qui l'avait amené ici, un arrière-goût ferrugineux de sang dans la bouche, le bras rivé à un bordel de tubes et d'aiguille prélevant le peu d'hémoglobine qui ne s'était pas déjà répandu sur son manteau, lacéré à la hâte, dont les lambeaux piteux jonchaient une chaise dans le coin de la pièce.

Il devait s'être fait salement casser la gueule. A son abattement général se greffaient peu à peu des courbatures broyant ses muscles fourbus de lancinements, mais Trevelyan n'accordait aucune attention aux douleurs en sourdine qui se profilaient. Son regard était tombé sur la silhouette assoupie à son chevet et n'avait pu se résoudre à en dévier depuis qu'il l'en avait toute entière enveloppée, glissant sur l'or de ses cheveux et l'ovale délicat de son visage dans un silence parfait, soucieux d'épargner son souffle endormi en se gardant du moindre geste. Depuis combien de temps le veillait-elle, sacrifiant le confort de ses propres draps pour tomber d'insomnie contre l'immaculé des siens ? En une palpitation de cœur serré, il s'aperçut que la tiédeur dans sa main puisait sa source à la chaleur des doigts qu'elle y avait entremêlés - et ne put s'en empêcher, bon sang, ç'aurait été trop dur, d'en caresser la peau du bout du pouce. Regrets à s'en mordre les lèvres lorsqu'il la sentit tressaillir et délier l'entrelacs de leurs mains, pour ne laisser celle de l'Auror que béer sur le froid d'un vide soudain, tandis qu'elle affleurait de ce repos fragile qu'il venait de troubler. Bientôt elle s'éveillerait dans le désordre blond de mèches froissées, papillonnant du bleu fou de ses yeux, et sa voix en serait toute enrouée de sommeil.

- Enfin réveillé..?

Oui, pile cette voix-là... Celle des matins perdus, des chuchotements qu'ils ne partageaient plus.

- Sienna.. murmura-t-il au rauque d'une voix cassée, mal extirpée de sa gorge aride, si terriblement sèche qu'elle semblait écorchée à l'abrasif d'un papier de verre. Son regard  s'attarda sur la paume qu'elle avait délaissé, assombri de désillusion - qu'est-ce qu'il avait cru, au juste ? Il en avait trop vu durant la guerre céder au chaos de scènes paniques et à la peur qui s'instiguait dans le plus vaillant des coeurs, se convaincre de sentiments qu'ils ne pensaient même pas dans ce foutoir émotionnel qu'était un champ de bataille. Dans le silence aseptisé de l'hôpital et douée du recul que procurait la sécurité, elle n'aurait certainement pas eu envie de se jurer à ses côtés, lui qui avait trop foutu son existence en l'air pour espérer y retrouver une place.

Des fragments du bal lui revenaient par vagues, à présent, comme le ressac bordélique d'une marée qui menaçait de le submerger ; il se rappelait la déflagration foudroyante qui avait défiguré le Hall du Ministère en déclinaisons d'anarchie, le haut pilier qui les avait tous deux protégés de l'explosion, la façon dont elle avait envoyé balader ses talons hauts pour le suivre en plein coeur du carnage, têtue, merveilleuse, si belle et courageuse, à en retomber amoureux une fois de plus. Il avait perdu le compte du nombre de fois, depuis qu'il l'avait rencontrée. Et elle était à son chevet à présent, Merlin savait depuis combien de temps ni combien d'heures avaient pu s'écouler depuis qu'il l'avait renvoyée de force à l'hôpital. Mais Sainte-Mangouste avait-il été épargné par le déferlement de violence ? Et si d'autres attaques organisées de façon simultanée à celle du Ministère avait éclatées dans tout Londres ?

- Dis-moi que tu vas bien, chuchota-t-il d'intonations enrayées d'angoisse, éraillées par la soif qui écorchait sa gorge. Je t'en supplie, dis-moi  que tu n'as rien.

Ses prunelles épuisées s'aventurèrent sur les traits fins de Sienna, cherchant à y déceler le moindre signe d'une blessure quelconque, comme on contemple un trésor trop précieux pour supporter d'y deviner la plus infime fêlure. Elle avait la mine pâle des gardes interminables et de ces nuits trop longues dont il consolait la fatigue au creux de ses bras, avant, lorsqu'elle ne s'y lovait qu'aux petites heures d'une aube obscure, soupirant contre lui le soulagement éreinté de pouvoir s'abandonner au sommeil dans le réconfort de leur étreinte. Et là, contre son front, planait cette ombre inquiète qu'il parvenait toujours à effacer sous l'eau brûlante d'une douche partagée, à baisers doux sur la peau nue de son épaule trempée. Les  ombres dont son amour ne venaient pas à bout, il les éclairait de conneries plus grandes que lui qui achevaient de ressusciter son rire, son rire doré, et Londres entier s'illuminait.

Rien qui lui appartienne encore de faire pour dissiper le nuage d'inquiétude qui enténébrait l'azur limpide dont elle le couvait. Comme pour la rassurer et récupérer un semblant de dignité, Trevelyan essaya de redresser son dos dans l'oreiller où il se sentait plus vautré qu'autre chose, réprimant péniblement la convulsion de souffrance et l'énergie démentielle que lui demandèrent un mouvement aussi minable. Se raclant la gorge comme pour en dégager la frustration qu'il y sentait s'accumuler de se sentir si faible, il étendit la main pour réquisitionner le verre d'eau fraîche posé sur la table d'appoint. Les cicatrices qui la balafraient et que Sienna n'avaient jamais connues si vives saillaient contre sa peau comme des labours fraîchement creusés  ; et pour la première fois, devant elle qui demeurait la seule à avoir jamais vu désagrafée la protection de sa mitaine de cuir, il en conçut un sentiment de honte qui lui fit carrer durement la mâchoire. Ses doigts s'apprêtaient tant bien que mal à enserrer le verre d'eau lorsqu'un irrépressible tressaillement s'empara d'eux, incapables de le saisir autrement qu'au prix d'incontrôlables tremblements qui projetèrent une rasade d'eau à côté. Grondant de frustration dans sa barbe, il s'efforça de le reposer correctement pour abréger le désastre mais ne réussit qu'à le renverser pour de bon en un geste emporté d'une maladresse rageante, tandis que ce qu'il restait d'eau dégoulinait goutte à goutte de la table jusqu'au carrelage.

- Et merde !

Se détournant tout en s'efforçant d'expirer sa colère à fleur de nerf, Trevelyan enfouit sa main blessée dans les draps en écrasant ses tremblements de l'autre pour la dérober au regard de Sienna. C'était ça, tout ce qu'il était foutu de faire avec ? Le maximum de force et d'énergie qu'il pouvait lui demander ? Boire un verre d'eau, non, c'était déjà trop ? L'Auror scannait la chambre à la recherche de la mitaine qui lui épargnerait au moins de donner le répugnant spectacle de sa propre déchéance,   tandis que lui revenait le souvenir de la malédiction qu'il avait pris de plein fouet aux mains de la raclure anonyme qui avait manqué de le buter, et qu'il courait après le souvenir précis des mots qu'ils avaient échangé. Quelque chose de crucial lui échappait, il le savait, il le sentait, et s'efforçait d'en retrouver le fil lorsqu'il renversa la tête en arrière contre l'oreiller de l'hôpital, visiblement agité tandis qu'une insulte lancée au coupable de son état s'exfiltrait de ses dents serrées. S'il était une chose qu'il était plus déterminé à faire que le retrouver pour l'anéantir, c'était d'éviter résolument de croiser le regard de Sienna.
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MessageSujet: Re: The price to pay [Sienna]   The price to pay [Sienna] I_icon_minitimeMer 3 Nov - 0:35

Elle tenta de chasser de sa voix et de ses yeux les derniers restes du sommeil qui avaient eu l'outrecuidance de s'y agripper, terrassée qu'elle semblait être de cette nuit sans sommeil, de cette nuit de combat, de combats au pluriel. Les heures s'étaient égrenées et pas une n'était passée sans qu'on lui rapporte le nom d'un blessé ou qu'on vienne lui demander son avis pour une mutilation gravissime. Il viendrait un temps où les sorciers trouveraient des réponses sur l'attaque qu'avait subi le ministère, mais pour le moment, l'angoisse de voir Trevelyan inconscient ne cédait de la place que face à l'anxiété générée par cet attentat. Y avait-il encore en liberté quelques mangemorts désireux de se faire entendre, malgré la défaite de Voldemort? La paix était-elle impossible et les sorciers étaient donc condamnés à passer d'un ennemi à l'autre sans jamais pouvoir savourer d'accalmie?
Le mouvement dans le lit l'avait déjà tirée de ses réflexions assoupies mais c'est Sa voix qui l'en extirpa tout à fait.

- Sienna..

Il était là, et en possession de suffisamment de moyens pour la reconnaître, pour s'être rappelé son prénom et avoir réussi à le prononcer; les choses allaient bien mieux qu'elle n'aurait pu l'espérer. Elle se sentit submergée par une cinquantaine d'émotions, certains parfaitement ambivalentes et ne put lui répondre dans l'immédiat. Elle avait tour à tour envie de l'enlacer, de lui hurler dessus, de lui demander comment il avait pu oser la faire transplaner sans son avis, de pleurer contre lui sa peur de la nuit passée, de lui prendre la main sans rien dire, juste caresser ses doigts du bout des siens, et de ne plus la lâcher, elle souhaitait savoir qui était Tara, s'il l'avait remplacée, lui supplier d'oser lui dire s'il avait mal quelque part, sans fard ni honte et plus que tout, elle avait envie de se glisser auprès de lui, dans ce lit, pour sentir à nouveau qu'ils partageaient plus que ces derniers mois. Elle avait envie de le retrouver comme avant, même si cela devait signifier repartir en guerre. Elle ne parvint qu'à garder le silence un moment, son cerveau bouillonnant d'autant de besoins contraires et finit par lui adresser un chuchotement.

- Coucou...

Il n'y avait rien de plus à dire, pour le moment, rien à ajouter à ce silence qui s'éternisait entre eux. Elle aurait pu lui dire que la fameuse Tara s'était présenter à l'accueil des urgences, quelques heures auparavant, pour s'enquérir de son état de santé et le rassurer sur le sien, ajouter qu'aucune autre attaque n'avait été à déplorer dans Londres. Elle aurait certainement dû ajouter qu'il y avait eu de nombreux blessés mais que les secours avaient été incroyables de réactivité et de compétence, si bien qu'aucun mort n'avait été à déplorer dans les couloirs de l'hôpital. Le rassurer serait certainement passé par le fait de lui annoncer qu'aucun auror n'était dans les victimes, et que les corps sans vie restés sur place se comptaient encore, aux dernières nouvelles, sur les doigts d'une main. Elle aurait pu lui dire tout cela, mais il y avait en elle, en cet instant précis un besoin viscéral de leur laisser vivre cet instant tous les deux, de laisser quelques minutes se dérouler où rien d'autre ne comptait, si ce n'était eux. Elle en avait besoin, plus que tout.

- Dis-moi que tu vas bien

Et pour la première fois depuis des mois, des siècles semblait-il, il posa à nouveau sur elle ce regard soucieux, celui qu'il lui adressait lorsque, dans ses bras, il la croyait endormie et que, trop effrayé par les combats à venir, trop attristé par les noms effacés par les affrontements avec les mangemorts, le sommeil le quittait. Parfois, elle ouvrait les yeux pour le trouver parfaitement éveillé et elle ne pouvait qu'effacer de ses baisers ce pli préoccupé barrant son front.

- Je vais bien, ne t'en fais pas...

C'était comme s'ils assistaient à une veillée funèbre, elle ne parvenait pas à lui parler autrement qu'en chuchotant, craignant peut-être que ses mots le brisent, comme s'il avait été tout entier fait de verre un peu trop fragile. Le soleil perça un instant les nuages et accrocha Trevelyan autant que la pâleur maladive qui avait envahi son visage. Elle le regarda avec tendresse s'échiner avec son verre puis effaça de son visage cette douceur, persuadée qu'il l'aurait pris pour de la pitié. Elle se refusait à lui faire croire cela et l'observa renverser la quasi totalité de son gobelet au sol, le corps tremblant d'une rage qu'il ne parvenait pas à lui cacher. Il fuyait son regard, penaud, cherchant des yeux sa mitaine mais Sienna n'en avait pas terminé avec lui. Il avait eu besoin de soins, il en aurait encore besoin quelques temps et il lui faudrait rapidement l'accepter s'il ne voulait pas dépérir dans ce lit, terrassé par sa propre rage. Elle ramassa le gobelet et d'un mouvement de la baguette qu'elle avait posé jusque là sur la table de chevet, le remplit à nouveau d'eau. Elle attrapa une paille sur la même table de chevet et la fit basculer dans l'eau. Elle guida la paille jusqu'à la bouche de Trevelyan, consciente qu'il prendrait très certainement ce geste comme une humiliation extrême, profitant également de son silence pour ajouter.

- Tu vas m'écouter maintenant, parce que je n'ai pas passé une nuit à tenter de te sauver la vie, à réparer tout ce qui était déchiré ou brisé pour que tu gâches tout par ta mauvaise humeur. On fera le point plus tard sur ce qu'il t'arrive mais pour commencer..

Elle attrapa sans ménagement ses mains, consciente qu'elle affichait plus d'assurance qu'elle en ressentait réellement, et le regarda dans les yeux. Elle avait revêtu son masque de médicomage et il aurait été mal avisé de ne pas l'écouter.

- Serre aussi fort que possible.

Viendrait le temps où il devrait se battre pour récupérer toutes ses fonctions mais elle était confiante. Elle le connaissait, il était fait d'un métal que personne ne parviendrait jamais à tordre. Aurait-elle avoué qu'elle se saisissait de ce prétexte pour lui tenir encore un peu la main, encore quelques secondes? Probablement pas. L'expérience achevée, elle ne rajouta rien à ce propos. Son regard se fit violence, cependant, alors qu'elle lui chuchotait

- Tu n'aurais pas dû m'expédier ici, sans me demander mon avis..
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MessageSujet: Re: The price to pay [Sienna]   The price to pay [Sienna] I_icon_minitimeSam 20 Nov - 15:37

Sans donner plus de place à sa frustration sourde pour se déverser à cran en travers ses mâchoires serrées, elle censura la colère née de sa propre faiblesse avant même qu'il puisse détourner le visage ni protester. Seul un don't - contrit fit office de refus murmuré trop tard, tandis qu'elle lui forçait la paille en bouche et qu'il s'en accommodait tant bien que mal, honteuse clope de misère calée entre ses lèvres blêmes. N'importe qui d'autre en essayant se serait fait remballer aussi sec d'un revers de main, mais elle avait ce passe-droit avec lui auquel personne d'autre ne pouvait prétendre - et elle avait surtout gravé aux traits le même sérieux mortel dont elle l'avait assaisonné lorsqu'il était revenu de quelques semaines de mission planqué tout au nord de l'Ecosse, la gorge en vrac et crachant ses poumons, croyant avec la naïveté touchante d'un sinistre imbécile pouvoir vraiment refuser les potions de soin qu'elle lui tendait. On n'opposait généralement pas grande résistance, à ce regard là. Pas lui, en tous cas. Passant outre sa capitulation de mauvaise grâce et la honte lancinante qui le taraudait, Trevelyan céda à l'assaut de la soif écorchant sa trachée et consentit à la désaltérer, ravalant avec chaque gorgée un peu de sa foutue fierté. L'eau fraîche atténua vaguement l'impression crasse d'être réduit à l'état de petit vieux desséché au corps fourbu d'être estropié, mais la survie bancale de son ego tenait uniquement à ce que Sienna ne s'apitoie pas sur lui par trop de compassion. Sans pouvoir piper un seul mot digne d'interrompre la soufflante solennelle qu'il se prenait pour prix de son agitation mal contenue, il délaissa le verre désormais vide alors qu'elle faisait ses mains prisonnières et capturait son regard sans plus tolérer qu'il le fuie. Se rendant à l'azur inflexible de ses yeux en y rivant le gris ombrageux des siens, caressant d'iris épuisés ses traits délicats, l'Auror sentit pleinement l'envahir l'indicible soulagement que le désastre du bal ne l'aie pas atteinte et qu'elle ait pu en réchapper sans la moindre blessure. Tout, il pourrait tout supporter tant qu'elle était sauve, même si elle n'était plus avec lui. Même si elle ne devait plus jamais être à lui...

Les longs doigts de fée entrelacés aux siens avaient la douceur révolue des jours meilleurs, et il dut se faire violence pour oublier qu'il n'y avait qu'elle pour le faire sentir si merveilleusement fort et terriblement vulnérable d'un seul toucher. Oublier, aussi, qu'il n'avait pas envie que de ses mains dans les siennes mais de la sentir toute entière contre lui, de s'allonger avec elle dans la tiédeur de ce lit et  refermer les couvertures assez serré pour en oublier le monde, de rassurer la peur qu'il avait eue pour elle en écoutant vivre son coeur en écho palpitant contre son torse. D'enfouir toute sa fatigue dans l'alcôve de son cou et puis y inspirer longuement, longtemps, éternellement, le parfum du seul réconfort dont il avait besoin.. Est-ce qu'elle le ressentait elle aussi, ce vide et la douleur de son absence, ce ras-le-bol de s'effleurer sans s'étreindre, ce manque qui brûlait sans s'éteindre ? Ce besoin d'elle qui le consumait, et qui ne serait jamais plus comblé... Serre aussi fort que possible, c'est ce qu'elle avait dit. Si j'avais serré assez fort, tu serais jamais partie. Sans avoir le droit d'attendre rien d'autre que l'insupportable neutralité d'un contact médical, il s'efforça d'impulser ses forces exténuées dans la pression qu'il exerça sur les mains de Sienna en faisant le même constat navrant qu'elle, mandibules crispées sur le dépit d'un silence rageur. Serre aussi fort que possible, et tout son possible était minable -  si la gauche parvenait encore à imprimer une pression décente au vu de son état global, la droite à nouveau bouffée par la saloperie d'un sort était dépourvue de force malgré toute celle qu'il cherchait à y mettre. Cinq doigts de coton foireux, engourdis et maladroits, tremblants au moindre effort dans ceux de Sienna. Sa main d'Auror, sa main de combat. "Fuckin' looks like 86 all over again." Mâchoire tendue ne laissant filtrer qu'à voix rauque le souvenir vibrant de la blessure telle qu'il l'avait d'abord subie douze ans plus tôt, et dont il connaissait déjà la pénible convalescence sans se résigner à devoir la revivre. Ca lui avait déjà paru interminable à l'époque, mais devoir retraverser de nouveau le repos forcé, la cicatrisation, les visites de contrôle pour être réhabilité dans son boulot ? Etre passé en travers les mailles de la guerre sans rien de plus que des plaies ouvertes, et se faire bousiller la gueule comme un bleu à un foutu bal ?

Un rayon de soleil blafard balayant brièvement la chambre accusa son teint pâle, livide d'une rancœur sourde contre lui-même et d'avoir été mis à trop rude épreuve ; mais en s'attardant sur le visage de Sienna, il en souligna la parfaite délicatesse et l'or des cheveux blonds, atténuant un instant les cernes qu'il avait causées en s'échouant moitié mort sur le sol de son hôpital. Trevelyan remisa le dégoût qu'il s'inspirait en arrière-plan, par pur égard pour l'énergie et l'inquiétude qu'elle lui avait consacrées en le soignant toute la nuit puis en restant le veiller, somnolente à son chevet. Avant qu'elle ne les délie, sa main gauche serra un peu plus celle de la sorcière tandis qu'il exhalait des remerciements coupables. "Thank you for patching me up. You should get some rest, I'm sorry I gave you such a rough night.." Un silence perdura passé le reproche qu'elle avait chuchoté, et qu'il avait su se profiler à l'horizon dès lors qu'il l'avait exfiltrée du Ministère sans son aval. Son regard possédait la même intraitable clarté que celui de la médicomage, puisant son aplomb dénué de tout regret dans l'amour incorruptible qu'il lui portait. "But I'm not sorry I sent you back. You'd never have left if I asked you, you're far too brave for your own good. You may be in charge here and rightly so, but on the battlefield I'm the one to call the shots and there's no way in hell I would let you risk your life, not if I can help it. I did it more than once. Never again." Elle aurait beau lui en vouloir, blâmer le choix qu'il avait fait pour elle et même le détester - peu importe, il pourrait tout encaisser en sachant que cette décision était la bonne et la seule digne d'être prise. Trop de fois durant la guerre qui avait déchiré leur monde il en avait été réduit à ronger son frein, refoulant de force son angoisse de la savoir en danger de mort pour la bravoure délirante qu'elle manifestait de l'aube au crépuscule ; les mois qu'elle avait passés sous la coupe d'une convocation imminente d'Ombrage en persistant à exercer l'avait rendu fou d'inquiétude, sans que rien de ses diatribes ne la convainque de se réfugier en sécurité. Et dans l'effondrement meurtrier de Poudlard, parmi les explosions et au milieu des hurlements, son cœur était resté suspendu au fil du moindre de ses mouvements, flanchant lorsqu'elle trébuchait et ratant salement un battement dès qu'elle disparaissait de son champ de vision. Il y avait trop de lionne en elle dont rien ne domptait le courage, et il en avait encore eu un aperçu la nuit passée ; c'est elle qui s'était délestée de ses talons pour courir avec lui parmi les tessons de verre, elle qui l'avait suivi, qui aurait tout risqué pour lui, jusqu'à sa vie.

L'insupportable éventualité de ce qui aurait pu lui arriver s'il n'avait pas choisi de la renvoyer de force à Sainte-Mangouste le rattrapa et lui monta brutalement à la gorge dont ne s'extirpèrent que des intonations graves, éraillées d'une angoisse dénuée de reproche mais pétrie d'incompréhension. "What's gotten into you back there, Sienna ? You were just poisoned and the whole damn thing was falling apart, you could've gotten yourself killed... I won't apologize for keeping you safe." En un éclair de discernement le frappa une vérité fulgurante, gifle brutale dont il accusa le coup d'un regard assombri tandis que son palpitant lui sombrait tout au fond du torse. Ce n'était pas tant de l'avoir protégée qu'elle lui reprochait, c'était qu'elle ne voulait plus de lui dans ce rôle..."But I get it, it's not my place anymore." Leurs mains se délièrent pour de bon tandis qu'un nuage de souffrance passait dans les yeux de Trevelyan, infoutu de dire ce qui lui faisait le plus mal de son corps ou du myocarde qu'il sentait lui tabasser les côtes. Il le savait pourtant, que la frénésie panique d'un champ de bataille est un vaste foutoir émotif où toutes les émotions se ressuscitent à outrance, pour mourir à nouveau sitôt l'horreur passée. Du coin de l'œil, il aperçut un piteux amas d'étoffe en lambeaux. Son manteau gisant sur le dos d'une chaise était aussi déchiré qu'eux..

Se redressant contre l'oreiller en réprimant une grimace, ignorant obstinément les terribles lancinements qui lui lacéraient le dos, ses pensées l'accaparèrent soudain hors de sa chambre d'hôpital ; et de la femme aimée qu'il ne lui appartenait plus de protéger du monde, dérivèrent jusqu'à celle d'une gamine placée sous sa garde dont il revoyait la silhouette disparaître dans le chaos du bal. Saisi de l'impression violente d'avoir loupé trois marches tandis qu'il mettait enfin le doigt sur ce qui lui échappait jusque là, son visage se décomposa tandis qu'il s'enquérait de l'équipier et ami qui l'avait ramené et de la disciple placée sous son aile, qu'il avait abandonnée seule dans le chaos d'une attaque. L'urgence faisait tressaillir sa voix enrouée, comme en écho aux protestations forcenées qu'il avait opposées à Vance pour être ramené dans le bordel du Ministère et chercher la petite. "Is Vance alright, did he say anything about a girl, Tara ? Tara Blackwell ?" Il ignorait ce qu'il préférait entendre, la savoir confiée aux mains compétentes d'un guérisseur ou que personne ici n'aie entendu parler d'elle - parce qu'elle était saine et sauve, encore trop enfouie sous les décombres pour avoir été retrouvée, enlevée par un mage noire jaugeant qu'une apprentie Auror serait un bel appât ou bonne monnaie d'échange ?  Prête à rejeter les couvertures qui le bordaient, la main de Trevelyan s'aventurait déjà vers le dispositif poinçonné à son bras pour s'en débarrasser. La culpabilité le rongeait trop pour qu'il végète ici et le choix qui s'imposait était d'une simplicité limpide : il devait aller la voir si elle était là, ou aller la chercher si elle n'y était pas.
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MessageSujet: Re: The price to pay [Sienna]   The price to pay [Sienna] I_icon_minitimeVen 15 Avr - 17:19

Elle était sereine quant à l'état de sa main. Il manquait de force, il lui faudrait de la rééducation, mais les techniques de soins magiques avaient évolué en une douzaine d'années et cela n'avait rien à voir avec l'état dans lequel il lui avait confié être, à ce moment-là. Il lui faudrait du temps, mais serait-il simplement capable de le prendre. Elle pouvait voir, sentir en lui la colère, la honte d'être dans ce lit et elle le connaissait si bien; un moment d'inattention et il s'enfuirait de l'hôpital.

"Thank you for patching me up. You should get some rest, I'm sorry I gave you such a rough night.. But I'm not sorry I sent you back. You'd never have left if I asked you, you're far too brave for your own good. You may be in charge here and rightly so, but on the battlefield I'm the one to call the shots and there's no way in hell I would let you risk your life, not if I can help it. I did it more than once. Never again."

Merlin, qu'il était épuisant. Elle se demanda soudainement si ce n'était pas là une raison de leur rupture, également. Cette volonté qu'il avait de toujours la maintenir à l'écart des ennuis, comme si elle n'était pas assez grande pour se débrouiller, comme si elle n'était qu'une enfant incapable de décider pour elle-même. Déjà, à l'époque de la guerre, elle avait dû longuement négocier pour continuer à travailler, comme s'il la pensait plus en sécurité chez elle, ou bien trop peu loyale pour continuer à assurer son travail aux urgences. Et là, encore, alors qu'elle voulait se battre, pour son pays, pour ses amis, pour Lui, il lui avait totalement dénié le droit de laisser parler son libre arbitre. Elle le détestait.

"What's gotten into you back there, Sienna ? You were just poisoned and the whole damn thing was falling apart, you could've gotten yourself killed... I won't apologize for keeping you safe."

Des excuses, toujours et encore, le bon rôle qu'il s'appropriait en la faisant devenir chose et non plus personne capable de raison. "Ne t'excuse pas, alors, je m'en fiche." elle s'apprêtait à lui jeter ses mots puérils lorsqu'il s'agita soudainement, en proie à elle-ne-savait-quel trouble à l'intérieur. Il marmonna un instant, puis lâcha sa main, et elle sentit son cœur se briser encore un petit peu avant de se fissurer totalement lorsqu'il prononça sa phrase suivante:

"Is Vance alright, did he say anything about a girl, Tara ? Tara Blackwell ?"

Se redressant péniblement dans ses draps, tentant de remonter sans le regarder le cathéter planté au creux de son coude, il attrapa soudainement la mince tubulure en caoutchouc et fit mine de vouloir tirer dessus, si bien qu'elle intervint sans sommation. D'une main, elle le repoussa au fond du lit sans ménagement pour ses blessures et de l'autre, elle posa la pointe de sa baguette qu'elle venait d'extirper de sa poche et la lui plaqua contre la tempe. Il arrêta son mouvement et elle s'approcha de lui, le regard plus glacial que jamais, la voix calme mais décidée.

"Je t'interdis de bouger. Je t'interdis de saboter mon travail, et si tu veux tant mourir que ça, tu n'as qu'un mot à dire et je retire d'un coup de baguette les sutures qui maintiennent tes organes viables. Cela sera long et douloureux, mais tu mourras, assurément, sans que je lève le petit doigt pour t'aider. Si tu ne souhaites pas mourir, je t'interdis de bouger, et s'il le faut, je t'attacherai à ce lit moi-même et je t'assure que je ne te détacherai que lorsque tu seras capable de marcher sans te vider de ton sang. "

Don't try me.. Elle lâcha doucement sa prise sur sa main et arrêta d'appuyer sur son torse. Jamais elle ne lui avais parlé de cette manière, jamais elle ne s'était permise de lui donner des ordres, jamais elle n'aurait envisagé cette idée. Mais les choses avaient à l'évidence changé, pour lui, et elle ne pouvait se permettre d'attendre quoi que ce soit d'autre de lui. Elle était médicomage, il était son patient.

"Tu vas avoir besoin de rééducation mais je t'assure que cela ne sera pas aussi dur qu'il y a tant d'années. Mais ça ne peut fonctionner que si tu arrêtes de te débattre et si tu suis mes conseils. Fais moi confiance, pour une fois, et tu verras, dans moins de deux mois, tu seras de retour au travail."

Elle s'éloigna d'un pas. Quelle idée elle avait eu de croire qu'ils se reverraient, un jour, quand leur vie aurait évolué. Quelle imbécile elle avait été de croire qu'il l'attendrait, qu'il reviendrait la chercher. Quelques semaines après leur rupture, elle s'était déjà dit qu'elle s'était trompée, persuadée à chaque retour du travail qu'il serait là. N'en pouvant plus de l'attendre, elle s'était décidée à déménager, espérant qu'en vivant ailleurs, loin du souvenir d'Eux deux, elle pourrait avancer plus facilement. Mais les démons ne nous quittent jamais vraiment, et à l'espoir de retour s'était substitué celui qu'il chercherait et trouverait sa nouvelle adresse; elle était si sûre qu'il l'avait aimée comme elle l'aimait qu'elle guettait son ombre dans toutes les silhouettes qu'elle croisait en bas de chez elle, elle entendait son rire lorsqu'elle sortait boire un verre; elle le voyait, lui, partout. Et là, encore, elle avait eu l'impression de partager quelque chose avec lui, quelque chose de tendre, de fort à cette soirée du Ministère. Mais non. Il l'avait remplacée, peut-être même à cette époque où elle attendait encore son retour, peut-être même quelques heures seulement après leur rupture? Peut-être n'avait-il pas pu attendre avant de faire d'autres promesses à une autre femme. Peut-être même l'aimait-il plus qu'elle...? Elle le détestait, comme elle le détestait. Et comme elle détestait le fait de ne pas réussir à le haïr réellement. Elle ressentait tant de choses à l'intérieur de ce cœur qui battait une tachycardie douloureuse, mais, malgré sa volonté, il n'y avait ni colère, ni haine et la douleur, la tristesse supplantaient tout.

"Ta petite amie est en vie et n'avait que des blessures mineures qu'Averroes s'est chargé de cicatriser. Elle peut venir quand elle veut, tu n'auras qu'à demander à un soignant."

La mort dans l'âme, comme un écho de cette terrible soirée quelques mois auparavant, elle se dirigea vers la porte, attendant qu'il lui dise quelque chose pour la retenir, retiens-moi, retiens-moi, retiens-moi... Mais pourquoi donc la retiendrait-il, alors qu'elle avait compris qu'aujourd'hui, une autre avait pris sa place? Et à quoi s'était-elle attendue? Elle voulait lui demander. Elle devait. Sinon, comment avancer, si elle n'avait jamais le fin mot? La main sur la poignée de la porte déjà presque entièrement ouverte, lui tournant le dos, elle demanda à voix basse.

"Pourquoi t'es jamais revenu, Trevelyan?"
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MessageSujet: Re: The price to pay [Sienna]   The price to pay [Sienna] I_icon_minitimeSam 16 Avr - 16:31

Ses doigts grimpaient impatiemment le long de son bras, remontant le damné fil qui lui hameçonnait le coude et le cantonnait de force au creux de ses draps de convalescence à remâcher l'humiliante étendue de son impuissance. L'envie lui démangeait les phalanges d'arracher tout ce fatras et son infirmité avec, infoutu qu'il avait toujours été de tolérer les moindres entraves à sa liberté, comme si brusquer les choses et tous ses gestes avec assez d'ardeur briserait les lois de ce monde pour précipiter le temps, l'accélérer, le plier à l'obstination entêtée de sa propre volonté. Ils étaient peu à pouvoir dompter ce genre d'élan braqué qui venait lui coller à la peau et lui habiter le fond des yeux ; la plupart s'effaçaient de l'inébranlable chemin qu'il se traçait pour le laisser s'y engouffrer, mais Sienna n'avait jamais fait partie de ceux-là et il buta de plein fouet sur l'obstacle qu'elle lui balança dans la figure. Les maigres forces qu'il s'était acharné à engranger pour se débarrasser de l'intraveineuse trébuchèrent devant le mur qu'elle lui opposa, le propulsant brutalement dans les confins exaspérants de ses oreillers et sans égard pour ses blessures qui en irradièrent de douleur. Le spasme de souffrance lui soutira un grondement verrouillé d'entre ses dents serrées, s'apprêtant à rugir de protestation quand l'effarement acheva de le censurer - le bois lustré de la baguette aguerrie aux soins pointait directement sa tempe pour cible à ses menaces, et Trevelyan se figea dans un immobilisme interdit. La dernière fois que quelqu'un s'était avisé de l'intimider de si près, il avait fini par croupir dans les flaques rassies d'Azkaban et portait un masque regravé d'argent. Qu'il se soit réservé tout droit sur le champ de bataille et lui ai concédé ceux des salles d'hôpital ne l'avait pas préparé à ce qu'elle en use avec autant de férocité, et l'Auror planta sa consternation à cran au fin don des yeux de Sienna.

Ses iris avaient capturé d'elle tous les indices de rancoeur pure qu'elle lui dédiait pour l'insupportable première fois, la courbe douce de sa bouche cadenassée de courroux, l'azur réconfortant de son regard cristallisé d'un froid mordant, le calme souverain de sa rage réfrigérante à lui en coller des frissons le long du dos ; ses mots, chacun d'entre eux, comme une volée de grêlons qui n'en cessaient de lui cingler le coeur. Et d'avoir rassemblé tous ces détails, il en cherchait maintenait la source au fond de ses mandorles qui un soir de Novembre l'avait ensorcelé en quelques battements de cil. Jamais il n'aurait soupçonné d'avoir sombré si bas dans son estime qu'elle le fustige d'une rage glaciale, contraste si violent avec la tendresse folle qu'il avait cru apercevoir au Ministère que ça lui broya quelque chose entre les côtes, tuméfiant chaque palpitation. Qu'est-ce qu'il avait pu être con, putain. L'ovale délicat de son visage flottait juste au-dessus de lui, statufié de colère, et il se demanda comment elle pouvait paraître si proche de lui tout en ayant jamais été si lointaine... Combien d'éternités avaient passé, comment le monde s'était-il à ce point tordu entre le moment où il la blottissait dans la chaleur de son étreinte, entrelaçant leurs doigts ensommeillés, et l'instant où ils s'étaient mis à pointer une baguette contre sa tempe ?

Tandis qu'elle relâchait la pression exercée contre son torse pour maintenir sa reddition, il calcula à peine ce qu'elle déblatérait sur sa guérison et ce qu'elle exigerait de lui - cette froide indifférence n'était rien que de l'autorité médicale, martelée avec la même indulgence qu'il avait pour les relents de caprice de ceux qu'il envoyait en tôle - aucune. Mais si ça n'était que ça, de quels tréfonds venait la jalousie qui suintait de l'écho qu'elle lui donnait de Tara ? Il classa rapidement le soulagement de la savoir saine et sauve dans un recoin de sa tête comme l'on classe un dossier, sans avoir le temps de s'appesantir dessus ni de profiter du réconfort de l'imaginer intacte, mais en se promettant d'y revenir plus tard lorsque autre chose accaparerait son attention que tout ce que lui balançait Sienna, tout ce qu'elle amenait terriblement à ébullition en lui. Comment pouvait-elle seulement penser qu'il en aimait une autre qu'elle après ce qu'il lui avait confié au Ministère, alors que lui avait franchi les lèvres ce surnom chéri entre tous qu'il lui donnait depuis leur rencontre ? Comment est-ce qu'elle pouvait seulement douter de la façon dont il l'avait serrée contre lui pour leur éviter le chaos, comment avait-elle pu se tromper sur la façon dont il avait lové ses joues au creux de ses paumes, uni son front  au sien ? Et elle croyait qu'il y en avait une autre, alors que personne n'avait su, personne n'aurait même pu illuminer sa vie depuis qu'elle en était partie ? Elle avait si peu de foi en lui ? Une tristesse incrédule enroba le gris de son regard qu'il ne parvenait plus à glisser d'elle tandis qu'elle s'éloignait encore une fois, une fois de trop, et qu'il brûlait de la rattraper pour réconforter toutes ses peurs entre ses bras. Le chagrin profond qu'elle se tissait en fils de peur pourrait se détricoter s'il pouvait seulement la serrer contre lui, dissoudre l'insupportable peine que sa voix trahissait et calfeutrer mille mots en un baiser. Mais alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce et lui à la retenir, ses intonations lui parvinrent, encore une fois, une fois de trop, vrillant les tempes de Trevelyan en échos de silences criants. La question résonnait salement dans sa tête et l'ébranlait jusqu'au plus douloureux de leurs souvenirs ; ça n'avait été qu'un chuchotement murmuré à voix basse, comme un aveu porteur de trop de souffrance pour être prononcé plus fort, mais l'accusation latente aurait pu être hurlée tant elle l'assourdissait de colère blessée. Accusant mal le choc de ce qu'elle venait de lui jeter à la gueule comme si l'entière responsabilité de leur désastre ne pesait rien que sur ses épaules, toute la douleur qu'il avait péniblement gardée tue entra en collision brutale avec l'invivable reproche qu'elle lui assénait.

La voix de l'Auror s'éleva en éraillements sidérés, pas plus hauts qu'un souffle meurtri. "Pourquoi je suis pas..." Se redressant dans son lit, sans y chercher de confort mais un peu de dignité face au conflit, sans trop savoir s'il était blême de rage peinée ou bien de précédentes hémorragies, sa voix s'arma dangereusement de l'âpreté corrosive dont il l'avait jusque là  toujours épargnée et qui se déversait à présent, incandescente, dévastant tout sur son passage pour incendier tout vain espoir d'une accalmie et calciner ce qui restait de leur sang-froid - le sien, de sang, lui battait férocement les veines tandis qu'il dévisageait sa silhouette du regard. "Tu te fous de moi, là ? Pourquoi je suis pas revenu, c'est ça que t'oses me demander ? Pourquoi MOI, je suis pas revenu ? Non, non non nonononon, c'est pas comme ça que ça s'est passé, t'es partie, Sienna, tu m'as embrassé et tu m'as laissé, t'es partie en me priant de bien vouloir m'effacer gentiment de ta vie, en me laissant seul à ramasser chaque miette de nous, chaque morceau de moi que je pouvais trouver chez toi. J'ai même pas compris tout de suite, le temps que je comprenne que tu partais pas juste au travail mais que t'étais déjà partie tout court, je t'ai couru après dans les escaliers en t'appelant et t'as pas réagi, rien, t'as transplané sous mes yeux sans jeter un seul regard derrière toi. J'ai attendu que tu reviennes et quand j'ai enfin percuté que tu reviendrais pas, j'ai passé une heure à enlever tout ce qu'il y avait de moi et à m'éliminer de ta vie, à gommer nos souvenirs et notre passé pour toi, et devine ce qu'il y avait quand je suis rentré chez moi ? Toi, tout de toi, partout, nos photos et tes vêtements, et ça aussi j'ai dû l'enlever pour toi." Sous la colère douloureuse enfin délivrée de barricades, sa voix menaça de s'ébrécher tant lui pulsait encore dans le torse l'horreur de ce matin-là et tout ce qu'il ne lui dit pas, tout ce qu'il passait encore sous la censure de ce qu'il n'avait pas envie de revivre plus qu'en pensée, qui de toutes façons n'avait pas de mot. La distorsion nauséeuse du temps tandis qu'il s'éradiquait de son appartement, ces interminables dernières minutes passées trop vite dans le cocon brisé de leur vie passée, la dépersonnalisation violente qui l'avait envahi en errant de pièce en pièce jusqu'à se paralyser devant le bracelet qu'il lui avait noué au poignet juste avant la Bataille. L'instant, gravé à jamais aux pires recoins de sa mémoire, où il était resté suspendu à la clé de son appartement, à la porte d'entrée, anéanti par l'idée qu'il en franchirait le seuil pour la toute dernière fois ; que s'il faisait ce pas, cet ultime pas, il n'en reviendrait pas... Puis son appartement à lui dont il avait fallu tout ôter d'elle, sauf ce parfum qui n'en finissait plus de fleurir ici et là, comme l'éclosion tardive d'un baiser qu'elle aurait laissé, d'un rire qu'elle avait oublié. Il ne dit pas non plus que ce parfum-là l'avait brisé et qu'il s'était exilé de Londres pour ne plus se noyer dans la fragrance de leur vie qui n'existait plus, transplanant loin de tout pour s'effondrer sur les terres où il était né, où il avait cru mourir de l'avoir perdue. Il ne dit rien, mais la souffrance dégorgeait de ses prunelles et fusionnait à la rancoeur de l'accusation qu'elle avait émise, sans plus trouver d'obstacle pour cesser de déborder. Ses poumons encore trop fragiles s'essoufflaient rapidement, alarmant le bordel médical qui s'alerta subitement de sa tension, mais à deux doigts d'en finir hors d'haleine il ne lui laissa pas même le temps d'en placer une - tout ce qu'il n'avait jamais confié, tout ce qu'il avait gardé, tout ce qui avait crié dans le silence de sa solitude et que même Locryn ou Vance n'avait pas su lui soutirer, s'attisaient furieusement du feu que Sienna venait de lancer. "Le jour où je suis passé tout te déposer, je suis tombé sur Roxanne - elle s'est fait un plaisir de me passer le message, j'ai bien compris que t'avais aucune envie que je revienne ou que je te retrouve. Qu'est-ce qu'il aurait fallu que je fasse ? Te tendre l'autre joue alors que j'étais déjà sonné ? Que je te suive à l'hosto pour te forcer à revenir sur ton choix, que je t'attende chez toi pour te supplier de me reprendre ? Que je garde la clé que tu m'avais demandé d'abandonner et revenir à l'improviste, alors que tu voulais plus de nous, pour te convaincre de laisser tomber ton futur et me garder à la place ? C'est CA qu'il aurait fallu que je fasse, pour CA qu'il fallait que je revienne ? Pour un avenir où tu m'as dit que tu serais JAMAIS HEUREUSE ?"

Envoyant brusquement valser ses couvertures, il balança ses jambes par-dessus le lit en grimaçant de souffrance, sans le moindre égard pour les menaces qu'elle avait proférées de faire exploser ses sutures - c'était déjà fait, de toutes façons, celles qui lui maintenaient le cœur en place avaient déjà lâché et son sang-froid avec, ses blessures les plus invisibles coulaient à vif et elle avait eu beau passer la nuit à lui retaper le corps, d'autres plaies plus profondes s'étaient rouvertes à flot sous sa froideur, ses accusations, son manque de foi en eux. L'étroitesse aseptisée de la chambre blanche étouffait trop  la flamme noire de sa frénésie fiévreuse, tisonnait son impuissance et son besoin d'en dégager, tout de suite, maintenant, pour fuir lécher ses plaies loin de leurs amours ravagées. Il asphyxiait de savoir pertinemment qu'il aurait dû plus essayer de la rattraper - qu'il aurait dû tout essayer, tout... De sa main valide, toujours assis, il délia précipitamment les lacets retenant le haut de son uniforme hospitalier pour n'en garder que le bas de pyjama, attrapant sa baguette dans la foulée sur la table de chevet pour faire venir à lui son manteau déchiqueté, reposant contre la chaise flanquant un coin de la chambre. Il glissa le bras qu'aucune intraveineuse ne poinçonnait dans la manche tailladée, portant maladroitement ce manteau lacéré qu'elle lui avait offert comme l'étendard écorché de leur propre histoire. Son torse nu balafré de bandages et de cicatrices réveillait d'abominables tiraillements à chaque mouvement sans qu'il ne ralentisse sa course à l'exil, administrant sa décision sans s'occuper d'aucune de ses répercussions. "Je me barre d'ici. On arrange un transfert ou une convalescence chez moi, on fait prévenir mon frère, n'importe quoi, j'en ai rien à foutre, mais je reste pas ici. Vous direz à Tara que j'ai signé une décharge si elle cherche à me voir. Tu la reconnaîtras facilement, c'est une gamine de 19 ans avec un insigne d'apprentie Auror, elle demandera son mentor - un connard qui s'inquiète pour ses apprentis depuis que le dernier qu'il avait en charge s'est fait bousiller pendant la guerre." Il en devenait mauvais, jetant  ses  sarcasmes acerbes comme il ne l'aurait jamais fait auparavant à celle qu'il chérissait plus que tout au monde. Pris dans le vertige d'un élan de colère, il oublia jusqu'à l'abjecte atonie de ses muscles et voulut  prendre appui sur des jambes si anesthésiées de faiblesse qu'elle cédèrent brutalement sous son poids dans un bordel monstrueux, lui extirpant un gémissement de souffrance quand toutes en elles se réveillèrent sans pitié. Tout juste capable d'envoyer l'asthénie frustrée d'un coup de pied rageur dans le premier meuble qui passait, livide d'épuisement, l'Auror la repoussa d'un regard hurlant d'un don't you dare help me et convoqua ses dernières forces pour s'adosser à la table de chevet. Appuyant ses coudes contre ses genoux relevés, toute colère semblait l'avoir fui avec les derniers relents de son ressentiment  meurtri et les ultimes vestiges de son énergie, il enfouit son visage et ses cheveux en bataille au creux de ses mains tremblantes d'où ne filtra que sa voix enrouée. "Je suis pas revenu, parce que tu m'as laissé." Un silence succéda à son aveu brisé avant qu'il n'émerge de son refuge tressaillant, laissant glisser ses coudes pour apposer ses avant-bras contre ses genoux. tandis qu'il  retrouvait les yeux de Sienna, ne supportant qu'à peine les ravages de ce qu'ils s'étaient dit, de ce qu'ils n'étaient plus, ce qu'ils avaient à jamais perdu. Sa main ne devait pas la seule à être labourée de sillons sanglants, à en croire les battements de son coeur contusionné, certain de tout détruire  par  ce qu'il ne pouvait plus s'empêcher de prononcer. Les mots étaient déjà sur ses lèvres, rongeaient déjà le  tourment gris de ses iris. "J'ai essayé de respecter ton choix, ça m'a détruit mais j'ai essayé. T'as aucune idée de ce que ça m'a coûté, alors dis pas que je nous ai assassinés. Tu m'as tué en premier." Une tristesse trop profonde pour être ravalée lui étranglait la gorge alors qu'il attardait sur elle un regard déchirant depuis le sol où il restait assis en bas de pyjama et manteau en piteux état. Il aurait tout donné, tout, pour revenir un soir pluvieux de Novembre... Pour lui tendre la main et la cueillir contre son torse, pour lui dire quelques précieux instants d'éternité, Reste, par pitié reste et arrête de partir, j'ai besoin de toi, je veux me reposer entre tes bras. Je t'aime, je t'aime tellement... Mais rien de ce mots ne vint, et il ne put trouver que ceux qu'elle l'avait condamné à ne jamais oublier, qui l'avaient hanté de longues nuits d'insomnie et de cauchemars, regrettant déjà de les lui infliger d'un ton éteint, dénué de vie - ce qui le résumait, depuis qu'elle était partie, volant loin de lui.  "Je connais déjà la chanson, te fatigue pas. Tu vas aller travailler, et quand tu reviendras, mes affaires seront plus ici. C'est ce que tu voulais, non ?"
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Sienna Roscoe
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MessageSujet: Re: The price to pay [Sienna]   The price to pay [Sienna] I_icon_minitimeMar 19 Avr - 0:00

Avait-elle seulement idée de ce qu'elle venait de dire, ce qu'elle venait d'initier. L'idée n'avait jamais été de noyer les flammes d'huile, ni de l'agacer; elle se rendait compte maintenant, seulement maintenant, combien elle lui en voulait d'avoir eu cette facilité à l'oublier, à la rayer de sa vie comme si elle n'avait rien été. Et ces phrases au Ministère n'avaient pas réussi à gommer les semaines de rancœur à l'idée de voir, de savoir, de comprendre qu'il ne reviendrait pas. Que tout était terminé. Le silence avait envahi la chambre de l'hôpital et, elle pouvait déjà sentir sans la voir l'effervescence du reste du monde derrière la porte qu'elle avait entrouverte. Pourquoi avait-elle parlé, pourquoi ne l'avait-elle pas laissé à sa blessure, à leur amour mort, à tout ce qui avait été eux. Un enfant passa devant la porte, riant aux éclats et sa mère lui courut après, le visage mi amusé, mi paniqué, et Sienna était là, tenant la poignée d'une main si ferme que ses articulations blanchissaient autour d'elle. Il ne lui restait plus qu'à partir, fermer la porte sur tout, avancer, finalement. Plus rien ne la retenait en arrière.

"Pourquoi je suis pas..."

Le cœur de Sienna s'arrêta un instant, un bref moment avant de repartir, en battements douloureux, tentant de rattraper leur retard, pompant indélicatement tout le sang qui partit se ficher immédiatement dans ses joues. Plus que des explications, plus que des excuses et des raisons, il lui offrit sa colère tout juste camouflée dans un océan de morceaux de verre plus tranchants les uns que les autres. Se sentant blêmir mais sans parvenir à se retourner immédiatement, Sienna observa, prête à défaillir, une collègue alertée par les mots que Trevelyan lui envoyait et qui avaient dû rebondir jusqu'à la salle de soins. Elle lui adressa un signe de la main "tout va bien" et referma discrètement la porte sur eux. Le temps qu'il comprenne? Elle s'était enfuie? C'était ainsi qu'il voyait les choses? Lui qui ne s'était pas même battu pour elle? Qui n'avait pas fait mine d'essayer de la retenir?

"J'ai attendu que tu reviennes et quand j'ai enfin percuté que tu reviendrais pas, j'ai passé une heure à enlever tout ce qu'il y avait de moi et à m'éliminer de ta vie, à gommer nos souvenirs et notre passé pour toi, et devine ce qu'il y avait quand je suis rentré chez moi ? Toi, tout de toi, partout, nos photos et tes vêtements, et ça aussi j'ai dû l'enlever pour toi."

Elle ne parvint qu'à garder le silence, glacée par les mots qu'il lui jetait à la gueule, plus encore par la colère qu'elle sentait peser dans chacun de ses mots comme si elle s'était trompée; elle n'était pas "personne" pour lui, il la détestait, simplement et purement. Elle n'avit jamais envisagé autre chose, pendant ces semaines de survie, autre chose que le terrible fait qu'il l'avait laissé partir parce qu'il pensait que c'était mieux comme ça, qu'elle ne lui manquait pas, et qu'il avait trouvé quelqu'un d'autre. S'était-elle trompée tant que cela? Ce n'était pas possible. Elle se retourna, effrayée par avance par le regard qu'elle allait croiser, qu'elle savait n'avoir jamais affronté et son cœur manqua encore s'arrêter, une nouvelle fois. Trevelyan était blanc comme un linge, sans qu'elle sache si c'était de colère ou de douleur, consciente qu'elle était la cause de l'une comme de l'autre, consciente qu'il n'y avait rien qu'elle puisse dire pour l'apaiser. Ses mots passèrent d'elle à Roxanne et elle ferma les yeux. Voilà la discussion qu'elle aurait aimé avoir des mois auparavant, afin de comprendre, pas maintenant qu'il était trop tard. Pas maintenant. Tais-toi, s'il te plaît, tais toi. Le temps semblait ne jamais vouloir avancer tant il avait l'air d'avoir de quoi l'assassiner un peu plus à chaque tirade. Ses mots étaient poison et elle se retenait à grand peine d'éclater en larmes tant elle savait n'avoir pas le droit de lui refuser cette occasion de se venger de ce qu'elle lui avait fait. Qu'avait-elle fait, qu'avait-elle fait. A nouveau, la porte s'ouvrit délicatement et, à nouveau, elle renvoya d'un signe ses collègues inquiets. Avant qu'elle ne puisse trouver au fond d'elle les mots qu'elle aurait souhaité délicats et apaisants, il se redressa avec une violence inouï et commença à délacer la chemise d'hôpital qui ne parvenait pas même à le diminuer dans sa colère, à amoindrir la souffrance qu'elle lisait partout, sur chaque pli de son visage, sur chaque crispation de ce sourire qu'elle n'était plus près de voir éclore.

"Je me barre d'ici. On arrange un transfert ou une convalescence chez moi, on fait prévenir mon frère, n'importe quoi, j'en ai rien à foutre, mais je reste pas ici. Vous direz à Tara que j'ai signé une décharge si elle cherche à me voir. Tu la reconnaîtras facilement, c'est une gamine de 19 ans avec un insigne d'apprentie Auror, elle demandera son mentor - un connard qui s'inquiète pour ses apprentis depuis que le dernier qu'il avait en charge s'est fait bousiller pendant la guerre."

Elle avait envie de pleurer, mais ses yeux restèrent secs, comme si elle n'avait plus rien à évacuer, ou mieux, comme si ce moment n'était pas le sien et qu'elle n'aspirait qu'à lui laisser cet espace. Elle ne parvenait qu'à croiser son regard, sans parvenir à le tenir dans le sien, honteuse de ce qu'elle lui avait fait, honteuse de ce qu'elle lui faisait encore, des nuits blanches qu'ils avaient dû passer, l'un comme l'autre, à regarder le plafond, à se demander ce que l'autre faisait. Ils avaient certainement vécu les mêmes moments, les mêmes peurs, les mêmes insomnies à attendre que la libération vienne, sommeil en rien réparateur, pour juste faire avancer le temps, en espérant que cette boule d'angoisse se disperse. Avait-il pensé, comme elle, ne pas pouvoir survivre à cette douleur sourde, à cette anxiété perpétuelle, celle de savoir qu'elle n'avait pas pris la bonne décision? Et pour s'était-elle pris à l'attendre, encore et encore, lui ayant quémander durant des semaines, des mois l'autonomie de décider pour elle, au risque d'en mourir, et d'attendre finalement qu'il vienne promptement réparer ses erreurs à elle? Avait-elle sincèrement espéré n'être pas le seule à souffrir au point de lui en avoir voulu au prénom de Tara prononcé? Était-elle devenu de ces abjects individus autocentrés qui lui faisaient horreur depuis toujours? Elle avait envie de vomir. Pardonne-moi. Elle l'observa avec horreur manquer tomber et initiant un mouvement pour l'aider, fut clouée à sa place par son regard comme autant de chaînes qui l'auraient empêchée de bouger, le regardant s'adosser à sa table de chevet, impuissante, terriblement impuissante. Les larmes qui semblaient l'avoir quittée jusque là paraissaient avoir ré-investi son corps et c'est en entendant la voix de Trevelyan qu'elle menacèrent de la submerger.

"Je suis pas revenu, parce que tu m'as laissé."

Combien de fois avait-elle vu Trevelyan ramener un blessé dans leur cocon, la suppliant d'un regard de l'aider? Combien de fois avait-elle soigné une blessure bénigne sur le corps de son amour, combien de baiser censé réparer la guerre? Combien d'étreinte douloureuses, combien de murmures dans la nuit, promesse d'une paix qui n'arrivait pas? Combien de morts, combien de jours à vivre dans la peur, dans le doute ? Combien de nuits à l'écouter respirer, par simple bonheur de le savoir encore en vie sans savoir combien de temps cela durerait? Combien de nuits à se perdre dans la chaleur de son corps, par simple besoin de le sentir venir en elle, besoin primaire et bestial de sa féminité exacerbée par la mort flottant autour d'eux? Il avait raison, elle avait jeté tout cela aux ordures, comme s'ils n'avaient rien été, comme s'ils n'avaient rien traversé, comme si des considérations puériles l'empêchaient aujourd'hui de savourer ce qui avait failli ne plus être ; ils étaient en vie, en paix et ils s'aimaient. Que s'était-il passé pour qu'elle oublie que c'était ça, le plus important, après tout. Où était passé le soulagement de la fin de la guerre, cette envie de pleurer de bonheur en le voyant revenir dans la Grande Salle, l'impression de reprendre son souffle lorsqu'il l'avait embrassée, comme si plus rien n'existait, comme si elle était la seule à exister. C'était la première fois qu'elle se rendait compte pleinement de son erreur de n'avoir pas su le retenir. Car c'était elle qui n'avait pas su le retenir, et pas l'inverse, comme elle se plaisait à le croire, dédouanant paroles et actes. Et elle ne l'avait jamais vu pleurer jusqu'à aujourd'hui, car le trémolos dans sa voix ne pouvait lui mentir. Elle ne bougea pas, persuadée que si elle ne disait rien, il irait mieux, qu'à tout déverser, il lui pardonnerait peut-être un peu, d'avoir failli. Son cœur s'était remis à battre, timidement, paresseusement, comme si la douleur ne lui donnait plus vraiment envie de continuer à pomper tout ce sang, comme si la tâche n'en valait plus la peine. Il se tordit un instant sous la phrase suivant pour se faire très discret sur la suivante, et Sienna se demanda un moment s'il n'allait pas vraiment s'arrêter. La tête lui tourna face à cette soudaine défection, car en battant si doucement, c'est l'hypotension qui la guetta un moment. Trevelyan avait accroché son regard, courageusement et elle n'avait pas pu le lui dénier, si bien qu'au delà la colère qu'elle avait entendu, c'est du désespoir qu'elle avait vu aussi, autant que de la déception.

Elle se sentait étonnamment vide; les larmes étaient passées, et même si elle savait que la tristesse reviendrait et que cette fois, elle s'accompagnerait probablement de colère à l'encontre de sa propre personne, elles étaient passées. Le silence avait envahi la chambre et elle mit un moment avant de se remettre en mouvement, ombre d'elle-même. Elle avait l'impression d'avoir assisté à une scène ne la concernant pas, tant elle était anesthésiée, mais son cœur faisait un bond douloureux à chaque fois qu'elle posait le regard sur son ancien amour, terriblement diminué; lui habituellement si fort, en qui elle aurait placé sa propre vie, en qui elle avait placé sa propre vie lorsqu'il l'avait fallu. Seigneur, qu'ai-je donc fait? Elle aurait aimé lui répondre de la bonne façon, effacer ces mots pour les remplacer par du bonheur, et des promesses qu'elle se serait empressée d'accomplir. Elle aurait voulu lui chanter tout son amour et lui faire comprendre, à grand renfort de baisers qu'elle était là, qu'elle avait compris, qu'elle ne partirait plus, non, non, je ne partirai plus, c'est promis. elle ne put que murmurer

"Non, ce n'est pas ce que je voulais.."

Elle initia un premier pas vers lui, un premier pas douloureux tant elle s'était figée dans son dernier mouvement, statue vivante aux articulations verrouillées pour ne pas faire le moindre geste. Voyant qu'il ne la repoussait pas, que sa colère semblait s'être apaisée, elle fit un pas de plus et lui tendit sa main pour l'aider à le relever. Sa voix n'était plus que chuchotis tant elle ne parvenait plus à comprendre ce qu'il lui fallait dire, tant elle ne se sentait plus même vivante. Fantôme aux cernes dessinées, aux yeux larmoyants et au sourire effacé, elle lui chuchota

"S'il te plaît, prend ma main.."

Elle l'aida aussi délicatement que possible à se redresser, n'essayant pas de minimiser la douleur qu'elle avait dû déclencher en le repoussant sur le lit; les douleurs qu'elle avait dû déclencher, tout court. L'équilibre qu'elle s'était efforcée de retrouver puis de maintenir depuis quelques mois s'était fissuré, indubitablement et elle ignorait comment faire. Devait-elle s'excuser? Lui expliquer? Le prendre dans ses bras? Elle ne pouvait prendre le risque qu'il la regarde à nouveau comme il l'avait fait, elle n'y survivrait pas. L'enveloppant de son bras, elle l'aida à s'asseoir sur le lit et d'un mouvement de baguette, augmenta légèrement la dose d'antalgique se déversant dans ses veines. Elle avait vu la guerre et la mort, mais elle était là, face à lui, en état de stupéfaction comme autant de soldats après les affrontements, comme autant des siens après les attaques de Ste Mangouste. Elle était la victime d'un stress post-traumatique qu'elle s'était infligée elle-même et elle ne comprenait pas ce qu'elle devait faire. Elle inspira profondément une fois, puis une autre, puis une troisième, écho lointain à ces nuits où elle ne parvenait pas à dormir, tant la douleur était forte en elle. Elle regarda par la fenêtre et lui glissa, doucement, presque à murmurer.

"Pardonne moi, Trevelyan. Jamais je n'aurais pensé te voir dans cet état, je croyais.. Je croyais que tu t'en étais bien remis et que j'étais la seule à souffrir de tout cela. Je..."

Comme ces mots semblaient idiots face à sa colère, face à la haine qu'elle avait lu dans ses yeux. Comme elle aurait donné cher pour revenir quelques mois en avant, et lui dire qu'elle plaisantait, que tout cela n'était qu'une blague et viens, embrasse moi, laisse tomber, c'était idiot. Comme elle aurait donné cher pour grimper dans ce lit, le prendre dans ses bras et attendre qu'il s'enforme, sur son épaule. La colère s'était peut-être tarie, mais avec elle, elle n'en doutait pas, les sentiments s'était désagrégé aussi et elle ignorait ce qu'il restait d'elle en lui. De la rancœur? Du ressentiment? Ou de l'indifférence? Quelques mots sortirent, en désordre qu'elle ne tenta pas de réorganiser, trop anesthésiée pour y parvenir.

"Je croyais que tu m'avais oubliée et je... Pardonne moi.. Si tu savais combien je suis désolée d'avoir tout gâché.. "

Je t'ai menti, ce soir-là. La vérité c'est que je n'ai jamais été plus heureuse qu'avec toi, pas même avant et certainement pas depuis. La vérité c'est que je n'y parviens pas. Et que je ne sais même plus pourquoi nous nous sommes disputés. Elle se sentait lasse, fatiguée, comme si elle avait pris trop d'années d'un coup, en une seule nuit. Son âme lui faisait mal, là, à l'intérieur et elle aurait donné beaucoup pour s'endormir maintenant, avec l'espoir de se réveiller guérie, et victime d'une douce amnésie. Elle allait devoir vivre à présent avec le fait de savoir que tout était terminé, et que tout était de sa faute. Elle n'était pas sûre de savoir comment faire, elle n'était pas sûre d'y être préparée.

"Dans tous les cas, si tu veux vraiment partir, on peut organiser ton transfert, je ne m'y opposerai pas. Je ne te le conseille cependant pas et te placerai dans les mains d'excellents confrères, si tu restes ici le temps de ta convalescence. Je vais te laisser y réfléchir, tu n'auras qu'à demander aux soignants d'organiser ce que tu veux.."

Et j'aimerais que tu restes. J'aimerais que tu sois là lorsque j'aurai retrouvé mon équilibre et alors, je peux te jurer, si tu gommes la déception dans tes yeux, que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te récupérer. Je veux recréer ce cocon qui nous définissait, je veux retrouver ces draps chauds dans lesquels tu te glissais après ta nuit de boulot, je veux te sentir te glisser derrière moi, entourer ma taille de tes bras. Je veux te retrouver au petit déjeuner et que tu me dises combien je suis belle, alors que je viens de me réveiller. Je veux tes yeux amoureux, ta langue joueuse, ta peau chaude et tes baisers qui réconfortent. Je veux gommer cette douleur, m'occuper de toi avec douceur pour que plus rien ne puisse plus arriver et alors, je te le dis, tu n'aurais plus jamais peur, tu n'aurais plus jamais mal. Et tu verrais combien il fait bon vivre ici, avec moi, nous deux, contre tout le reste. Je veux te revenir Trevelyan, et plus important, je veux que tu me reviennes. Tu es plus important que cet enfant que je n'aurais pas, dans tous les cas, car je n'en voulais qu'avec toi. Tu es plus important que tout le reste.

Pourquoi ne parvenait-elle pas à dire ces mots qu'elle ressentait si fortement. Elle attrapa son carnet et gribouilla sur une page qu'elle déposa dans le tiroir de la table de chevet. Elle le regarda et lui dit

"Je te laisse te reposer. Je suis..."

Elle ne termina pas sa phrase, consciente viscéralement qu'elle en avait assez fait. Elle referma sa bruit la porte et marcha en silence dans les couloirs de l'hôpital. Arrivée à l'extérieur, elle leva les yeux vers les fenêtre de l'édifice et, sans un bruit, elle transplana.


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