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 INTRIGUE I : IN MEMORIAM

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MessageSujet: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeVen 4 Aoû - 20:01

In Memoriam



Bienvenue à notre toute première intrigue ! Nous sommes ravis d'accueillir nos inscrits à cet évènement qui se promet fort en émotions !

Vous êtes devant la Grille de Poudlard, il est 19h. Vous aviez hâte d'aller au festin d'Halloween, mais voilà que l'accès à la grille est compromis, et des gens semblent avoir des choses à dire ! Que se passe-t-il ?

Vous avez deux semaines pour poster une réponse à ce tour ! Les interventions d'Elsa Wilson et Logan Bishop étant décisives, vous êtes autorisé à poster après eux, même si vous avez déjà participé une première fois.

Il n'existe pas d'ordre de passage à suivre ! Rappelez vous simplement d'être en accord avec les posts précédents et tout ira bien ! A vos plumes les hiboux !


Première partieLe 31 octobre 2020 : 19h


En ce soir du 31 octobre 2020, le vent soufflait dans les feuilles des arbres entourant le domaine de Poudlard. La météo s’annonçait grisâtre : on était après tout en automne, et en Écosse. Le vent sifflait, la pluie semblait sur le point de tomber, et les branches s’agitaient avec le craquement caractéristique du bois humide. Un soir d’automne frileux, ce genre de soir où rien ne nous attire plus qu’un bon feu de cheminée et une boisson chaude et réconfortante. Mais le planning de la soirée était loin d’être aussi paisible et confortable.

En effet, c’était un soir spécial pour les sorciers, comme pour les moldus. Halloween pour certains, Samhain pour d’autre, le soir du 31 octobre a toujours été le soir considéré comme étant le moment le plus propice pour entrer en contact avec les morts. Cette année là ne faisait pas exception, et le traditionnel banquet d’Halloween allait bientôt commencer. Demelza Smethley, Directrice de Poudlard et confortablement installée dans son bureau, sirotait sa tasse de thé en songeant au départ des festivités. Les Elfes de Maison s’étaient donné beaucoup de mal afin de satisfaire les papilles de chaque élève et étudiant de Poudlard, et la Directrice savait pertinemment que cette soirée serait une grande réussite.

Devant la grille de Poudlard, les étudiants commençaient à arriver. Il était rare qu’autant soient présents pour le repas du soir, mis à part pour les internes, mais le banquet était une occasion spéciale pour porter ses plus beaux attirails et manger un repas complet et excellent. Néanmoins, une surprise les attendaient, au pied des grilles de Poudlard. Une estrade avait été installée, bloquant l’accès, et du mouvement semblait se faire sans que l’on puisse identifier le ou les responsables.

Depuis son bureau, Demelza Smethley eut vent de l’agitation, et un long soupir fatigué lui échappa, tandis qu’elle se massait les tempes d’avance. Elle aurait dû se douter que quelqu’un, quelque chose, viendrait perturber son programme pourtant si parfait. Une grimace sévère déforma ses traits, et elle se leva avec la ferme intention d’aller déloger les perturbateurs.

Plus bas, les étudiants bloqués commencent à se demander ce qu’il se passe… Et un seul a la réponse.



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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeSam 5 Aoû - 18:55

Logan prit une profonde inspiration en fermant les yeux. La salvation qu’il espérait ne vint pas : ses intestins restaient tordus dans une douleur qui lui crispait le ventre. Il avait beau se retourner son plan dans sa tête, il ne parvenait pas à se rassurer quant à l’issue du coup qu’il s’apprêtait à porter. A vrai dire, plus il repassait les étapes du plan en revue, plus il avait l’impression que chacune d’entre elles était la pire idée qu’il ait pu avoir.

L’étudiant rouvrit les yeux en se massant machinalement l’estomac en posant son regard sur la femme qui se tenait devant lui. Ses yeux, qu’il savait témoins de son inquiétude, croisèrent ceux d’Elsa Wilson. Il réajusta son écharpe aux couleurs de la maison de Godric Gryffondor pour parfaire son aise face au froid automnal qui s’était depuis plusieurs jours durablement installé dans les highlands environnant le château. Sa main passa lentement sur l’écharpe comme si la laine écarlate frappée du blason au lion vaillant pouvait lui offrir un surplus de courage et de bravoure afin de poursuivre son oeuvre.

De toute façon, il ne pouvait plus reculer. Elsa, Caleb et lui avaient été trop loin pour ça. Elsa était déjà au courant de bien des choses en ce qui concerne le Monde Sorcier, pour une Moldue en tout cas. L’étudiant avait estimé qu’en tant que mère de deux fils sorciers, elle avait le droit de savoir dans quel monde le seul qu’il lui restait serait amené à vivre. De toute façon, pour faire valoir ses droits et ceux de son fils, ainsi que ceux de toutes ces personnes qui vivent potentiellement le même calvaire, il fallait faire quelque chose de concret. Plus concret que de simples échanges.

Il avait essayé plus tôt la diplomatie avec le Professeur Smethley, pour une simple minute de silence en mémoire de Aiden Wilson. Résultat : un “Non” des plus catégoriques, de ceux qui invitent leur destinataire à simplement fermer sa bouche et quitter les lieux. Cet échange avait convaincu le jeune sorcier qu’en l'occurrence, ils devraient se débrouiller seuls, Elsa et lui, pour pouvoir rendre justice à la famille Wilson. Pour cela, il fallait quelque chose de spectaculaire. Et quoi de plus spectaculaire qu’une Moldue aux portes de Poudlard pour faire un discour ?

Logan se redressa et profita d’une nouvelle inspiration pour reprendre un peu de contenance, et se tourna vers Elsa :
Vous êtes prête ?” demanda-t-il sur un ton qui se voulait calme et empathique, comme pour lui dire que si elle ne le souhaitait plus - ce dont il doutait vu le volontarisme dont la mère avait fait preuve lorsqu’il lui avait proposé cette idée - ils pouvaient faire marche arrière. Peu importe ce qu’il ressentait lui, dont le sens du devoir le poussait à continuer jusqu’au bout : c’était à elle et à son fils de choisir.

Voyant qu’elle ne semblait pas vouloir reculer, il hocha la tête et monta les petites marches sur le côté de l’estrade, autour de laquelle s’amassaient de plus en plus de monde. Il sortit sa baguette de la poche intérieure de son blouson et pointa sa pomme d’Adam en murmurant “Sonorus”. Il s’approcha du bord de l’estrade et, d’une voix calme aux accents malicieux, il commença :
Bonsoir Poudlard.

Ces quelques mots retentirent avec force et il lui sembla même l’entendre se répercuter contre les montagnes les plus proches.
Vous devez tous - élèves comme professeurs - vous demander ce que fabrique Logan Bishop à empêcher l’entrée dans l’enceinte de l’école.” Il marqua une brève pause avant de reprendre “La raison est la suivante : rendre hommage aux morts, comme il en est la coutume dans la région depuis des siècles, le 31 octobre. J’aurais préféré que cet hommage soit fait dans la Grande Salle, durant le banquet d’Halloween, de la bouche de notre Directrice, mais malheureusement, elle a préféré refuser cette idée. Sûrement qu’elle craignait d’alarmer ses chers élèves et leurs parents. Pourtant, vous avez le droit de savoir. Vous avez le droit de savoir pourquoi Aiden Wilson n’est pas revenu à Poudlard.

Il marqua une pause pour se retourner vers Elsa et Caleb, cherchant la meilleure formule pour annoncer la terrible vérité qui constituait pourtant leur quotidien à eux deux.
Aiden Wilson a été assassiné.

Ces mots avaient franchi ses lèvres plus rapidement et plus sèchement qu’il ne s’y attendait. Il contempla la bombe qu’il venait de lâcher sur Poudlard à travers les regards dans l’assemblée. Des regards médusés, des mines sceptiques, des visages réprobateurs.
Pas par un loup-garou, ni toute autre créature a priori dangereuse, ni même un sorcier. Aiden Wilson a été tué au cours d’un lynchage dans un parc, en plein coeur de Londres. Depuis, sa mère et son petit frère sont pourchassés par ces soi-disant milices du Pape, sans pouvoir demander de l’aide à des gens comme son fils.

Il ne s’était pas rendu compte à quel point il avait adopté au cours de sa reprise un ton accusateur et révolté. Il marqua une nouvelle pause pour reprendre ses esprits : il avait besoin de penser clairement, sans intervention de ses émotions. Il reprit sur un rythme qui se voulait plus calme :
Aujourd’hui, je lui ai permis de venir jusqu’ici, malgré le fait qu’elle soit une Moldue, afin qu’elle puisse partager son malheur avec vous. Si vous avez un minimum de décence, un minimum de respect… Vous l’écouterez. Non seulement pour rendre hommage à Aiden, mais aussi pour rendre hommage à toutes ces familles qui sont prises au piège entre un monde qui les craint et les hait et un autre qui ne leur adresse que de l’indifférence.

Il se tourna vers Elsa, et lui fit signe d’approcher.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeSam 5 Aoû - 23:40

« Vous êtes prête ? »

Non. Elsa ne l'était pas, et ne l'avait jamais été. On ne devient jamais prêt pour ce genre de choses, on n'est jamais prêt à perdre un enfant, jamais prêt à le pleurer des heures entières, tous les jours de sa vie, jamais prêt à devoir hurler au monde une trop grande injustice, trop cruelle, aussi, qui dévore puis gangrène le cœur auquel elle s'accroche. On n'est jamais prêt à monter sur une estrade pour relater le moment le plus dur de toute une vie, ce moment où une partie de notre âme s'est retrouvée arrachée de nous pour ne plus jamais nous être rendue. On n'est jamais prêt pour ce genre de choses. Pourtant, ce sont des choses nécessaires, pour lesquelles témoigner devient vital.

« Oui. »

Un mot, unique, précis, presque tranchant, détruisant les derniers doutes, cette volonté cruelle lui murmurant de rebrousser chemin, de fermer les yeux pour s'allonger et ne plus jamais penser, ne plus jamais voir, non plus, ces terribles images à jamais gravées sur la rétine. Indélébiles. Malgré tous ses efforts, malgré toute la volonté qu'elle y mettait, le visage à la peau noire, carbonisée par la Haine affolée de ces monstres, lui revenait toujours en mémoire. Aiden qui soufflait ses bougies. Noir. Aiden qui jouait au football avec son père. Noir. Aiden qui pleurait pour obtenir un jouet quelconque. Noir. Aiden qui lui souriait, de ce si grand sourire qu'elle ne reverrait plus jamais. Noir.

Toutes ses pensées, tous ses souvenirs, se superposaient dramatiquement avec celui de cette table d'autopsie, dans ce lieu si froid, si dénué de vie où elle aurait voulu ne jamais avoir à se rendre. Toute sa vie était hantée par cet endroit qu'elle n'avait jamais vraiment pu quitter et qu'elle ne quitterait probablement plus jamais. Le tout était de ne jamais plus s'y retrouver. Et pour ça... Il était nécessaire, absolument vital, même, qu'elle pose des mots sur l'horreur, qu'elle ouvre les yeux au monde et que le nom d'Aiden résonne à nouveau dans les mémoires de ceux qui, déjà, tendaient à l'oublier. Son bébé ne serait pas parti en vain. Jamais. Elsa ne supportait pas cette idée et se refusait à penser le contraire. Son bébé, son si grand garçon, son presque jeune homme, parti trop tôt, jamais assez tard, devait continuer de vivre dans le cœur de ces gens qui étaient censés l'avoir aimé, rien qu'un peu, rien qu'un instant, pour un sourire, un regard, un éclat de rire, un espoir, quelque chose, quelque part, qui avait appartenu à Aiden et qui désormais, n'appartenait qu'au passé. Elsa se devait de ranimer la flamme, cette flamme dévastatrice qui était un jour arrivée dans sa vie et qui, en un soir, un instant, une seconde, peut être, lui avait presque tout volé. De sa vie d'avant ne restaient que des souvenirs et les yeux inquiets d'un second petit garçon qui n'avait plus qu'elle, plus que cette mère détruite de trop de façons différentes et qui se devait de n'en rien montrer. Caleb n'avait plus qu'elle, et c'était pour lui qu'elle se battrait.

« Bonsoir Poudlard. »

Poudlard. Un endroit rêvé, presque chimère au cœur d'une vie emprunte d'un réalisme à l'implacable dureté. Poudlard, brusquement devenu cauchemar lorsque ses portes avaient refusé de s'ouvrir pour elle, pour Lui, surtout, silencieux témoin d'un malheur dont il n'avait rien à faire. Poudlard. Brusquement redevenu espoir lorsque lui était apparu ce garçon, presque providentiel, aux couleurs rouge et or, comme celles qu'avait si fièrement porté son fils pendant ses années passées là-bas. Ces mêmes couleurs qui lui fournissaient le courage d'affronter les regards, sceptiques, juges ou critiques, alors que ses doigts s'entremêlaient dans une écharpe qu'elle n'arrivait plus vraiment à quitter. Son autre main, elle, s'accrochait à la vie qui pulsait encore dans le cœur de Caleb, cette vie si précieuse, si intense, si belle et si puissante, qui ne demandait qu'à s'épanouir, et ce malgré la haine, malgré le malheur et toute sa peine, cette vie qui se voulait brûlant espoir, réponse insolente au nez de ces gens qui conjuguaient l'Horreur à tous les temps.

« Aiden Wilson a été assassiné. »

Les mots heurtèrent deux âmes en un instant et les larmes, déjà présentes depuis longtemps dans les regards, menacèrent soudain de céder et de couler pour ne plus jamais s'arrêter. Les mots faisaient mal. Les mots faisaient mal, et pourtant, Elsa les savait nécessaires. Sa main serra plus fort, plus tendrement aussi, les doigts de Caleb dans une étreinte absolument protectrice. Ses yeux cherchèrent ceux de l'enfant qui les lui offrit volontiers. Aussi, lorsque la voix de Logan mourut dans les murmures de la foule et qu'il les appela à le rejoindre, c'est ensemble qu'ils firent les pas nécessaires.

« B-bonsoir à tous. »

Seuls des regards, bienveillants ou non, se risquèrent à lui répondre. La main de Caleb serra plus fort la sienne.

« J-je... »

Les mots se bloquèrent dans sa gorge et, un temps, le silence remplaça sa voix. Des murmures éclatèrent partout dans la foule et ce qui se présentait comme une violente désapprobation, réelle ou non, heurta Elsa en plein visage. Avalant difficilement sa salive, elle prit le temps de fermer les yeux durant une très longue minute. Alors, progressivement, les traits de son fils s'imposèrent à son esprit et le timbre si particulier de sa voix résonna dans son esprit.

« Maman, il faut que je te montre un truc !
- Je croyais que c'était interdit ?
- Mais c'est pas pareeeeil, tu vas voir ! Tiens, regarde...
- … C'est juste un savon, ça, mon cœur.
- Mais nooon, regarde mieux. Essaye de le prendre, tu vas voir. »


Les éclats de rire qui avaient suivi sa tentative infructueuse envahirent son esprit et doucement, le calme s'insinua à son tour dans le cœur tourmenté de la jeune mère.

Les éclats de rire qui avaient suivi sa tentative infructueuse envahirent son esprit et doucement, le calme s'insinua à son tour dans le cœur tourmenté de la jeune mère.

« Aiden... Aiden était... un garçon enjoué, au sourire presque désarmant. Il avait un regard magnifique, deux yeux pleins de curiosité et imprégnés d'une joie de vivre que je n'oublierai jamais. I-il... »

Une inspiration.

« Il avait ces boucles, qui... s'emmêlaient tout le temps, mais qu'il refusait toujours de couper. J-je passais des heures à le démêler. U-une fois, i-il est rentré après avoir joué dans un parc et il avait attrapé toutes ces petites plantes collantes dans les cheveux... J-je me souviens avoir passé des heures à les retirer, une à une. »

Un sanglot étouffé.

« A-avec son frère, il était toujours prévenant... C-c'était un grand frère idéal, c-celui... Celui dont rêvent toutes les mères. I-il l'emmenait jouer, quand je n'avais pas le temps, après que son père nous ait quittés... Il lui lisait des histoires et-...
- Et une fois, quand j'étais malade, il est resté toute la nuit avec moi parce que j'avais très mal. Il m'a même prêté son doudou et il m'a chanté une chanson trop bien ! Même qu'après, c'est lui qui est tombé malade ! »


Deux regards croisés, emprunts d'un même manque, d'une même douleur. Celle de la perte d'un être bien trop cher à leur cœur. Deux mains se liant plus fort encore, puisant du courage dans le contact de l'autre.

« A-Aiden était... un garçon courageux, un peu farceur, aussi. I-il y a eu cette soirée où... il m'a rapporté des bonbons, d'ici. Il avait... des étoiles dans les yeux, et ce moment... est gravé à jamais dans ma mémoire. Comme tous les autres. I-il avait cette façon de rire... C-ce n'était pas comme les autres, c'était communicatif. I-il savait nous redonner le sourire qu-quand ça n'allait pas... »

Un sourire, vague, lointain.

« C'était un garçon formidable... »

Le sourire mourut pour laisser place au silence. L'instant fatidique survint plus vite qu'Elsa ne le pensait.

« E-Et puis un jour... »

Un second sanglot étouffé noua sa gorge. Pourtant, Elsa devait continuer. Pour elle. Pour Caleb. Mais surtout pour Lui.

« J-je me souviens, c-c'était un mardi... »

Son regard se perdit dans un vide qui n'en avait que le nom. Dans sa mémoire se rejouèrent des événements qu'elle n'oubliait jamais.

« J-j'étais allée faire des courses p-pour le repas du soir, i-il... me manquait du lait e-et deux œufs... J-j'avais utilisé les derniers pour le repas du midi. P-pour faire une tarte aux épinards. »

La voix, qui se voulait si forte et si courageuse, se brisa sur l'écume de ses sanglots.

« Aiden détestait les épinards... »


Les sanglots menacèrent de la submerger tandis que dans son esprit s'imprimait le visage dégoûté de son fils, son tout petit, tandis qu'il observait avec dédain son dernier repas. Le regard accusateur, la moue mécontente, la fourchette traînant un peu trop longtemps dans une assiette toujours pleine et le ton qui, inlassablement, était monté dans les tours. Les larmes dévalèrent presque violemment les joues coupables. Pourtant, Elsa tint bon.

« J-je lui ai servi un plat qu'il détestait. I-il est parti jouer dehors e-et... M-moi je suis allée faire les courses. J-je voulais lui faire un gâteau. »

Une longue inspiration, difficile, éreintante. Le poids des mots sur la conscience.

« E-et... Donc, j-j'ai acheté mon lait e-et puis mes œufs e-et je suis passée devant ces télés... »

La voix se brisa à nouveau, tandis que la scène se déroulait inlassablement dans son esprit. Les télés, l'attroupement, et...

« I-il y avait des gens. I-ils se disputaient, e-et puis l'une d'entre eux a... »

Ses yeux cherchèrent une force qu'elle ne trouvait plus, qu'elle ne se savait plus capable de trouver, qui ne reviendrait jamais plus.

« E-Elle a prononcé le nom du Square o-où Aiden était parti jouer... ! »

Les sanglots lui saisirent la gorge et Elsa fut dans l'obligation de s'arrêter. Plusieurs minutes s'écoulèrent d'un silence pesant.

« J-j'ai... J-je... J-je suis venue regarder e-et... J-j'ai essayé d'appeler à la maison. J-j'ai essayé plusieurs fois, j-je me suis acharnée sur ce maudit combiné m-mais non, j-je ne pouvais pas le joindre, j-je n'y arrivais pas, e-et alors que je paniquais, u-un policier a cherché à faire taire le journaliste. L-lorsqu'il l'a maîtrisé... I-il... J-je... Wilson... I-il... »


Sa respiration s'accéléra, plus fort, plus fort, trop fort. Ses yeux cherchèrent, cherchèrent sans trouver un point d'ancrage parmi la foule, parmi les visages tournés vers elle, l'écoutant sans savoir, sans comprendre la douleur d'un cœur détruit à tout jamais. C'est en son fils qu'elle le trouva, ce courage égaré, le seul qui sache, qui comprenne une douleur qu'elle ne lui montrait pourtant jamais. Ses yeux remplis de larmes, les larmes dévorant ses joues, toutes ces choses lui donnèrent la force de se reprendre. Encore.

« C-C'était lui. I-ils... C-ces monstres l'ont... Immolé par le feu. I-il était vivant. I-il était vivant quand ils l'ont accroché sur leur croix, qu-quand le feu a démarré, i-il était vivant. I-il a hurlé. I-il a hurlé et... e-et vous savez ce qui est le pire ? C-c'est qu'on l'a tué car on croyait le voir jouer avec la magie. M-mais Aiden n'avait même pas sa baguette. S-sa baguette était à la maison. Sa baguette était à la maison ! »

Les sanglots redoublèrent, prirent à nouveau le pas sur une voix qui ne voulait pas, ne pouvait pas prononcer les mots suivants, ces mots si destructeurs tant le souvenir qui lui revenait était glaçant. Après une période de vide, il y avait eu la morgue.

« J-j'ai été appelée à me rendre à-à la morgue p-pour l'identification d-du-... Caleb, s-s'il te plaît, bouge tes oreilles. J-je ne veux pas que tu entendes ça. »

Docilement, le petit garçon s'y résolut et chercha à se jeter dans les bras de Logan. C'était trop dur pour lui aussi. Une fois assurée que Caleb ne pourrait pas entendre, Elsa poursuivit.

« L-la pièce était horrible. A-Aiden aurait détesté. I-il aimait les couleurs, l-la vie... I-il détestait le blanc e-et là, i-il y en avait partout. I-il n'y avait que lui, a-au centre de la table e-et quand j'ai soulevé le drap, i-il était méconnaissable. I-il... S-sa peau... S-son expression, e-elle était... »

Un sanglot, plus fort que tous les autres.

« H-horrifiée. Torturée. I-il était écrit partout sur son corps qu-qu'il avait... atrocement souffert. E-et ses cheveux i-ils... P-plus aucuns... I-il était là e-et moi j-je... M-moi je n'avais pas su le protéger. M-moi je n'avais pas su l'aimer, j-j'étais là e-et l-lui, i-il ne l'était plus. I-il était... I-il... J-je... I-il... I-... Il était parti.. ! Parti, parti, parti, parti... »

Alors, les jambes d'Elsa se dérobèrent et c'est à genoux qu'elle tomba, sanglotant si fort que ceux-ci résonnèrent dans l'immensité de Poudlard.

« D-de lui i-il ne me reste qu'une boîte. Vous entendez ? Rien qu'une boîte ! J-je- je- j-je ne peux pas vous laisser le droit d'oublier. J-je ne peux pas laisser quiconque ici l'oublier. A-Aiden ne méritait pas ça. I-il méritait qu'on l'aime. I-il méritait un avenir, i-il méritait de pouvoir rire encore des dizaines d'années ! I-il ne méritait pas ça ! Il ne méritait pas de souffrir comme ça ! I-il... J-j'aurais voulu qu'il vive à ma place. J'aurais tout donné pour mourir à sa place. Tout. »

Le corps d'Elsa était secoué de trop de peine, de trop de douleur, de trop de colère, de trop de ressentiment, de trop de choses. Les larmes allaient sur ses joues à la manière de deux fleuves bercés par les orages et pourtant, tout au fond de ses yeux, si profondément qu'il fallait presque forcer pour l'apercevoir, une étincelle de courage se ranima. D'abord discrète, elle s'embrasa au fil des sanglots. De flammèche, elle devint incendie. De ces incendies que personne n'arrêtera jamais.

« M-mais je suis là. M-moi... Je suis en vie. E-et j'ai un fils, un autre fils qui a besoin de sa mère. C-c'est pour ça que j'ai décidé de me battre. Pour que plus jamais... U-une autre mère n'ait le devoir de se rendre à la morgue p-pour... identifier le corps carbonisé d'un enfant qu'elle a aimé plus fort qu'elle-même. P-pour que plus personne n'apprenne qu'une bande de fanatiques a détruit presque toute sa vie. P-pour que plus personne n'ait besoin de fuir. P-pour que tout le monde ait le droit d'avoir un endroit où dormir, où se sentir chez soi, p-pour que plus personne ne vive la peur au ventre. P-pour que ces monstres de Haine ne puissent plus la propager. E-Et puis surtout... Pour que plus personne ne puisse oublier Aiden. »

Alors, comme les flancs d'un volcan se recouvrent plus encore de vie après le passage de la lave, Elsa se redressa. Et elle était belle. Elle était belle de ces larmes désespérées qui avaient maculé son visage. Elle était belle par le regard rougi qu'elle portait sur le monde. Elle était belle dans sa détresse, mais surtout dans sa capacité à aller de l'avant. Malgré la mort, malgré la peine, malgré la Haine. Un dernier regard plein de détermination à la foule, une dernière révérence à la misère, puis Elsa alla chercher les bras de la seule personne qui lui restait en ce monde, de celui pour qui elle se dresserait contre un tsunami si cela s'avérait nécessaire, Caleb.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeLun 7 Aoû - 0:16



In Memoriam
Intrigue Halloween - 31 octobre 2020


Le mois d'octobre avait filé en un éclair. Entre THE night it happened, son empoisonnement raté - une occasion manquée peut-être - et la disparition de Pedro Mortimez... Les semaines avaient semblé être des secondes. Shae ressassait sans pouvoir s'arrêter la nuit où elle avait débarqué au Manoir Mortimez, et l'avait trouvé vide, froid, abandonné comme elle-même l'était. Passé la stupeur, l'angoisse, la rage était venue.
Brutale. Et Shae avait pris des décisions douteuses. Se jeter dans les bras d'Aristide Howard de Norfolk en faisait définitivement partie, mais à l'instant présent, elle ne pouvait pas dire qu'elle regrettait. Sa présence quasiment constante dans sa vie était rassurante, et l'avantage physique qu'il prodiguait n'était pas à dénigrer. Enfin, si il avait pu seulement arrêter de lui sourire comme un idiot après chaque partie de jambes en l'air, elle aurait su l'apprécier à sa juste valeur. Mais non, le voilà qui souriait encore, béatement, à croire qu'elle avait le Saint Esprit entre les jambes. Elle leva les yeux au ciel et partit se doucher, claquant la porte. Elle devait se préparer pour le banquet.

Dans tout ce foutoir sans suite logique et sans contrôle qu'était devenu sa vie récemment, il existait fort heureusement des points fixes. Halloween, et son banquet à Poudlard en faisaient partie. Vivre dans la Chaolocation lui avait enseigné une leçon : quand il y avait de la bouffe gratuite, autant foncer. Ruth ne savait pas cuisiner, Logan n'avait pas le temps d'être une parfaite mère au foyer, et Aristide... elle préférait ne pas imaginer le désastre. Elle-même ne toucherait aux fourneaux qu'avec une distance de sécurité pré-requise de 500 mètres. Autant dire que les pots de nouille instantanées se vidaient plus vite que le compte en banque d'un toxico, dans leur appart. Ce qui lui faisait penser - elle devait absolument ramener des Tupperware au banquet. Ne pas gâcher les restes, c'était la moindre des choses. Pouvoir manger des repas équilibrés pendant toute une semaine... c'en était du luxe. Sortant de la douche, Shae ramena ses cheveux humides en un chignon bancal sur le haut de son crâne et entreprit de se brosser les dents après avoir enfilé ses vêtements de fête favoris - aka son jean déchiré et un tshirt troué.

Les années 90 ont rappelé - elles veulent leurs fringues. Soulignant son regard d'un trait d'eye-liner, la jeune sorcière finit par sortir de la salle de bain, s'allumant une cigarette en attendant que son ... partenaire de lit ? ne se fasse beau à son tour, morose. Elle oscillait constamment entre extrêmes ces temps ci, se balançant sur un fil inégal perché à des milliers de mètre d'altitude. Et elle allait forcément basculer, à un moment ou un autre. Elle espérait simplement ne pas commettre d'erreur trop grande. La haine froide dans laquelle son esprit baignait la coupait du reste du monde, et elle savait pertinemment qu'elle était encore plus revêche et cassante que d'ordinaire, inquiétant Logan, Ruth, et même Aristide pourtant habitué à son caractère de chien. Enfin, il la sortit de sa songerie morbide, et lui offrit son bras, qu'elle attrapa sans ménagement, sa veste oversize en cuir sur les épaules pour compléter son look de punk grunge ratée, notant avec une esquisse de sourire qu'il portait la veste qu'elle lui avait offert sur un coup de tête une semaine auparavant. Transplaner lui était venu assez aisément. S'évoquant la grille de Poudlard, elle prit une grande inspiration, agrippant le bras d'Aristide, et effectua un transplanage irréprochable.

La grille de Poudlard se tenait à une centaine de mètres d'eux, et elle l'observa d'un air renfrogné, s'allumant une clope. Un nouveau sourire de son compagnon acheva de mettre ses nerfs en périls, et elle lâcha d'un ton sec, sans se retenir

- Arrête de sourire comme un imbécile à chaque fois qu'on baise Howard. C'est presque pathétique.

Elle se mit à avancer vers la grille sans le regarder, ignorant et écrasant avec hargne la pointe de culpabilité lui pinçant le coeur. Il ne méritait pas un tel traitement, mais elle n'était pas d'humeur à entendre raison. Et encore moins à admettre qu'elle éprouvait pour lui des sentiments plus tenaces que la simple attirance sexuelle. L'amour, songeait-elle désormais, c'était bon pour les Poufsouffles et les abrutis. Elle ne perdrait plus son temps avec de telles sornettes. Jamais. Elle en était bien convaincue. La foule soudaine vint bloquer ses pensées déterminées, et elle arqua les sourcils, tirant une bouffée de cigarette, sa voix rauque surplombant le bruit de foule.

- C'est quoi c'bordel ?

Jouant des coudes, elle se trouva face à une scène des plus inattendues. Logan, son colocataire et accessoirement ce qu'elle avait de plus proche d'un meilleur ami était perché sur l'estrade, l'air grave. Une femme blonde et son enfant attendaient derrière lui, l'air terrifiés et plus bas que terre. Logan semblait excessivement stressé également. Il ne bloquerait pas les grilles pour rien. Shae se tourna, cherchant le regard d'Aristide, le trouvant et lui faisant signe d'approcher malgré le froid qu'elle avait jeté quelques minutes auparavant.

- T'étais au courant de ça toi ?

Son regard parla pour lui, et elle se retourna vers Logan, un poil inquiète, attendant qu'il explique sa venue. Le sonorus et ce qui suivit firent lumière sur la situation, et elle sentit sa gorge se serrer. Merde. Un gamin était mort. Et personne n'avait rien dit. Ni Smethley, ni la Gazette. Le regard de la jeune femme s'assombrit tandis que la mère du môme s'avançait, comme chancelante, et se mettait, d'une voix brisée, à raconter. L'histoire était insupportable. L'amour de la mère, impossible à ignorer, sa souffrance, impossible à éviter. Toute la scène était trop intense pour Shae qui recula de quelques pas, son teint passant de pâlichon à blême. La haine qui lui rongeait les entrailles trouvaient un nouvel exécutoire, mêlé à la terreur qui lui rongeait le cerveau depuis des semaines. Le récit d'Elsa, celui de son enfant brûlé vif, faisait par trop de fois référence aux images des enfants du Pérou, carbonisés par Maya, deux mois auparavant. Shae se sentit nauséeuse, sur le point de vomir. Elle ne pouvait pas rester ici, impassible. Pleurer était hors de question, et de toute façon, peu probable. Elle n'exprimait pas ses sentiments en public.

Céder à une nouvelle crise de panique n'était pas une option non plus. La seule possibilité qu'elle avait était de rester droite comme un i, tendue et blême, à lutter contre son envie de prendre ses jambes à son cou, par respect pour la mère du gosse, par respect pour Logan, et probablement énormément par peur d'être vue pour ce qu'elle était réellement si elle fuyait : une putain de trouillarde. Elle crispa la mâchoire, et un réflexe lui fit saisir la main d'Aristide, serrant ses doigts entre les siens tandis que son visage restait pâle comme la mort. La fin du discours la ramena à la réalité tandis que des murmures et de sanglots s'élevaient, touchés par le discours de la femme. Shae ne pouvait réfléchir normalement. Il fallait bien qu'elle fasse quelque chose, pétrifiée entre les flashs de ses propres horreurs et son imagination vivace aidée par les nombreux détails donnés par la voix brisée d'une mère au bout du rouleau. Presque mécaniquement, elle attrapa sa baguette, et la leva, un geste simple. Illuminée d'un Lumos, le bout de sa baguette, droite dans les cieux couverts du mois d'octobre écossais, semblable à une luciole, témoignait de tout ce dont la jeune femme était incapable d'exprimer.

Un hommage. Un gage de respect. Une promesse. Celle de ne pas oublier, et celle de tout faire pour que ça ne se reproduise jamais. Cette promesse, elle se l'était déjà faite, quand elle avait dû enterrer les corps d'enfants et d'adultes anonymes carbonisés dans une fosse creusée au Pérou. Preuve était qu'elle l'avait faite en vain, puisqu'un autre enfant était mort d'une façon affreusement identique. Et pendant tout ce temps, elle n'avait pas lâché les doigts d'Aristide, maladroitement entremêlés aux siens.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeLun 7 Aoû - 0:56

31 Octobre 2020
Le jeune étudiant avait rejoint Pré-au-Lard comme beaucoup d’autres étudiants et élèves. Il marchait, les mains dans les poches, sa baguette ne le quittant jamais. Le vent soufflait et le jeune homme s’était couvert, portant une veste pour éviter d’avoir trop froid hors de l’imposant château. Il suivait le chemin menant au grand portail, il y avait du monde. Il ne fit pas particulièrement attention, saluant des connaissances, des camarades, souriant. Un sourire qui ne le quittait jamais, et ce n’était pas le temps grisâtre ni la pluie qui s’annonçait qui chasserait son humeur. C’était un jour spécial, Halloween. Il y avait un banquet, comme à chaque fois, avec des décorations. Il avait vraiment hâte de rentrer dans le château, de tremper ses lèvres dans une boisson chaude pour se réchauffer et de sentir un feu crépiter non loin. Et puis, en avançant, il constata que quelque chose clochait. Pourquoi de nombreux élèves et étudiants étaient amassés ? Pourquoi ils ne rentraient pas ? Il ne comprenait pas les raisons de cet attroupement et joua des coudes, se dirigeant vers le portail pour apercevoir la source de ce blocage.

Il ne fut pas long à remarquer une estrade au pied des grilles de l’école, bloquant l’accès. Il y avait du mouvement et il réussit à s’approcher davantage, se mettant aux premières loges. Il entendait les bruits de conversations et tout le monde semblait plongé dans la même incompréhension, certains se jetant des regards intrigués. Des personnes se tenaient sur une estrade, un étudiant qu’il connaissait, Logan Bishop, un ancien Gryffondor, tout comme lui. Il n’était pas seul. Il était accompagné d’une femme, à en juger par son apparence elle devait avoir la trentaine sans pouvoir lui donner un âge exact. Il se demandait qui était cette femme et ce qu’elle faisait ici, à Poudlard. Il ne l’avait jamais vu auparavant et il était persuadé qu’elle n’était pas une nouvelle professeure.

L’ancien Gryffondor prit la parole, il avait réussi à capter l’attention de toutes les personnes rassemblées devant les grilles. Le rouquin ne le quittait pas des yeux et l’écouta attentivement, prenant son sérieux. Bishop avait le sens du discours, il avait réussi à captiver rapidement le rouquin. Son regard se posa sur lui, puis sur la femme avant de revenir sur l’orateur. Oui, ils avaient le droit de savoir. Il ne savait pourtant encore rien mais il était du même avis. Il entendit le nom d’Aiden Wilson. Il ne connaissait pas tous les élèves, loin de là mais s’il ne se trompait pas c’était un jeune qui ne devait même pas être en troisième année. C’était encore un peu flou pour lui. Il devait avoir entendu son nom au cours d’une des dernières cérémonies de répartitions, il avait peut-être même pût le croiser au détour d’un couloir ou s’installer à côté au cours d’un repas. Son visage se figea en entendant les mots du jeune homme. Mort ? De nombreuses questions envahissaient déjà son esprit, il avait besoin de réponse. Pourquoi la Directrice voulait taire une telle chose, la garder dans le silence. Oui, ils avaient le droit de savoir, plus que jamais. Il sentit son cœur louper un battement en entant le mot que prononça Bishop. Lynchage. Rien que de penser qu’un jeune enfant puisse être victime de violence le mettait mal, alors un enfant victime de lynchage. L’accusation était lancée, les responsables dévoilés. Ed ne savait pas trop ou se mettre, lui qui était né-moldu, comme beaucoup d’autres élèves et étudiants. Il n’avait rien contre les moldus, se sentant parmi eux aussi bien que parmi les sorciers, vivant entre deux mondes, semblables et que tout opposaient pourtant. Le garçon avait de belles paroles. La jeune femme était donc une moldue, mère de deux enfants sorciers, des nés-moldus, comme lui. Il hocha la tête en guise d’approbation, il savait ce que ça faisait de devoir vivre entre ces deux univers mais ne s’était jamais posé la question de ce que pouvait ressentir un père ou une mère, de ce que pouvait ressentir son père.

La femme avait son fils à ses côtés, il comprit que c’était la dernière chose qui lui restait, la seule chose qui lui permettait de tenir. Elle n’avait pas encore commencé à parler. Il admirait qu’elle se tienne ici devant eux, après avoir perdu un fils, ne pouvant imaginer la douleur qu’elle pouvait ressentir mais voulant l’aider à porter ce lourd fardeau. Oui, il commençait à se rappeler de ce jeune garçon dont la vie fut cruellement arrachée. Il était à Gryffondor, il l’avait connu, peu mais c’était suffisant pour se sentir affecté. En fait, peu importait sa maison, il aurait pût être dans une autre maison, la douleur aurait été la même. C’était dans ces moments, les moments les plus durs, les plus sombres qu’ils devaient tous se serrer les coudes, s’unir, peu importe leur différence.
Il regarda la femme et son jeune fils avec bienveillance, ne la quittant plus des yeux. Comment aurait-elle pût ne pas être bouleversée après avoir perdu son enfant ? Comment trouvait-elle la force de se tenir ici, devant eux ? Il la regardait en silence, attristée devant sa douleur. Une douleur qu’il ne pouvait tout juste imaginer. Une douleur qui ne devait jamais s’effacer, pas même avec le temps.
Il écoutait la jeune femme, incapable de prononcer un mot et même s’il l’avait pût, il n’aurait rien dit. Le silence étant parfois bien plus puissant que des mots. Il sentit une larme couler le long de sa joue. Pourtant il n’avait perdu personne, et malgré cela, c’est comme si un vide c’était installé en lui. Un vide que rien ne pourrait combler, c’était ce que devait ressentir la jeune femme avec une plus grande intensité, un vide qui devait la ronger de l’intérieur. Il n’imaginait pas l’épreuve que traversait la jeune femme, qui racontait l’horreur, la pire chose qu’elle avait vécu. Il pouvait voir les larmes couler sur ses joues, pourtant elle arrivait à puiser au plus profond d’elle-même pour tenir debout, pour continuer, pour que personne n’oublie jamais. Il sentit un haut le cœur le traverser quand vient le moment fatidique. Il ne voulait pas imaginer la scène, ne parvenait pas à imaginer une telle cruauté envers un jeune garçon. Comment pouvait-on faire une chose pareille ? Il se sentait atteint. Parce que ça aurait pût être lui, parce que Aiden était chacun d’eux et qu’une part de lui vivait en eux. Le monde ne serait plus jamais pareil dorénavant. La peur, c’était ce qu’il ressentait, pour sa mère, pour son père, pour ses amis, pour tous ceux qu’ils ne connaissaient même pas, pour lui.
Il ne pouvait retenir de nouvelles larmes de couler le long de sa joue, c’était un cauchemar.
La jeune femme trouvait pourtant la force de continuer, et il l’admirait. A sa place, il n’aurait jamais tenu bon, il serait tombé, anéanti et aurait attendu, attendu que sa vie prenne fin, pour rejoindre ce qui était le plus cher à ses yeux. Un fils, une fille, un parent, tout le monde pouvait perdre des proches, mais qui pouvait vraiment s’en remettre quand une vie avait été cruellement arrachée ? Personne. Certaines blessures ne guérissaient jamais et laissaient un immense vide que rien ne pouvait remplir.
Il ne pouvait imaginer le calvaire de la jeune femme, voir ce qu’on avait fait à son fils. Et puis la femme vacilla, elle avait tellement tenu, pour son fils, pour eux, pour qu’ils puissent savoir, elle avait tellement éprouvée.

Non, ils n’avaient pas le droit de l’oublier, il ne pouvait pas oublier. Il ne méritait pas ça, personne ne le méritait. Même pas à son pire ennemi. Il ne pouvait pas ressentir ce que ressentait la mère et dire qu’il pouvait imagine serait une insulte. Il s’essuya les larmes coulées sur sa joue d’un revers de manche, les mots de la jeune femme résonnant en échos, des mots qui étaient maintenant gravées au plus profond de lui. Aiden n’était pas mort en vain, il était un de ces martyres.
Il sortit sa baguette de sa poche et la pointa vers le ciel sombre, une lueur illumina le bout de sa baguette, un éclat se distinguant dans le ciel, juste en dessous de lui. Il était peut-être le premier, peut-être avait-il été imité mais c’était la façon de montrer qu’il était concerné, une promesse faite, une promesse invisible que jamais il n’oublierait Aiden...
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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeLun 7 Aoû - 1:38

In Memoriam

intrigue Halloween

Samedi 31 octobre 2020, 19h

Callisto avait passé l'après-midi dans une salle vide à s'échauffer, danser, tournoyer jusqu'à ce que son corps entier soit endolori. L'activité –abandonnée depuis un petit moment– lui avait fait du bien, autant mentalement que physiquement. Elle avait réussi à ne plus penser aux devoirs qu'elle devait rendre, aux recherches qu'elle devait faire et à toutes les petites choses du quotidien. Pendant ces quelques heures, il n'y avait eu que le son de ses pieds sur le parquet, la faible odeur de propre après un bon Récurvite, et la sensation de ses muscles se tendant et se relâchant au rythme de ses mouvements. La dance avait toujours cet effet récupérateur sur elle, comme si ses ennuis s'envolaient pour ne plus jamais apparaître.

Soupirant de contentement, elle se laissa finalement tomber quelques instants au sol. Les yeux fermés, elle sentait les battements de son cœur résonner dans tout son corps, ainsi que la chaleur qui s'en dégageait. Elle avait réussi à recréer cette bulle de bien être total qui lui avait tant manqué depuis la rentrée. Depuis qu'elle n'avait plus vraiment de temps pour elle, qu'elle devait redoubler d'efforts pour assurer des résultats parfaits, que ses grands-parents paternels avaient recommencé à lui envoyer des hiboux –qu'elle avait retourné sans aucun message. C'était presque trop, comme lorsqu'elle s'était surmenée l'année d'avant à l'approche des examens. Sauf qu'avril n'avait pas encore pointé le bout de son nez. Et puis sa montre sonna dix-huit heures, la tirant de ses quelques instants de repos après l'entraînement. La sorcière se releva doucement et ramassa ses affaires.

Trottant silencieusement jusqu'à sa chambre, Callisto pensa au festin qui se déroulerait dans pas longtemps. Son ventre criait famine et le fait d'imaginer les divers plats de poulet, bœuf, pommes de terres et autres mets n'améliorait pas la situation mais lui mettait au moins l'eau à la bouche. La sorcière prit une douche rapide qui permit de relaxer ses muscles engourdis. Après cela, elle se prépara tout aussi vite, se maquillant à peine, enfilant des vêtements chauds, son écharpe préférée –brodée avec l'écusson des Serpentard, et donna un coup de baguette à ses cheveux pour les sécher.

Le banquet d'Halloween était toujours quelque chose de grandiose, se distinguant par son menu varié, ses décorations gourmandes et l'ambiance festive qui y régnait. Tous les ans, Callisto attendait l'événement avec impatience. Aujourd'hui, il lui permettrait de rester dans la continuité reposante de son après-midi. Elle quitta alors le complexe universitaire avec enthousiasme –et un ventre gargouillant de toutes ses forces. La nuit était humide et fraîche, assez pour que de petits nuages de condensation se forment devant la bouche de l'ex-Serpentard. Celle-ci réarrangea son écharpe pour qu'elle couvre une plus grande partie de son visage puis se joignit au flux d'étudiants en direction du château, faisant crisser l'herbe sous ses pieds.

Après quelques minutes à marcher dans la nuit tombante, elle aperçu le portail énigmatique de Poudlard, ainsi qu'une énorme foule autour. Une construction peu haute attira son attention et celle de ses compères. Elle s'approcha par curiosité, reconnaissant les angles d'un estrade dans la pénombre. Trois silhouettes s'y tenaient, et Callisto reconnut aussitôt Logan lorsqu'elle fut à même de voir leurs visages. Il avait l'air anxieux et agité, et les deux autres personnes –une femme et un petit garçon remarqua-t-elle– étaient dans un état bien pire. C'était comme si la tristesse émanait d'eux par vagues. Puis Logan parla. Elle écouta tout du long.

Aiden Wilson a été assassiné, vint la déclaration, aussi froide que la nuit autour d'eux.

L'esprit de Callisto s'agita, essayant de se rappeler d'Aiden. Elle trouva finalement ; le garçon avait été un élève de deuxième année, chez Gryffondor. Elle l'avait côtoyé quelques fois lorsqu'elle allait assister le professeur de Botanique dans ses cours. Il était gentil, agréable et toujours à poser des questions intéressantes. Logan continua, tranchant l'air de la nuit avec ses paroles au ton indigné. Les fanatiques du Pape avaient assassiné un petit garçon de douze ans. Le cœur de Callisto se serra à cette idée.

Enfin, la femme qui se tenait en retrait jusque là, la mère du petit garçon, s'avança d'un pas hésitant et commença à débiter l'histoire de son fils. Le cœur de cette femme s'ouvrait à Poudlard ce soir là. La moindre des choses était d'écouter. Tout son amour pour lui, toute sa douleur traversèrent Callisto de part en part. Les minutes passaient et le chagrin grandissait, se manifestant à travers des sanglots, et bientôt des larmes. Callisto voulait fermer ses yeux, couper tout contact avec ce qu'il se passait juste devant elle, avec l'horreur qui y était contée, mais se résolut à écouter jusqu'au bout, la gorge nouée, pour la mémoire du petit Aiden. Mais même avec les yeux ouverts, son esprit lui glissa des images d'un garçon se débattant pour sa vie alors que la femme décrivait douloureusement les circonstances de sa mort. Elle les chassa du mieux qu'elle put.

Sa gorge lui faisait mal tant elle était serrée. La femme s'était effondrée au sol, et ses sanglots résonnaient dans l'atmosphère froide de ce soir d'automne. Soudainement, Callisto réalisa que les larmes coulaient aussi sur ses joues. Elle ne bougea pas, figée par l'horreur, et les laissa dévaler son visage librement alors que son regard fixait toujours l'âme meurtrie en face d'elle.

Lorsque sa voix s'éteignit, le monde fit soudainement de même. La sorcière n'avait pas réalisé à quel point la femme sur l'estrade avait brillé, c'était comme si elle avait volé toutes les lumières du château pour les poser autour d'elle, l'accompagnant dans son récit et mettant en valeur toute sa peine, sa douleur, sa colère, son chagrin. Même sans la connaître, Callisto admirait cette femme, le courage dont elle avait fait preuve, la maîtrise d'elle-même qu'elle avait dû avoir pour parler comme elle l'avait fait, devant une foule pareille.

L'ex-Serpentard se demanda combien de personnes étaient dans cette situation, comment le Ministère faisait pour cacher de telles abominations, comment elle-même avait pu croire que tout était maîtrisé, que les sorciers et les moldus seraient en sécurité. Puis son esprit se redirigea sur la femme et son fils devant elle. Le devoir de mémoire devait être respecté, les deux cœurs brisés sur l'estrade devaient êtres respectés... et le petit Aiden aussi. Le plus important à ce moment-là était de témoigner de tout cela. Alors la sorcière leva doucement sa baguette éclairée d'un Lumos vers le ciel d'automne.
(c) sweet.lips


Dernière édition par Callisto A. Rowle le Ven 25 Aoû - 20:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeLun 7 Aoû - 17:18



In Memoriam
Intrigue Halloween - 31 octobre 2020


31 octobre 2020 - Il n'y avait pas meilleur moment dans l'année que le mois d'octobre pour observer Mercure et Jupiter. Les nuits étaient belles, le crépuscule l'était tout autant. Et l'aube. L'aube valait son pesant de gnomes au poivre ! Notre sorcier dégingandé s'était levé deux heures avant le soleil ce matin là pour pouvoir observer la danse des astres. Il avait fait couler un café, chapardé quelques biscuits dans la réserve personnelle de Ruth et apprécié le calme d'une matinée où seul, Pupuce, le canapé carnivore, avait offert ses ronflements intermittents pour venir briser cette quiétude si particulière. Aristide qui était si grincheux d'ordinaire flottait aujourd'hui sur un petit nuage de bonheur. Ça fleurait bon l'automne et les bonbecs. Le 31 octobre avait toujours couvert le monde sorcier de sa douce aura aux accents de mélancolie et de déférence. Aussi festive que la fête d'Halloween pouvait être, la célébration des morts avait une importance capitale et était respectée de tous. Poudlard ne manquait jamais de se transformer en véritable havre de sucreries, les décorations toujours plus impressionnantes d'année en année ne finissait jamais de vous émerveiller. Les personnes les plus renfrognées se laissaient avoir par la somptuosité et le faste de cette célébration automnale. L'enthousiasme général était aussi contagieux que la dragoncelle et emportait tout le monde sur son passage comme un tsunami de sucre.
Dans la chambre de Shae, allongé sur le lit défait par leur précédente étreinte, Aristide ne songeait plus à rien, son cerveau était en grève. Tout était doux lorsqu'elle et lui partageaient l'intimité d'une union physique. Dans ces instants rien qu'à eux, il lui semblait que la blonde impétueuse laissait tomber les masques. Après quoi, notre sorcier se sentait toujours euphorique et idiot sans jamais pouvoir se l'expliquer.
Il se leva, fort d'un sentiment puissant d'allégresse, et caressa avec affection la moumoute en laine de la veste que Shae lui avait offert quelques jours auparavant. Sans raisons apparentes, elle s'était ramenée furax à la Chaolocation et lui avait balancé la veste dans les bras en gueulant que c'était pour lui. Étrange Shae... Étrange petit être que cette fille imprévisible et soupe au lait.
Elle se préparait pour le banquet. Le banquet ! Le fameux banquet d'Halloween ! Notre sorcier sentimental s'habilla en vitesse et passa une main nerveuse dans ses boucles noires pour dégager son visage. Comme un gosse à la veille de Noël, il trépignait d'impatience. L'impatience de voir la lune poindre et le banquet de Poudlard commencer.
Il était prêt. Découvrant Shae qui rattrapait son trait d'eye liner, il s'appuya dos au mur et attendit patiemment. Un drôle de sentiment l'éprit. Elle était belle, elle avait ce look débraillé qui ne lui avait jamais plu à l'époque et qui pourtant le charmait aujourd'hui.

«  Je pensais que tu ne voulais pas te déguiser cette année pour Halloween… »  Lança t-il sarcastiquement en bon adepte de la blague facile.

Pas peu fier de son trait d'esprit, il tendit son bras maigrichon avec un entrain qui ne fit pas écho chez la sorcière. Elle était apparement bien décidée à remettre son manteau de morosité.
Ils transplanèrent en un instant près des grilles du château sans plus de cérémonie et avant qu'ils ne s'avancent ensemble, Shae lui envoya un scud gratuit qui le cloua sur place.
Bonjour réalité ! Ce retour sur le plancher des vaches était brutal, bien que pas vraiment nouveau. Il soupira de déception avant de se reprendre. C'était pas le moment de se ramollir ! Il balança la première réplique qui lui vint à l'esprit. Autant dire que ça ne volait pas haut et heureusement pour lui elle l'ignora royalement fonçant déjà vers... un attroupement de sorciers agglutinés devant le portail d'entrée de Poudlard. Oui... Comme disait le paillasson : C'était quoi ce bordel ?! La vérification des baguettes prenait-elle plus de temps que de coutume ? Un farceur avait-il envoyé des fusées citrouilles sur un auror ? Il suivit Shae du regard, elle faisait un boulot exemplaire pour ce qui était de se frayer brutalement un passage parmi les étudiants rassemblés. Quant à lui, surplombant la plupart de ses camarades par sa taille anormalement grande il remarqua rapidement l'estrade ainsi que... Logan ?! Son colocataire semblait agité et affichait un air grave. Une sale appréhension le saisit et il s'avança lui aussi dans la foule pour rejoindre Shae.

- T'étais au courant de ça toi ?

Il garda le silence, passant rapidement en revue les dernières fois où Logan et lui avaient échangé des banalités à la chaolocation. Non, il était loin d'être au courant. Derrière Logan se tenaient une femme et un gamin. Le mystère s'épaississait et une incompréhension totale le rendit instantanément sceptique. Plissant ses yeux verts opalescents en passant au crible de son jugement les deux personnes qui lui étaient inconnues, il fronça les sourcils.
C'est alors que Logan s'avança, sa baguette pointée vers sa gorge, réalisant un sonorus efficace.

"Bonsoir Poudlard."

Commença l'ex-gryffondor de façon bien trop protocolaire. Aristide se sentait mal à l'aise pour son colocataire. Qu'essayait-il d'accomplir exactement ? Cette solennité était terriblement gênante.

"Vous avez le droit de savoir pourquoi Aiden Wilson n’est pas revenu à Poudlard.”

Aiden qui... ? Première fois qu'il entendait ce nom, Aiden Wickwon ? À Poudlard ? Un élève donc ? De quelle année ? De quelle maison ? Pourquoi s'intéréssait-on tout à coup au départ de Poudlard de ce mystérieux Aiden Dikon ? Lorsqu'il avait lui même quitté Poudlard, personne ne lui avait construit d'estrade pour le crier à la face du monde ! Pourquoi ces visages graves ?! Et pourquoi Logan était-il impliqué dans ce bordel ? Il manquait plusieurs pièces à ce puzzle pour pouvoir faire la lumière sur les zones d'ombre. Cela manquait de sens, cette histoire sentait le sapin ! Logan enchaina, toujours aussi sec et tendu. Donnant des précisions, sans rentrer pour autant dans les détails. Aiden Wilson. Aiden Wilson avait donc été... assassiné. L'histoire se tissait à mesure que les questions se soulevaient dans l'esprit dubitatif de l'ex-Serpentard.

"Si vous avez un minimum de décence, un minimum de respect… Vous l’écouterez"

Récapitulons. La nana louche derrière et le petit avec la morve au nez, étaient donc la mère et le frère du gamin assassiné. Ils étaient, poursuivis par une soi-disant "milice du pape"...
La bonne blague. Comme théorie du complot il y avait mieux et plus vraisemblable. Sans parler d'une moldue aux grilles de Poudlard ! Comme ça. Normal.

«  Ouais, et moi j'ai re-ressuscité Voldemort ! » s'exclama t-il distinctement, moqueur. Avant de se prendre quelques regards moralisateurs.

Quoi ?! Était-ce de sa faute si Logan était sous champifleur ? Et quand bien même y avait-il des parts de vérité dans ce récit, pourquoi donc la gazette du sorcier n'avait pas mentionné cette "tragédie" ? Cette histoire puait ! Puait très fort ! Plus fort que lui !
Si c'était le canular d'Halloween pour faire flipper les premières années il faut dire que son coloc' s'était donné les moyens et que la blague était de très mauvais goût.
Aristide restait incrédule et croisait ses grands bras maigres sur son torse en toute défense. Agacé par l'attente de l'intervention de la moldue. On allait pas y passer trois heures ! Si ? Les patacitrouilles n'allaient pas se manger toutes seules !  
La moldue s'approcha, son morveux accroché à elle comme une excroissance, et salua l'assemblée d'une voix brisée, bégayant horriblement. Notre idiot de sorcier découvrit ses dents jaunes en un sourire acerbe et s'esclaffa, toute cette mascarade était pathétique et comique à la fois.

La mère se tint tout à coup plus droite et engagea l'hommage d'une voix plus distincte. À mesure que la moldue s'exprimait, à mesure que le récit avançait, à mesure qu'elle s'emmêlait dans ses souvenirs. La condescendance d'Aristide s'envola pour laisser place à une réelle empathie. C'était incroyablement convaincant. Sa précédente moquerie lui fit d'ailleurs terriblement honte. Le désarroi de cette maman était poignant. Même pour lui.

«  E-et ses cheveux i-ils... P-plus aucuns... I-il était là e-et moi j-je... M-moi je n'avais pas su le protéger. M-moi je n'avais pas su l'aimer, j-j'étais là e-et l-lui, i-il ne l'était plus. I-il était... I-il... J-je... I-il... I-... Il était parti.. ! Parti, parti, parti, parti... »

Elle s'effondra, et le coeur de notre nigaud de Purple Swan s'effondra avec elle. "Ses cheveux, plus aucuns". Cette scène dont il n'avait pas été le témoin était devenue trop nette dans sa tête.
Voir quelqu'un souffrir autant était à la limite du supportable. Il ne se sentait plus du tout l'âme d'écouter le reste, mais ses pieds étaient comme coulés dans du béton. C'est alors qu'il sentit une main chaude agripper la sienne. C'était Shae, elle était blême comme un bélouga. Il lui répondit en serrant ses doigts, ne la lâchant plus. La mère du petit Aiden termina à bout de souffle et un silence de mort dura 5 secondes avant que les murmures ne s'élèvent et que les sanglots fusent.
Shae leva un bras courageux, baguette en main, un lumos brillant doucement à son bout. Et dans un mouvement qui le surpris lui même, il suivit l'initiative avec un sérieux rare. S'apercevant que la majorité d'entre eux ajoutait sa baguette au flot de petites lumières qui s'étaient dressées aujourd'hui pour Aiden.

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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeMer 16 Aoû - 15:55



In Memoriam

Intrigue I

19h, Samedi 31 Octobre 2020

Halloween était la journée des morts par excellence. Ludzia s'était levée à la pointe de l'aurore. Un peu de lait chaud au miel aux bords des lèvres, ses cheveux ébènes en bataille, elle s'emmitoufla dans une veste chaude et un jean épais. Le nez dans son écharpe Serdaigle, elle transplana jusqu'au cimetière où son père l'attendait, en avance comme toujours. Il rejoignirent la dernière demeure de leur précieuse perte et d'un Orchideus, ils la parèrent de fleurs qui chatoyaient sous les rares rayons de soleil. Les plantes défleuries des autres tombes soulignaient celles colorées de la stèle de Mélèn comme en un sourire rassurant. Une petite preuve de vie encore présente dans le cœur de ceux qui se souviennent. Les nuages noirs et les cœurs lourds se délivraient, faisant couler pluie et larmes de concert. Les gouttes tombant sur les parapluies transparents chantaient une mélodie louangeuse pour le défunt. Une mélopée qui envoûtait les deux pantins humains aux âmes accablées. Cette journée était rien que pour lui.

Ils cheminèrent ensuite jusqu'au Griffon Titubant pour réchauffer corps et cœurs, avant de transplaner jusqu'à la maison Oswald. En début de soirée, le corbeau récupéra quelques livres dans sa bibliothèque personnelle - une soudaine envie de les relire au chaud sous sa couette à Poudlard - avant de repartir pour le festin d'Halloween. Elle laissa son père après lui avoir préparer un jus de citrouille chaud couvert de chantilly. Le dernier transplanage de la journée l'emmena sur le chemin du château. On pouvait déjà contempler les citrouilles aux sourires sadiques et aux yeux glaçants éclairées par une flamme magique qui perdurerait toute la nuit.

Après quelques minutes de marche qui suffirent à l'essouffler et rendre ses mollets douloureux. Elle était pressée de pouvoir poser ses fesses sur les bancs de la Grande Salle qui étaient bien plus confortables qu'ils ne le laissaient penser. De pouvoir déguster de la dinde au miel, du gratin et quelques patates douces. Le Dragon émergeait de l'une des tours du château qui ressortait, resplendissant, devant la Grande Ourse et le Lynx.

Le haut du portail de fer noir apparut dans le champ de vision de Ludzia. Mais seulement le haut. Une masse sombre et mouvante stagnait devant elle et bloquant l'accès. Pourquoi les étudiants et élèves attendaient ici au lieu d'ouvrir le portail pour rentrer ? La foule papotait dans tous les sens et empêchait la Purple Swan d'entendre une seule discussion et de comprendre ce qu'il se passait. Avec sa petite taille et sa silhouette frêle, elle se faufila sans mal et arriva devant une petite estrade. Il se passait quelque chose d'anormal et il y avait de grande chance que l'école ne soit pas d'accord avec l'événement sinon ça ne se passerais pas, ici, dans le froid. Qu'est-ce qu'il pouvait bien se tramer d'assez important pour que l'école ne soit pas de mèche. Elle aperçu Logan derrière l'estrade, accompagné d'une jeune femme angoissée ainsi de ce qui devait être son fils. Un enfant qui n'avait même pas les onze ans requis pour rentrer à Poudlard. que faisaient-ils ici ? La trentenaire blonde était tellement stressée et son âme paraissait si lourde qu'elle avait réussi à attiser la curiosité du corbeau. Que préparait-il ? Elle connaissait l'ex-Gryffondor et savait qu'il devait avoir une très bonne raison pour faire quelque chose ayant une telle ampleur.

Elle reçu un coup de coude dans les côtes et Ludzia insulta mentalement la blonde balafrée qu'elle connaissait suffisamment pour savoir qu'elle n'en avait strictement rien à faire d'avoir cassé trois côtes à un corbeau. Elle se reconcentra sur les événements lorsqu'elle aperçu Bishop monter sur l'estrade.

Après un Sonorus efficace, il prit la parole et Ludzia n'en perdit pas un mot. Aiden Wilson assassiné. Elle n'avait jamais entendu ce nom, il devait être un bon élève dont les professeurs ne se plaignaient pas - sinon le corbeau en aurait entendu parler. Pourquoi ce décès était annoncé de cette façon ? La Directrice ne ferait pas de discours élogieux suivis de la minute de silence qui s'impose ? La moquerie d'un idiot odorant la tira de ces pensées. Elle attendait des explications, des détails sur ce qu'il s'était passé. En temps normal elle n'en aurait eu que faire puisqu'elle ne connaissait pas la victime. Mais elle respectait Logan et sa curiosité avait encore pris le dessus, sans compter qu'il n'y avait rien d'autre à faire.

Le jeune garçon avait été lynché. Des images violentes sortirent de l'imagination du corbeau alors qu'il tentait en vain de les chasser le plus possible. Elle ne fut pas choquée d'une telle déclaration mais seulement écœurée de l'animosité des tueurs. Bishop avait fait venir une moldue ici ?! Il était devenu dingue de faire ça. Perte ou non, c'était une moldue elle n'avait pas sa place ici.

La mère avança sur l'estrade, prenant son fils encore vivant par la main. Elle avait l'air abattue et ce mot était trop faible encore. La voir ainsi accrochée à la seule personne qui lui permettait de tenir debout et la sentir si émiettée de la perte d'un fils sorcier fit naître une jalousie sans compassion dans le cœur du corbeau. Des parents moldus pouvaient vraiment aimer leurs enfants sorciers, et même les pleurer après leur mort. Désormais rongée par la convoitise, elle souhaitait seulement ne plus voir ce spectacle pitoyable et rentrer manger le festin qui allait bientôt refroidir. Elle soupira et détourna le regard. Le discours bégayant commença, il était aussi fragmenté que l'âme de l'oratrice qui laissait les mots et les sanglots s'entre-choqués.

Ludzia les écoutait de plus en plus attentivement, avec de plus en plus de compassion. Elle connaissait la douleur de la perte d'un être cher. Elle connaissait cette souffrance qui ne partait jamais totalement, qui se gravait dans notre ADN pour nous marquer à jamais. Elle commençait à comprendre les sentiments de cette mère désespérée et son sang non-magique avait été mis de coté. Elle était une humaine après tout, même les moldus avaient des sentiments malgré le fait qu'ils soient si différents.

Plus les détails s'amassaient plus le corbeau ressentait la douleur qu'il avait connu à la mort de son oncle et dans les semaines qui suivirent. Elle sentait cette pointe de colère à chaque mot, mêlée de tout l'amour qu'elle portait encore pour son fils. La Purple Swan regarda autour d'elle et remarqua que beaucoup des étudiants et élèves se laissaient inonder de leurs larmes comme pour soutenir celles de la mère et de l'enfant. Les siennes étaient incapables de couler, elles avaient suffisamment larmoyer depuis le début de l'année et même dans la journée. Son stock de pleurs étaient déjà à sec depuis longtemps, il s'était transformé en un brouillard de colère, de haine et d'envie de vengeance. Mais, elle avait toujours mal et sans doute pour toujours. Elle avait mal de ressentir à nouveau les multiples sensations qui se bousculaient lors de la perte de son oncle et qui réapparaissaient si brusquement devant ce témoignage.

Le discours se termina sur des mots qui soignèrent toutes les plaies qu'avaient pu ouvrir les précédents. Comme d'autres autour d'elle, Ludzia leva sa baguette qu'elle illumina d'un Lumos. Elle n'oublierait pas Aiden mais encore moins son oncle dont si peu de personne savait pour son existence et pour sa mort. Cette étincelle au bout de sa baguette était pour Aiden, pour Mélèn et pour tous les autres morts ou blessés que le monde ne connaissait pas encore. Pour tous les sorciers qui souffraient à l'instant même où ces pensées se pressaient. Où ce discours avait été proféré. Où ces larmes tombaient. Une promesse de se battre pour retrouver la paix passée. Une promesse de ne pas avoir peur de vivre.

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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeVen 25 Aoû - 1:42

Ouais, et moi j'ai re-ressuscité Voldemort !” entendit-il. Logan leva un visage dont les traits tirés et le regard furieux suffisaient à communiquer l’indignation qu’il ressentait. Son regard parcourut l’assistance tandis qu’il reculait de quelques pas pour rejoindre la mère qui, elle, s’avançait, son fils à ses côtés. Qui ? Qui avait pu oser intervenir de la sorte alors que l’heure était si grave ? L’étudiant ne s’attendait pas à ce que les auditeurs prennent conscience de l’ampleur de la situation, mais il avait encore moins anticipé ce genre de réaction. Pire : il avait l’impression d’avoir reconnu cette voix. Il espérait simplement se tromper, sans quoi il ne ferait plus grand cas de l’harmonie qui régnait à la colocation.

L’étudiant regarda Elsa s’avancer sur l’estrade, dissimulant avec peine l’inquiétude qu’il éprouvait : il craignait que ses paroles dont il n’avait pas pris la peine de mesurer l’impact qu’ils pouvaient avoir sur elle et son fils aient fait s’effondrer sa volonté d’aller jusqu’au bout. Il s’approcha de quelques pas et, après lui avoir adressé un hochement de tête à peine perceptible pour lui réaffirmer son soutien, il enchanta les cordes vocales de la Moldue afin de lui offrir la même étendue acoustique que celle qu’il avait quelques instants plus tôt.

En retrait sur l’estrade, l’ancien Gryffondor écouta. Encore. Entendre le récit de la tragédie des Wilson la première fois avait été une véritable épreuve. Pendant un instant qui semblait une éternité, Logan avait expérimenté les horreurs d’une guerre qui ne disait pas son nom. A lui on ne lui avait rien fait, mais la réalité derrière le chagrin d’une mère à qui un enfant avait été arraché par la cruauté humaine avait semblé si proche au jeune homme qu’il n’avait pu se résoudre à l’inaction.

A cette nouvelle écoute, le sorcier se surprit à visualiser cette même scène que Elsa décrivait. Mais à la place de la dépouille calcinée de Aiden Wilson gisait celle de l’un de ses frères. Il voyait sa mère éplorée hurler de désespoir au-dessus du corps sans vie de Connor. Elle qui avait espéré trouver la paix et le répit dans le monde de son enfance, et voilà qu’il la rejetait. A la lumière de cette pensée Logan ne pouvait s’empêcher de voir chez Elsa des points communs avec sa mère, qui allaient bien plus loin que la simple couleur de cheveux, et qui ne manquèrent pas de faire ressentir au jeune homme un élan de sympathie pour la mère et son fils, qui continuaient d’affronter les regards de l’assemblée.

En tournant à nouveau son regard, embué, presque brillant, vers cette assistance redevenue si silencieuse, le sorcier fut soulagé de voir des visages blêmes, des regards stupéfaits sinon horrifiés, des larmes brillant sur certaines joues. Personne ne semblait vouloir perturber ce silence qui pavait le chemin pour les mots d’une mère torturée par le chagrin. La tension qui tordait ses intestins se relâcha lorsque Logan prit conscience de ce fait : les sorciers de Poudlard écoutaient, et comprenaient. Ils avaient réussi. Le message avait trouvé ses destinataires. Le souffle du jeune homme reprit volontiers après s’être coupé au moment où Elsa avait débuté son discours.

Le silence qui suivit le prénom d’Aiden, prononcé une dernière fois par sa mère, pesa plus sur l’entrée de l’école que n’importe quel enchantement de mutisme. Quelques murmures commencèrent à s’élever, de même que les sanglots, qui retentissaient de plus en plus à l’oreille, comme si toute timidité, toute idée de fierté quant à rester stoïque face à l’horreur s’était levée. Logan, quant à lui, rejoignit Elsa qui s’était retirée du premier plan afin d’enlacer son petit, son dernier fils. Tiraillé entre son soucis de les laisser dans leur intimité et celui de leur offrir un soutien émotionnel, le sorcier se tint à plusieurs pas, le regard posé sur les deux Wilson. Il détourna le regard, en direction de l’assemblée.

C’est alors qu’il les vit. D’abord surpris, son visage s’adoucit à mesure que les baguettes se levaient, émanant d’une simple lumière qui, depuis sa position, évoquait des étoiles rassemblées en une constellation endeuillée. Le coeur du White Raven se serra lorsqu’il vit des visages familiers, des amis, compatissant à la détresse, lever leurs baguettes. Shae. Aristide. Callisto. Ludzia… Autant de noms qui évoquaient à Logan un possible deuil. L’Auror qu’il avait croisé au début de l’année le lui avait bien dit : des gens disparaissaient, les sorciers avaient des raisons de se sentir menacés. Chacune des personnes présentes pouvait avoir disparu demain. Son regard passa à nouveau sur ces visages amicaux tandis que, lui-même, il levait sa baguette illuminée. Non. Il ne le permettrait pas. Il les protégerait coûte que coûte. Il se battrait.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  I_icon_minitimeVen 25 Aoû - 22:38

Le nouveau professeur n'avait pris ses fonctions que depuis quelques jours, il avait à peine commencé à rencontrer ses premiers étudiants en cours lorsque la traditionnelle soirée d'Halloween sonna. Si personne ne l'avait obligé à s'y rendre, on lui avait bien fait comprendre qu'une absence à peine arrivé serait très mal vu, aussi il avait décidé de prendre sur lui pour répondre présent tout en prévoyant de quitter la petite fête dès que les plus vieux membres du personnel quitteraient l'assemblée sous les plaintes à propos de leurs rhumatismes. Il avait préparé toute une série d'excuses à présenter pour expliquer son départ tôt allant d'un simple « J'ai attrapé l'herpès du dragon », en passant par « J'ai un cours d'aqua-sombral à la première heure demain » pour finir par le plus risqué mais ne laissant guère place à la réplique : « C'est ma mauvaise période », à prononcer avec un air particulièrement contrit.

Ses plans exigeaient qu'il s’éclipse à 22h30 au plus tard afin de rejoindre une sauterie correspondant un peu plus à ses mœurs. La soirée se passerait dans l'une des échoppes les plus secrètes de l'allée des embrumes appelée « La harpie trijambiste ». Le programme du soir promettait une effeuilleuse, des chichas de champifleurs, un orchestre de tubas explosifs et un numéro de jonglage de Beauty, une troll de 3 mètres à la tendance cougar, utilisant des elfes en guise de quilles. Et puis il y avait Onyx, la barmaid attitrée du bar, une des rares femmes croisées la nuit dont la conversation ne l'ennuyait pas à la vitesse d'un vif d'or... peut être parce qu'elle rechignait encore un peu à lui accorder ces quelques minutes de tête-à-tête. En tout état de cause, ses pensées étaient bien loin d'un monde fait de patacitrouilles, de fantômes surexcités, de fausses toiles d’araignées et d'assez de sucreries pour vous donner un mal de foie mémorable. Et elles étaient encore plus loin du conflit qui planait au dessus de leur tête...

Vêtu d'un costume sombre, il avait transplané à proximité des grilles de Poudlard quelques minutes après 19h, ne souhaitant arriver ni en premier, ni en dernier pour ne pas être pris à parti. S'il s'était préparé à croiser quelques énergumènes chahutant abhorrant des costumes ridicules, il ne s'était pas attendu à atterrir à l'arrière d'un attroupement de personnes agglutinées devant une estrade. Il se demanda tout d'abord s'il n'avait pas raté un mémo concernant une animation, mais les mots qui parvinrent à ses oreilles lui firent comprendre bien vite que non, ce qui se déroulait devant ses yeux ne faisait pas parti du spectacle...

« I-il a hurlé et... e-et vous savez ce qui est le pire ? C-c'est qu'on l'a tué car on croyait le voir jouer avec la magie. M-mais Aiden n'avait même pas sa baguette. S-sa baguette était à la maison. Sa baguette était à la maison ! »

Orcus fronça les sourcils, et les yeux accrochés sur cette mère racontant son histoire, s'écarta encore un peu plus de la foule pour venir s'accouder à un arbre. Par réflexe, il sortit une cigarette sorcière qu'il porta à ses lèvres après l'avoir allumée. Il ne perdait par une miette de ce qui se passait, tant et si bien qu'il mit quelques longues secondes à se rendre compte de l'ironie de son geste à chaque fois que l’extrémité de sa clope rougissait sous ses aspirations. Orcus était froid, calculateur et un peu trop nombriliste, mais il ne manquait certainement pas de savoir vivre. Il éteignit sa cigarette en l’écrasant sous son pied et croisa les bras. Il regarda sur sa droite et rencontra le regard d'une jeune fille reniflant bruyamment. Ses yeux s'embuaient de larmes tandis que les rétines de notre dandy restaient aussi sèches que l'entrecuisse d'une none. Visiblement mise mal à l'aise par son manque d'émotions, la jeune fille s'éloigna pour se fondre dans la foule des êtres un peu plus humains que lui.

La déclaration de la jeune mère avait pris fin, laissant place à un silence de recueillement. Si la réponse du public ne trouva pas de voix, elle retentit battante et d'autant plus poignante par des baguettes illuminées se levant bien haut, à chaque seconde plus nombreuses. Le professeur ne comptait certainement pas se joindre à ce geste trop empreint d'un romantisme qui mettait mal à l'aise les hommes tel que lui, mais il ne comptait pas plus intervenir dans cette action à moins d'y être contraint et forcé.

Si son visage froid laissait présager qu'il ne ressentait pas la moindre compassion, il n'en était rien. Certes, il en faudrait bien plus pour l'émouvoir « à l'excès », il avait grandit dans une maison qui suintait la mort, visiter des pays où la plus belle magie était incapable de venir à bout des famines et reçu les reproches et les crachats de ceux dont les morts étaient imputables à son propre sang. En outre, il avait mis suffisamment de distance entre lui et les autres pour n'avoir jamais à souffrir de la perte d'un être cher. Car qu'est ce qu'était la mort après tout ? Un rien du tout pour le monde qui ne cessait jamais de tourner et un drame incommensurable pour ceux que laissait derrière lui l'être aimé. Or, si Orcus n'était pas incapable de compassion, il n'aimait nul autre que lui même. Pas par un réel égoïsme, mais parce que sa vie durant il avait intégré l'idée que si l'enfer c'est les autres, nul autre que lui-même ne serait jamais capable de l'aimer.

D'un pragmatisme à toute épreuve, il tira 3 conclusions de la saynète venant de se dérouler :
1. Une quantité de lumos pouvaient être plus beaux que tous les ciels étoilés du monde.
2. Il allait avoir du mal à être à l'heure pour le spectacle de Beauty.
3. La menace moldue devenait soudain bien plus réelle.
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