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 INTRIGUE I : IN MEMORIAM

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Trevelyan Valentine
Trevelyan Valentine
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Points RP : 2606

Localisation : A la chasse aux Mangemorts, quelque part en Grande-Bretagne

Emploi/loisirs : Auror


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Statut: Sang mêlé

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MessageSujet: Re: INTRIGUE I : IN MEMORIAM    INTRIGUE I : IN MEMORIAM  - Page 2 I_icon_minitimeDim 24 Sep - 19:33

Grinçant contre gravier, ses rangers arpentaient tous les sentiers bouffés de nuit qui balafraient le parc du château. A la lueur maladive d'une Lune en perdition ne répondaient, de loin en loin, que l'ombre de flammes vacillantes hantant les orbites caves et grimaçant de vide de citrouilles vagabondes. Le personnel les avait enchantées pour qu'elles balisent de rictus inquiétants tous les méandres du sentier qui du portail menait à la Grande Salle, et le faisceau lumineux qui s'évadait de sa baguette en noyer en accusait parfois les sinistres sourires. A l'assaut des brumes en lambeaux que le vent dispersait en tourbillons errants, l'Auror crevait la lourdeur des ténèbres d'un rayon aveuglant. Le rythme de ses pas, d'une lenteur régulière, cessa soudain de ricocher contre les arbres dénudés qui flanquaient le sentier des deux côtés tandis que ses bottes empiétaient sur l'herbe humide. Il pleuvait un crachin glacial qui le congelait jusqu'à l'os, sans pour autant rien entamer de la vigilance dont il couvait pour la soirée son champ de surveillance.

L'automne n'arrangeait rien. Le brouillard en haillons noyait les alentours dans un flou mouvant nébuleux, offrant une planque aussi sûre pour des intrus que les bourrasques en mugissements plaintifs, couvrant tout autre bruit - et ceux d'éventuels attaquants aussi. Chaque fois qu'une flopée d'étudiants lui passait en riant sous le nez, se réjouissant d'avance de la chaleur et du festin que leur réservait le château, Trevelyan tendait une oreille attentive pour ne rien louper des mots qui s'échangeaient. Pourtant cela faisait un petit moment que personne n'était plus passé, à bien y réfléchir... La dernière âme qu'il avait congédiée était celle de Joey Mickens, ce sinistre fils d'ectoplasme en crise d'adolescence qui essayait toujours de lui taxer une clope sans avoir l'air de comprendre qu'il était trop mort pour en fumer une.

Et plus personne, depuis. L'Auror toisa d'un regard sceptique les vertigineuses tours qui couronnaient l'école de sorcellerie, à peu près sûr que la Grande Salle attendait bien plus d'étudiants que le simple échantillon qu'il y voyait entrer. Une moue dubitative se dessina au creux de la barbe de quelques jours qui lui démangeait la mâchoire en pensant à son apprenti, qu'il avait mis en poste non loin du portail de l'école. Pour peu que cet idiot ait décidé de se faire mousser auprès des étudiants en faisant des contrôles trop zélés... Sentant se profiler le scénario à trop grands pas, Trevelyan entama à pas rapides la remontée de l'immense allée, la vapeur de son souffle se mêlant au passage à celles qu'exhalaient la saison.

Son pressentiment s'accrut un peu plus quand, au détour d'un virage, du haut de sa silhouette il croisa celles d'une rousse couronnée de feuilles mortes et de son copain trois fois plus grand, les mains nouées comme en quête de chaleur, contrariété en bouche.

"... devais absolument passer au musée ce soir… "

Tendre l’oreille.

"… ne me sens pas d’affronter la foule devant le portail… »

Quelque chose clochait.

« .. ne le bloqueront pas toute la soirée, ne t’inquiète pas. »

Quelque chose clochait terriblement.

Il ne fallut à Trevelyan que la fraction de seconde d’un battement de cœur pour que ses jambes se mettent en marche avant même qu’il leur en donne l’ordre. La cadence sourde de sa course avalait sous ses pas le sentier sinueux, abandonnant là dans son dos les silences vigilants de sa surveillance pour l’implacable barouf de ses bottes sur le gravier. Oublié ce café brûlant dont il rêvait encore quelques secondes auparavant, muselé le froid gourd qui lui anesthésiait les doigts ; tous les frissons réfrigérants qui lui avaient titillé le cou le désertaient déjà, pour ne laisser la place qu’à un rush d’adrénaline douce.

Le petit couple avait l’air contrarié mais loin d’être en panique, et aux pas lents dont ils remontaient tous deux les allées du parc, ils n’éprouvaient pas non plus le besoin de courir pour leur vie.  Qu’est-ce que c’était que cette connerie de portail bloqué, alors ? Qu’est-ce que foutait son apprenti, surtout ? La grille épineuse du portail se profilant désormais à l’horizon brumeux, Trevelyan se mit à scruter les alentours d’un regard pressant, espérant vivement pour son apprenti qu’il lui mettrait la main dessus dans la seconde.

« Bolson ! »

Tout en marchant à pas rapides, l’Auror balayait tout autour de lui d’un Lumos éclatant lorsqu’un faisceau de lumière cru mit en évidence sous ses yeux celui qu’il cherchait. Et en définitive, il aurait mieux valu que son supérieur ne le trouve pas. Ou du moins pas comme ça, tignasse blonde agrippée par les mains précieusement vernies d’une étudiante, qu’il embrassait à pleine bouche comme si sa vie en dépendait.

« Oh putain. »

Trevelyan ne réprima une grimace d’aversion que pour laisser libre cours à des imprécations menaçantes, qu’il maugréa dans sa barbe tout en accélérant le pas et la voix à mesure qu’il approchait. Arrivé à hauteur, il lui colla une taloche sonore sur le haut de crâne qui brisa le gluant de leur étreinte.

« Bolson, je te cause ! »

La tête d’ahuri dont le contempla bêtement Callum Bolson lui refila tellement envie de lui en coller une deuxième qu’il s’efforça de faire passer la démangeaison en étirant et repliant sa main gantée, bien trop crispée. Chuintement de cuir inaudible dans ce qui suivit.

« Tu te fous de ma gueule ou quoi ?! » gronda-t-il dans ce qui n’appelait certainement pas de réponse, avant de désigner l’étudiante d’un geste sec du menton. « Toi. Circule. Dis-lui bien au-revoir parce que tu le reverras pas de sitôt, mais je t’assure que tu rates rien. »

Sans ménagement, il arracha la fille aux bras de Bolson et la fit pivoter manu militari vers le château en l’incitant à rejoindre toutes les fenêtres illuminées. Il n’attendit même pas qu’elle eut fait quelques pas honteux pour ouvrir les hostilités, car ménager la dignité d’un aussi sinistre abruti n’avait jamais fait partie de ses plans. Bolson avait au moins le bon goût de prendre un air piteux, qui irritait d’autant plus Trevelyan que ça lui donnait l’impression d’éduquer un gamin plutôt que de former un Auror.

« Toi. Si tout ce que tu trouves à foutre en pleine guerre et en pleine mission c’est de courir les jupons, tu vas devoir te trouver un nouveau mentor, et entre nous j’en ai aucun en tête qui voudrait de toi.  Quand on te donne des responsabilités, TU LES ASSUMES, BOLSON ! Le portail de l’entrée est bloqué, et je suppose que t’as aucune idée de ce qui se passe ? »

Un silence éloquent se chargea de répondre. Trevelyan le tança d’un regard si sombre que deux Cognards n’auraient pas atteint la même rage.

« C’est bien ce que je pensais. Dégage, je veux plus te voir. Tu te mets en poste juste derrière le virage », dit-il en le lui indiquant d’un geste, « et tu empêches qui que ce soit venant du château de rejoindre le portail. Je veux voir personne traverser cette zone. Je me fous que ce soit le petit doigt d’un Botruc ou Voldemort lui-même, si tu laisses passer qui que ce soit, t’es viré. Peut-être que ça te fera passer l’envie de te payer ma tête.»

Appuyant son discours d’un regard menaçant, Valentine congédia le crétin qui lui servait de disciple en s’assurant qu’il empruntait la bonne direction et laissa s’exhaler la vapeur d’un soupir exaspéré. Il ne se demandait même plus qui des citrouilles vidées ou de Callum Bolson avait la tête la plus creuse. Passant une main sur sa mâchoire, il invoqua en la sentant se crisper le souvenir d’un éclat de rire, et de cheveux blonds contre sa veste. Une vague de tendresse douce-amère lui serra violemment la gorge tandis qu’une déferlante portant le parfum de Sienna l’envahit tout entier, donnant naissance au Patronus qu’il ne parvenait à appeler qu’en pensant à elle. Un loup émacié nébuleux, comme façonné par de la fumée de cigarette, posa à terre les pattes puissantes qui soutenaient un corps nerveux, prêt à courir avec sa meute au cœur de la mêlée. Ses yeux éblouissants harponnèrent ceux de Trevelyan, qui lui transmit sans plus attendre le message à porter aux Aurors en patrouille dans les parages qu’il voulait avertir ; Jasmine et Lazarus ne seraient pas de trop, de quoi qu’il s’agisse.

« Jaz, Grimshaw. Un problème à l’entrée, un attroupement qui bloque le portail. Je n’en sais pas plus. On se rejoint là-bas. »

Le loup n’était déjà rien de plus qu’une percée nacre dans la nuit lorsque l’Auror reprit sa propre course en direction de l’entrée qui se dessinait, se précisait, à chaque pas sourd dont il frappait le sol. Arrivé à destination, sans qu’aucun des visages braqués vers l’estrade ne le remarque s’insinuer parmi eux, Trevelyan embrassa le spectacle pour en faire l’analyse avec toute la froideur clinique qu’il exigeait. Trois personnes  raides comme des piquets sur une estrade. Un jeune, une femme, un gamin. Devant l’estrade, une foule – des jeunes, tous, sans doute des étudiants de Poudlard. Personne ne brandissait de baguette. Pour l’instant.

«La raison est la suivante : rendre hommage aux morts, comme il en est la coutume dans la région depuis des siècles, le 31 octobre.»

Les alentours restaient calmes pour le moment, mais les jeunes continuaient d’arriver par grappes et sans discontinuer depuis les faubourgs lumineux de Pré-au-Lard. Et parmi eux, combien de sorciers fondus parmi la masse avec de mauvaises intentions ? Combien pour se glisser, anonymes et muets, dans la foule aveugle au danger pour la réduire à néant ? Plutôt pratique, non, d’avoir juste là sous la main tout un petit monde dardant le regard ailleurs, se croyant gentiment en sécurité, n’attendant qu’un seul prédateur assez dément pour décimer le troupeau ?

Avant de s’intéresser à ce que déblatérait le jeune excité sur son piédestal d’indigné, l’Auror lança un sort encerclant toute la foule de sorte à ce que plus personne ne puisse s’y agglutiner ; du moins ils pourraient essayer, s’ils aimaient se prendre en boucle un mur invisible dans la tête. Prenant lestement appui sur un rocher en léger surplomb par rapport à la populace, Trevelyan accueillit d’un signe de tête grave l’arrivée de Jaz et Grimshaw dont il vit les silhouettes affutées se faufiler parmi l’assemblée. Lazarus partait déjà se positionner à l’extérieur de la barrière qu’il avait façonnée, pour mieux retenir et disperser le flot d’étudiants perplexes qui se voyaient interdire l’accès au portail de l’école ; Jaz, de son côté,  avait interpellé une femme munie d’une plume acérée, le visage défiguré par cette l’euphorie affamée de scandale qui caractérisait tous les vautours de la Gazette.
Baxter était déjà sur place.

« Et merde », ragea-t-il dans sa barbe avant de quitter le rocher d’où il avait une vue d’ensemble pour s’engouffrer dans la piétaille.

Qu’est-ce que c’était que ce bordel ? Des murmures fusaient tout autour de lui, d’étudiants retardés dans leurs festivités par cette estrade installée à l’arrache qu’il avait la ferme intention de faire disparaître. Pour mieux comprendre les enjeux et prendre la température de ce qui se jouait, à mesure même qu’il avançait en direction du point focal de toute l’agitation, l’Auror prêta oreille au discours proféré.

«  J’aurais préféré que cet hommage soit fait dans la Grande Salle, durant le banquet d’Halloween, de la bouche de notre Directrice, mais malheureusement, elle a préféré refuser cette idée.  Sûrement qu’elle craignait d’alarmer ses chers élèves et leurs parents. Pourtant, vous avez le droit de savoir. Vous avez le droit de savoir pourquoi Aiden Wilson n’est pas revenu à Poudlard. »

Aiden Wilson. Le nom ricocha dans sa tête comme il dût ricocher dans celles de Jasmine et Grimshaw, tant la nouvelle de ce qui était arrivé au gamin avait secoué leurs rangs. Ils étaient pourtant habitués à voir défiler sous leurs yeux les pires dossiers calfeutrés sous scellés du Bureau des Aurors, de ceux qui délitent le sommeil à ne plus y voir que des cauchemars.  Mais le dossier Wilson avait été pour eux le tout premier marqueur d’une guerre qui ne faisait que commencer. Pressentant que ce nom n’amènerait rien de bon et soudain mu par un sentiment d’urgence, Trevelyan se fraya plus brusquement un chemin parmi la foule sans prendre garde aux épaules qu’il foulait, aux jambes qu’il bousculait.

« Aiden Wilson… »

La première victime. Vite.

« … a été… »

Le tout premier tombé. Plus vite, bordel !

« …assassiné. »

… Le premier martyr.

A compter de ce moment, et  pour toute la communauté sorcière.

Le premier dont le nom serait récupéré par les sangs-purs pour justifier leurs exactions sur le peuple moldu, en guise de représailles ou d’actions préventives. Merde, merde, MERDE ! Immobilisé dans sa course par les tous derniers mots qui avaient imposé silence aux étudiants qui l’entourait, désormais muette de bouleversement, Trevelyan sentait ses pensées lui tracer un chemin à toute allure, vers un début d’intervention qui ne foutrait pas définitivement le feu aux braises que ce damné gosse avait allumé. Plissant les yeux pour mieux imprimer au creux de sa rétine la tête du responsable, Trevelyan discerna avec une consternation furieuse le visage du juriste en couche culottes qu’il avait rencontré aux Trois Balais. Bishop. Se retenant à grand peine de lui mimer l’envie de décapitation qu’il lui inspira sur le coup, Trevelyan se contenta de remâcher silencieusement son exaspération en se promettant, très vite, de lui faire savoir sa façon de penser.

Il était impensable d’agir, maintenant. Le nom d’Aiden Wilson et la révélation de l’indicible fin qu’il avait endurée s’étaient propagés comme une onde de choc, et les visages encore indifférents quelques instants auparavant se métamorphosaient un peu plus chaque seconde en masque de colère. Il allait falloir la jouer fine. Très, fine. S’il avait voulu prendre la température, Trevelyan constatait désormais qu’elle ne faisait que s’échauffer – un peu trop à son goût.

Les mouvements de foule n’étaient jamais à prendre à la légère, d’autant moins lorsqu’on jouait sur la corde sensible comme l’avait fait Bishop, et comme le faisait à son tour la mère Wilson en répandant tout l’impudique récit de ce qu’était son fils et de ce qu’il n’était plus devant une centaine d’anonymes. Mais étaient-ils encore tous tellement anonymes les uns pour les autres..? La voix convulsée de sanglots de celle qui avait pris parole semblait briser les conventions et rapprocher les inconnus ; il régnait désormais un sentiment prégnant de compassion, d’indignation et de solidarité qui ne feraient que rendre aux Aurors les choses plus difficiles. Evacuer tout ce petit monde alors qu’ils se prenaient pour l’embryon de la plus pure révolte, pour les héros de leur petite justice toute personnelle, promettait d’être moche. Ce serait encore plus moche quand la Gazette propulserait dans ses gros titres le petit sketch de Bishop – photos à l’appui, s’il vous plaît. Non, quoique l’envie l’en démange et que chaque mot suintant de désespoir proféré par la mère aggrave la situation, rien n’aurait été pire qu’intervenir avant qu’elle ait fini de parler.

Cela leur donnerait prétexte à tous de se croire censurés, opprimés, floués par les forces du Ministère.
Il aurait pourtant tellement aimé la faire taire ; l’obliger à arrêter le flot discontinu de souvenirs intimes qu’elle balançait à des jeunes de vingt ans, espérant les toucher sans trop avoir conscience qu’elle leur retournait le cerveau d’horreur. Qu’est-ce qu’elle attendait d’eux, au juste ? Qu’est-ce qu’elle attendait de tout ça ? Et qu’est-ce qu’elle foutait là, en premier lieu ? Le cas Wilson avait été l’objet au Ministère d’un branle-bas de combat dans les hautes instances, et on avait bientôt arraché aux Aurors la prise en charge de la mère éplorée pour la confier à une cellule créée depuis, consacrée uniquement aux victimes collatérales de la guerre. Changement d’habitation, d’identité, plongée dans le secret des dossiers les plus protégés. Trevelyan n’en avait plus jamais entendu parler – parce qu’il la pensait en sécurité. Pas là, devant Poudlard, en train de mettre en danger des dizaines d’étudiants pour le seul besoin d’étaler sa douleur.

Déployant un rictus qui n’augurait rien de bon, Trevelyan fusilla du regard le fils Bishop. Il avait peut-être hérité des traits de sa mère, mais toute l’intelligence subtile de Cassandra s’était visiblement perdue en chemin.

Se coulant à pas de loups parmi les étudiants aux visages ravagés par l’émotion, l’Auror parvint juste au bord de l’estrade et en traversa l’ombre à mesure que se constellait le ciel de Lumos éclatants. Adressant un dernier regard de connivence à Grimshaw pour l’avertir de ses intentions, l’Auror posa une paume  mitainée de cuir sur le bois de la plate-forme, et s’y hissa.

Ses rangers grignotées de boues tâchèrent l’estrade lorsqu’elles y atterrirent en un bruit mat. Trevelyan se dressa de toute sa hauteur dans un chuintement de cuir et, une botte après l’autre, chacune écho sourd sur grincement de bois crevant le silence ambiant, arriva à hauteur de Bishop, la mère Wilson, et ce qui devait être son autre fils.

« Bishop », dit-il d’une voix bien trop feutrée en s’arrêtant brièvement devant lui, l’épluchant d’un regard glacial. « Comme on se retrouve », murmura Trevelyan en le dépassant, l’ombre d’un sinistre sourire aux élèves.  

Si fort qu’il ait envie de le talocher comme son stagiaire avant, toute la diplomatie du monde devrait primer pour l’heure. Ce n’était pas son domaine de prédilection, loin de là, mais il se démerderait comme il pourrait. L’évacuation devait se dérouler dans le calme, en provoquant le moins de remous et de protestation possible. Mieux valait être honnête.

« Mrs Wilson », la salua-t-il calmement d’une voix grave tout en adressant un hochement de tête au plus jeune, l’incitant à se rapprocher. « Trevelyan Valentine, Auror au Ministère de la Magie. Mes collègues et moi sommes ici pour protéger l’école et tous les étudiants. Chaque instant que tous ces gamins passent à l’extérieur des murs est un instant de plus où ils sont exposés au même danger que votre fils. En les laissant dehors ce n'est pas un seul Aiden que nous aurons, mais dix, vingt. Logan Bishop n’a sans doute pas pensé à protéger les lieux. Mes collègues ont déjà arrêté des personnes suspectes en marge du rassemblement », mentit-il sans vergogne et sans qu’on puisse l’en soupçonner, pour mieux appuyer son argument.

«Nous devons rentrer, rapidement. Je comprends ce que vous faites ici, je comprends ce que vous faites là – mais le message est passé. Votre fils n’aurait jamais dû endurer ce qu’il a subi, mais ne faites pas de lui un martyr dont d’autres vont s’emparer. Ne laissez personne récupérer votre garçon pour en faire un symbole de ce qu’il n’était pas – un symbole de haine. Laissons rentrer les jeunes et allons ensemble au Ministère parler d'Aiden, vous, votre fils et moi. Et toi aussi.», ajouta-t-il en toisant Logan d'un regard qui aurait suffi à crucifier un insecte sur sa planche.

D'un geste de la tête, Trevelyan engagea Jaz et Lazarus à commencer l'évacuation tandis qu'il braquait sur sa gorge un Sonorus. Sa voix, rauque d'avoir trop fumé et ferme d'être rodée au commandement, résonna subitement dans l'atmosphère. A quelques mètres, Baxter, la plume en équilibre, jubilait déjà de prendre en note ce qu'il allait dire. Le Ministère avait précisément choisi d'étouffer l'affaire pour laisser les Aurors enquêter sereinement sur l'identité des coupables, et ne pas faire du gamin le dernier des martyres. Mais la presse était là, maintenant, et elle resterait jusqu'au bout. Putain qu'il détestait ça. Il lui aurait volontiers fait un doigt d'honneur s'il en avait eu toute la liberté.

"JEUNES GENS, MERCI D'AVOIR TOUS REPONDU PRESENTS AU RASSEMBLEMENT POUR AIDEN WILSON. MRS WILSON ET SON FILS VONT ETRE RACCOMPAGNES AU MINISTERE DE LA MAGIE, NOUS VOUS DEMANDONS DE REJOINDRE LE CHATEAU DANS LE CALME."

Trevelyan adressa un signe de tête global à la masse chamboulée des étudiants, comme pour leur adresser un dernier salut avant qu'ils ne se dispersent tous. Dispersez-vous, dépêchez-vous, se répétait-il en boucle, en essayant d'ignorer le sourire carnassier que Baxter lui adressait.

Qu'elle, Bishop et son stagiaire aillent se faire foutre.
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