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 Les délicats sont malheureux

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MessageSujet: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeVen 14 Sep - 19:44

V. &
V.

Les délicats sont malheureux
Le feu ne crépitait plus. Quelques braises rougissaient encore sous les coups de tison que V. donnait doucement en raclant l'âtre de la cheminée. Il s'était endormi là, dans sa boutique. D'un genre de sommeil qui attrape sans prévenir. L'heure n'était plus à l'absinthe. Dans une petite pièce attenante sifflait une bouilloire. L'eau attendait impatiemment son pote le thé pour se colorer. Un bon thé noir aux accents fumés sans trace de lait ni de sucre. Il passa une main sur le crâne de sa chienne avant de boire sa première lampée de la journée. Brûlante gorgée. Amère.
Puis d'un geste las et résigné il agita sa baguette pour faire se retourner le panneau de la porte d'entrée. OPEN. Il n'était encore jamais arrivé qu'un client ne se pointe si tôt chez Adopte un Sorcier. Par acquis de conscience V. exécutait les consignes qu'il s'était imposé depuis l'ouverture. Réglé comme du papier à musique, répétant les même gestes sans jamais avoir une minute de retard ou d'avance. Cette routine ne lui plaisait pas.
Routine, maitre mot de ces dernières années. V. s'arrangeait toujours pour y sombrer malgré lui. Même à l'autre bout du monde notre sorcier finissait par trouver le moyen de faire de ses jours une suite consécutive de chiantise. Il n'était tout simplement pas marrant. Ou plutôt il ne l’était plus depuis la guerre. Il ne savait plus comment retrouver la légèreté qui lui manquait tant. Il ne savait plus rire franchement. Il ne savait plus accueillir l’imprévu à bras ouverts. Sa routine. Cette routine mortelle dont il se plaignait tout le temps auprès de ses proches était, il ne l’avouerait jamais, rassurante. Sa dernière bravade lui avait couté si cher… Son psychomage lui avait suggéré quelques exercices pour sortir de sa zone de confort. Zone de confort ? La bonne blague… Ce n’était pas lui et sa soit disant zone de confort le problème, c’était le monde. Eh ouais, le monde. Et puis merde hein, il n’irait plus le voir cet empaffé. Tout allait bien.
V. était dans l’arrière boutique à méditer sur son triste sort d’incompris de la vie lorsqu’il cru entendre la clochette retentir. Sursautant comme un enfant pris en faute, il reposa sa tasse d’un geste sec. On entrait. Un client ? Grishka sa chienne venait déjà de traverser l’épais rideau rouge qui servait de séparation à la pièce principale pour accueillir l’intrus. Il inspira tout en passant une main dans ses longs cheveux emmêlés. Puis il repoussa le rideau pour se diriger au centre de la pièce.

«  Je vous attendais. Asseyez-vous. » Dit-il avec aplomb tout en indiquant comme s’il y voyait un fauteuil confortable. Seul le voile opaque qui couvrait ses yeux témoignait de sa cécité. Attentif à la mélodie des pas, il devina qu’il avait affaire à une femme. Une femme de corpulence moyenne.

«  Grishka au pied. » Ordonna t-il doucement alors qu’il prenait place dans le deuxième fauteuil qui faisait face au premier. Ses bras reposants sur les accoudoirs, il gardait une expression tout à fait impassible. Il attendait que sa potentielle cliente n’engage la conversation.


Pando
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MessageSujet: Re: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeSam 15 Sep - 10:45




les délicats


venetia & ivan

L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes

Plantée comme un piquet devant la devanture de l'agence matrimoniale, sa fine silhouette secouée par les bourrasques de vent, humidifiée par la bruine quasi-constante, gelée de l'intérieur de ses os, Venetia Bird se demandait ce qu'elle foutait là. Après tout, il y avait désespoir et désespoir. Peut-être n'avait-elle pas besoin d'entrer. Peut-être devait-elle tourner les talons, rentrer chez elle. Mais elle se devait de mettre toutes les chances de son côté - et elle voulait épouser un riche sorcier. L'horloge biologique sonnait, et le glas de ses 28 printemps approchait, toujours sans bon parti. La guerre en avait emporté une tripotée, et voilà qu'elle désespérait. Il lui fallait un bon parti - et ça ne coûtait rien d'essayer, pas vrai ? Rien que d'imaginer rester indéfiniment au Bureau, et elle se sentait prendre des nausées et des envies de purification par le feu.

Non, il lui fallait une lueur d'espoir, quoi que ce soit. Elle n'avait qu'un seul critère. Bonne situation financière - excellente même. Elle ne savait pas encore comment le formuler sans passer pour ce genre de femmes vénales qu'on portait au tribunal public à la moindre incartade, mais elle se sentait suffisamment confiante pour savoir qu'elle s'en tirerait. Elle avait eu vent du nom du propriétaire - Ivan Nikitine. Elle se souvenait brièvement l'avoir croisé à Poudlard, mais n'étant ni de la même maison, ni de la même année, elle n'avait plus qu'une vague idée de la personne à qui elle allait avoir à faire. Elle trépigna encore devant la porte d'entrée, se frottant énergiquement les bras pour se réchauffer, et elle se décida enfin à entrer. Elle ne s'était pas apprêtée comme pour un jour de travail et débarquait tout droit de Birmingham - elle avait la mine fatiguée, et des vêtements simples, confortables. Loin de ses tailleurs habituels.

Inspirant tout le courage qu'elle pouvait trouver, elle passa enfin la porte, le carillon sonnant délicatement à ses oreilles pour signifier son entrée, tandis que son estomac se nouait d'anxiété. Venetia s'avança, peu sûre d'elle, et croisa le regard d'un chien. Immense et magnifique, elle ne put pourtant retenir un mouvement de recul - peu habituée aux bêtes qu'elle était. Une poignée de secondes plus tard, un homme suivit. De haute stature, droit comme un i, il avait l'air souffreteux du sorcier emmêlé dans les fils de la vie. Elle n'en rencontrait plus que des comme ça désormais - des hommes un peu mâchonnés par la vie. Il déclara l'attendre - ce qui la prit un peu de court - et lui indiqua où s'asseoir. Aurait-elle été un poil moins observatrice, elle aurait raté la cécité de son interlocuteur, mais elle ne pipa mot et obéit, étrangement réconfortée par le timbre de sa voix. Il avait un talent pour mettre les gens à l'aise - ou peut-être projetait-elle son besoin désespéré de réconfort sur le moindre indice.

Un silence s'étira entre eux. Il semblait attendre qu'elle lance la conversation. Venetia s'éclaircit la gorge et se lança.

- Je m'appelle Venetia Bird. J'ai 28 ans. Et je cherche un époux. Je viens d'un milieu ... défavorisé pour le moins. Je n'ai donc qu'un seul critère. Je veux un homme aisé. Plus qu'aisé, je veux qu'il soit riche.

Elle croisa les jambes, s'installant plus confortablement dans le fauteuil, exhalant une respiration qu'elle ne se souvenait pas retenir. Voilà. Elle était directe, honnête - et ne se sentait pas de jouer à des jeux. Peut-être essayait-elle même un peu de le dissuader d'accéder à sa requête, tant la prononcer à haute voix rendait le tout sombrement ridicule et pathétique.

- Je ne vous embêterais pas avec des mensonges. Je ne cherche pas l'âme soeur, ni le grand amour, ou autres mièvreries. Vous avez un service, je paierais pour... dans la mesure de mes moyens évidemment.

Et ses moyens étaient presque à néant, mais elle se garda bien de le révéler. Elle avait entendu des rumeurs sur les talents de la famille Nikitine. Elle voulait savoir si il vivait à la hauteur des attentes des gitans et autres diseurs de bonne aventure autour d'eux. Elle voulait savoir si ... dans son futur, peut-être, restait-il un espoir, une chance de mieux.

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MessageSujet: Re: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeSam 22 Sep - 14:14

V. &
V.

Les délicats sont malheureux


«  L’honnêteté, un des critères de sélection de mon agence. »

V. en avait suffisamment entendu pour ne pas renvoyer la sorcière chez elle. Ce profil était intéressant. Un mari riche, une demande simple à satisfaire.
Depuis l’ouverture d’Adopte un Sorcier, nombreuses étaient les sorcières qui venaient le voir la bouche en coeur, exigeant de rencontrer des hommes hors normes. La patience lui manquait lorsqu’il subissait les descriptions dignes de romans érotiques sur d’hypothétiques étalons sachant manier la baguette au sens propre comme au figuré. Non mesdames, ce genre d’animaux rebelles ne figuraient pas encore dans les maigres registres d’Adopte un Sorcier.
Il se leva sans rien ajouter et disparu derrière l’épais rideau rouge. Grishka restait couchée aux pieds du fauteuil de son maître. On aurait dit qu’elle somnolait, ne prêtant plus attention à la visiteuse. Sa tête reposait sur ses pattes croisées. Il revint, un plateau dans les mains sur lequel reposait deux tasses, une théière et une fiole.

« Vous ne verrez pas d’inconvénient à ce que je verse une goutte de veritaserum dans votre thé. » Avança t-il à titre d’information tout en joignant le geste à ses paroles. Il ne s’inquiétait pas de savoir si Venetia voulait une tasse. La condition était sine qua non. « Quelques profils enregistrés récemment dans mon agence correspondent à votre demande. » Il marqua une pause avant d’ajouter « Sachez seulement que vos potentiels partenaires recherchent eux aussi des profils spécifiques. » Il tourna le plateau pour présenter la tasse qu’il venait de servir à sa cliente et patienta. V. laissait le temps à Venetia de bien comprendre ce qui allait se jouer. À ce stade, elle pouvait encore se rétracter.

« Encore une chose, à propos des modalités de paiement. J’ai pour principe d’adapter mes prix à la situation financière de mes clients. Nous verrons ce détail en fin d’entretien. »

Il lui semblait nécéssaire de donner des précisions pour la rassurer. Précisions qu’il ne donnait pas nécessairement à d’autres. La problématique de Venetia se situait là. L’argent. Elle ne demandait pas un mari pété d’oseille pour rien.

« Votre accent me dit que vous venez des Midlands ? »  lança t-il avec un détachement qu’il aimait feindre. V. faisait mine de deviner, mais son oreille ne le trompait pas. Il connaissait cette musicalité. « Birmingham ? »
Il se servit une tasse de thé, puis retourna le panneau de sa boutique d’un coup de baguette. CLOSED. Comme à chaque fois, il allait prendre son temps.


Pando
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MessageSujet: Re: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeSam 22 Sep - 19:10




les délicats


venetia & ivan

L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes

Elle avait arqué les sourcils, amusée par la déclaration du sorcier. L'honnêteté hein ? Oh, elle avait été honnête. Brutalement. Elle qui savait pourtant charmer, elle avait pressenti que cela ne fonctionnerait pas - et Venetia Bird écoutait ses pressentiments. Elle avait très certainement bien fait, à observer l'approbation dans la voix de l'homme ;  et elle se prit à espérer qu'il puisse véritablement l'aider. Elle le vit se lever sans explications, disparaitre derrière son rideau, et focalisa son attention sur la chienne, somnolente. Une bête magnifique à n'en pas douter - mais un poil trop impressionnante à son goût. Venetia joua avec une mèche de cheveux, l'entortillant autour de son doigt, l'anxiété rongeant à nouveau son moral.

Elle doutait de ses propres motivations sans pouvoir de toute façon y échapper. Si elle espérait un jour pouvoir rebâtir la réputation de la fratrie Bird, incluant Criquet, il fallait qu'elle ait des fonds. Dans le monde moldu... C'était peine perdue. Personne de riche n'épouserait une plouc de Birmingham sans emploi, et elle avait autre chose à foutre que de concocter des philtres d'amour ou d'en acheter. Alors qu'avec un sorcier... C'était déjà plus réalisable, surtout après la guerre. Ils avaient besoin de réconfort, elle d'argent. Elle pouvait fournir tout le réconfort émotionnel du monde tant que cela lui permettait de reprendre le business d'Arthur Thorne et de se venger de ceux qui l'avaient tué. L'argent était la seule chose qui l'empêchait de reprendre totalement le contrôle de sa vie. Ivan Nikitine revint dans la pièce avec une théière, deux tasses, et une fiole. Venetia se redressa, observant la fiole avec méfiance - son pressentiment confirmé par les paroles du propriétaire. Arquant les sourcils une nouvelle fois, elle hésita. Du véritasérum ? Etait-elle désespérée à ce point ?

Elle se redressa encore, tirant inconsciemment sur ses vêtements comme pour les élargir en l'entendant expliquer ses motivations. Tout cela était d'une froide logique ; et pourtant aussi déplaisant. Sentant probablement ses multiples réticences, elle leva le nez pour affronter le regard qui n'en était pas vraiment un de son interlocuteur. Rien ne transparaissait. Elle était évidemment sur le seul homme qu'elle ne pouvait lire comme un livre ouvert, le seul avec cette incroyable capacité de ne trahir absolument rien tant qu'on n'apprenait pas à vivre à ses côtés et à reconnaître les plus infimes signes. Alors elle écouta ce qu'il avait à dire, et elle finit par répondre à sa dernière question.

- Oui. Birmingham. Vous avez une bonne oreille... Et vous d'où venez vous ?

Après tout, elle pouvait bien se renseigner sur l'homme qui allait lui servir d'entremetteur. Elle attrapa la tasse de thé, la jaugea du regard. Devait-elle boire ? Devait-elle se résigner à tenter par d'autres moyens. Mais il avait évoqué des profils correspondant à son critère... Et c'était déjà plus que ce qu'elle ne pouvait espérer. Elle prit une grande inspiration, comme pour sauter dans une piscine et en but une gorgée. Le thé passa difficilement le long de son gosier, et elle finit par se réinstaller dans la chaise, se demandant vaguement si elle ne venait pas de se mettre elle-même dans un pétrin monstre...

Enfin, dans un duel au corps à corps, elle l'étalait probablement d'un seul coup de poing. Il ne la verrait pas venir songeait-elle sans ironie. Mais il y avait la chienne. Et il était probablement plus talentueux qu'elle en magie... L'évaluant du regard, elle estima qu'elle était prête à prendre le risque. Après tout, c'était pour le bien de sa famille - son bien à elle. C'était une question d'honneur, de réputation, et elle ne pouvait se permettre de rechigner.

- Je vous en prie, posez vos questions.

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MessageSujet: Re: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeDim 7 Oct - 14:23

V. &
V.

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« Bristol.»

Se raconter n'était pas sa première passion, et bien que répondre aux questions de ses clients ne le gênait pas, il s'appliquait à rester concis. La jeune femme n’ajouta rien d’autre, V. la sentait incertaine, mal à l’aise, sur le point de faire machine arrière. Il la laisserait faire si tel était le cas. Sa patience n’était qu’infime, il n’avait pas de temps à perdre avec l’indécision. Le tri dans sa clientèle se faisait généralement à ce stade. Ce moment illusoire.
Alors que tout deux laissaient planer un silence qui tirait en longueur sur fond de tension, V. joignit ses mains, ses nombreuses bagues s’entrechoquèrent. Passant une jambe par dessus l’autre il adoptait une posture faussement sereine. Une expression contemplative au visage accentuée par le voile laiteux qui recouvrait ses yeux.
Elle finit par boire, ce qui ne perturba en rien l’apparente équanimité de V.

- Je vous en prie, posez vos questions.

Les mots de sa cliente vibraient pour la première fois d’une determination manifeste. V. réprima un sourire, son expression se fit plus affable. Il appréciait le courage que cela prenait.
Ainsi, Venetia Bird, 28 ans, d’un milieu défavorisé avait convaincu notre entremetteur tatillon. L’entretien pouvait prendre place.

« Grishka, ma plume à papote. »

La grande chienne louve réagit promptement, trottinant jusqu’à une étagère pour se saisir d’une boite nacrée dans laquelle se trouvait des parchemins roulés ainsi qu’une plume luisante d’un bleu nuit profond.

« Janvier 2001, Venetia Bird, 28 ans, Birmingham. » La plume à papote s’activait aux mots de son propriétaire, pointant en braille le papier parcheminé. Il prit une longue inspiration. « Votre profession ? Orientation sexuelle ? » Demanda t-il d’un ton égal avant de poursuivre de manière plus hâtive « Avez-vous des enfants ? Étiez-vous déjà mariée ? » Il marqua une pause avant d’enchaîner « Désirez-vous taire certains aspects de votre histoire à votre futur époux ? Détaillez. » Il savait la question épineuse, c’est pourquoi l’interrogatoire s’arrêta un instant pour laisser le temps à Venetia de digérer.

« Je me permets de préciser que votre dossier demeurera confidentiel, je laisse à mes clients le soin de découvrir leur potentiel partenaire. Je serai la seule oreille à profiter de vos confessions. »

À force de consultations et d’entretiens, V. avait établi des critères propre à sa déontologie pour former toute une gamme de profils psychologiques. Il se demandait dans quelle catégorie il pourrait bien classer ce petit oiseau de Birmingham. Le peu d’informations qu’il détenait sur elle ne suffisait pas encore à la ranger dans une case. Il brûlait de lui poser des questions plus précises...


Pando
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MessageSujet: Re: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeDim 7 Oct - 16:04




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venetia & ivan

L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes

Le veritaserum n'avait pas de goût. Inodore, incolore, indétectable. Mais savoir qu'il y en avait dans sa tasse rendait le thé un peu amer. Venetia se força à finir la tasse, observant du coin de l'oeil son interlocuteur. Il avait une élégance un poil inquiétante, le genre d'homme parfaitement accordé à sa réputation et à son intérieur. La froideur de son visage lui conférait une aura particulière, le genre de choses qui donnait envie à Venetia de percer les secrets qu'il renfermait. Elle n'était pas habituée à donner gracieusement de sa personne, elle voulait obtenir quelque chose en retour. Pour chaque réponse qu'elle donnerait, elle voulait réussir à en lui tirer une à son tour. Elle croisa les chevilles, détachant ses cheveux pour se sentir plus à l'aise, bien consciente de la vanité inutile du geste : son interlocuteur se fichait bien de son apparence. Elle observa la chienne attraper ce dont son maître avait besoin, impressionnée par l'habileté et la douceur du canidé.

Se redressant dans son siège, elle prit une grande inspiration, et répondit aux questions, sentant la potion agir afin de la diriger vers le droit chemin.

- Je travaille au Ministère de la Magie, au Département de la Justice Magique, en tant qu'employée de Bureau.

La potion essayait de lui faire cracher ses autres activités - et l'envie de parler de ses trafics était présente, mais elle parvint à la combattre, sortant tout un tas d'informations inutiles sur son travail du Ministère à la place. Une légère goutte de sueur roula sur son front, témoin de sa bataille intérieure pour garder ce qu'elle considérait comme sa véritable occupation professionnelle un secret.

- Je range les dossiers, je trie les rapports, j'organise les Archives... Je rédige les courriers de rappel à la loi parfois aussi. Je suis hétérosexuelle.

Le rythme accéléré des questions l'empêcha de penser, et elle répondit de façon mécanique, ses réponses se détaillant contre sa propre volonté.

- Non, ni mariée, ni enfants. J'ai avorté la seule fois où je suis tombée enceinte. Le père était un homme marié qui ne voulait pas s'occuper de moi.

Elle serra les mâchoires, éprouvée par le fait d'avoir avoué aussi facilement cette sordide histoire de son passé, mais déjà, les questions continuaient et celle-là était d'autant plus délicate. Elle aurait voulu y penser, songer au phrasé et au poids des mots, mais la vérité s'arracha d'elle-même de sa bouche, sortant en une litanie de mots de plus en plus forts, jusqu'à terminer en un cri.

- Je ne veux pas qu'il sache que je suis une piètre sorcière, je veux qu'il ignore tout de mon avortement, et je veux qu'il ne sache pas que j'ai des activités illégales !

Et voilà. C'était sorti. Un râle énervé lui échappa, et elle serra les poings. Putain ! Pas rassurée un instant par la garantie de confidentialité d'Ivan, elle rit froidement. L'envie la démangeait de casser quelque chose pour avoir avoué ce détail crucial de son identité, mais aussi crucialement secret. Elle savait qu'il allait insister pendant des heures et qu'elle ne pourrait s'empêcher de répondre. Elle savait qu'elle était fichue si il se décidait à aller la vendre aux Aurors. Elle grogna et desserra ses mains crispées, se décidant à lui donner les miettes d'informations avant qu'il ne l'interroge encore.

- Je vole des objets ensorcelés au Bureau, et je les revends au Marché Noir. Cela me permet de vivre plus confortablement. J'ai aussi un passé criminel dans le monde moldu, dans le trafic d'art. Je n'ai jamais été condamnée ou soupçonnée. Personne n'aurait jamais dû savoir. La situation de mon futur époux me permettrait de m'éloigner de l'illégal pour vivre bien plus confortablement.

Elle avait inséré toute la menace et la verve possible dans ces mots, alourdie par le poids de ses propres révélations. Le souffle rapide, elle n'en tirait pourtant aucun honte, seulement une rage indescriptible. Elle n'avait jamais eu honte de sa manière de vivre, ni de la manière dont elle gagnait de l'argent. Elle avait avorté de l'enfant sans un soupçon de honte non plus. Il aurait eu une vie terrible, et elle n'aurait jamais été la mère dont il aurait eu besoin pour s'en tirer. Elle ne voulait pas d'enfants. Pas dans ces conditions misérables. Elle faisait ce qu'elle avait à faire pour survivre, et elle ne baisserait pas le regard face à un putain d'aveugle bien loti engoncé de confort tandis qu'elle retournerait dans son taudis le soir-même, à calfeutrer les coups de vents avec des sorts misérables.

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MessageSujet: Re: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeDim 7 Oct - 17:39

V. &
V.

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Presque prise de panique la plume à papote pointait à vive allure. On aurait dit qu’elle craignait de ne pas remplir son rôle en mitraillant sa victime de coups précipités. Les questions que V. jugeait formelles venaient d’enfanter de véritables confessions. Attentif et immobile, sa bouche contre ses mains jointes, les mots « avorté » et « activités illégales » lui arrachèrent un discret haussement de sourcil. Loin de se douter qu’ils aborderaient le gros du sujet en tout début d’entretien, il étudiait le ton de voix de Venetia. La sorcière fulminait de plus en plus en fin de monologue. Comme s’il eut été en partie responsable des maux qu’elle avait subi et subissait encore. Ça suintait la frustration à chaque phrase prononcée comme un coup de poing dans la gueule. Il y avait également une certaine défiance chez elle, une défiance qu’il n’aurait pu soupçonner lors de son arrivée. De femme timide et impressionnable Venetia venait de passer à un tout autre registre. Petite racaille menaçante dont l’accent de la rue se faisait bien plus sonore.
Signifiant qu’il avait bien tout saisi, il gratifia la sorcière d’un hochement de tête, un léger sourire aux lèvres. Son intuition lui criait dores et déjà le nom d’un candidat. La plume à papote calma enfin ses coups d’escrime. Il n’offrit aucun commentaire à tout ce qu’elle venait de déballer. Tout était assez clair et concis pour qu’on ne s’y attarde pas plus longtemps. Loin d’être psychologue ou touché de compassion, V. classait ces informations de manières factuelles dans un recoin de sa tête. Il ne jugeait, ni ne condamnait sa clientèle. Ce qu’il entendait chez Adopte un Sorcier restait chez Adopte un Sorcier. Tout simplement.

« Je pense en avoir assez entendu pour le moment. Vous repartirez avec un formulaire à remplir et à me remettre au cours de la semaine. Vous avez deux photos à fournir ainsi qu’une cotisation d’inscription. Tout est détaillé dans le dossier. Prenez le temps de le consulter avant de partir dans le cas où quelque chose ne vous semblerait pas clair. » Il lança un accio informulé et une pochette rouge bien rangée dans une bibliothèque pleine à craquer voleta jusqu’à ses mains. Il la posa sur la table d’un air tranquille.

« Je vous ressers ? » Se penchant à nouveau pour saisir la théière, il n’attendit pas la réponse de l’intéressée pour remplir deux tasses. Puis saisissant la fiole de veritaserum il versa la moitié de son contenu dans sa propre tasse avant de la porter à ses lèvres pour en boire quelques gorgées.

« Savez-vous ce qu’est un effet placebo madame Bird ? »


Pando
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MessageSujet: Re: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeDim 7 Oct - 21:28




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venetia & ivan

L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes

 Interdite, foudroyée, elle resta bouche bée suite à la révélation soudaine de l'homme assis face à elle et se leva brutalement, ignorant l'enveloppe rouge carmin. Elle savait foutrement bien ce qu'était un effet placebo ; elle était une putain d'arnaqueuse professionnelle, et elle avait le goût amer de celle qui s'était fait avoir. Elle inspira pour se calmer, tandis que la rage montait lentement mais sûrement, emplissant son esprit d'images plus violentes les unes que les autres. Elle rêvait de serrer son cou, de le secouer un bon coup en hurlant de frustration, et de le finir avec un bon coup de genou. Quel salaud, mais quel SALAUD ! Elle se rassit, la douceur du velours sous ses fesses ne l'apaisant qu'une trop brève seconde. Ses mains vinrent s'y crisper, et elle resta silencieuse une longue poignée de minutes, réfléchissant au meilleur moyen de répondre.

- Vous jouez à des jeux dangereux Ivan Nikitine.

Elle détacha chaque syllabe de son nom lentement, avec une froideur toute prédatrice. L'évaluant du regard, elle pencha la tête sur le côté. Il avait eu un agaçant sourire suite à ses révélations, moqueur ou non, il l'avait faite fulminée. Il l'avait manipulée et comme une enfant, elle avait marché dedans. Elle avait cru boire du véritasérum. Elle en avait senti les effets. La magie n'était pas quelque chose avec lequel on déconnait. Et il avait joué avec elle. Elle se sentait comme une idiote, une gamine prise en faute, trop naïve. Ce n'était pas elle pourtant. La mort d'Arthur l'avait elle ébranlée à ce point ? Elle ne s'était pas pensée en telle position de faiblesse. Elle se releva une nouvelle fois, se penchant pour attraper le dossier rouge qu'elle feuilleta. Elle claqua de la langue en voyant les frais d'inscription. Hors de question qu'elle paie une telle somme.

- Votre cotisation est hors de prix.

Elle continua de feuilleter les différents formulaires, examinant d'un oeil attentif les plus petits caractères. Elle finit par le fermer, et se pencher vers lui. Une soudaine proximité physique qu'elle savait peu inattendue, puisqu'il l'avait entendue se déplacer, se rapprocher, jusqu'à le dominer de sa hauteur tant qu'elle était debout et lui assis. Penchée, s'appuyant sur l'accoudoir de son siège, elle fit sa voix venimeuse et vint souffler au creux de son oreille.

- Je suis une femme de détermination, vous devez le savoir à présent. Je ne recule pas aux premières difficultés. Votre petit jeu ne m'amuse pas, mais si nécessaire, j'y jouerai mieux que vous encore. Je ne vous ai pas donné une seule raison de douter de mon habileté à vous faire regretter si vous vous essayez encore à la manipulation.

Elle eut un rire bas, ses lèvres très proches de son oreille, ses mains agrippant les accoudoirs bien fermement. L'atmosphère de la pièce était soudainement électrique, et elle ne répondait plus tant d'elle même que cela. Venetia détestait se sentir idiote, manipulée, et acculée. Elle ne comptait pas se laisser faire, et telle un animal sauvage, elle rétorquait immédiatement, en général violemment. Il avait de la chance qu'elle ressente une pointe de pitié pour son statut d'aveugle : elle ne se permettrait pas la violence physique. Mais qu'il recommence un petit tour de la sorte, et elle s'assurerait que bien des bricoles lui tombent dessus. Elle s'en faisait le serment. Elle finit par se redresser au bout d'un temps infiniment long, jetant un regard hautain à la chienne qui la surveillait d'un air sombre.

- Vous traitez tout vos clients de la sorte, où j'ai droit à un traitement de faveur ?

Elle ne comptait pas partir, oh non, pas tout de suite. Elle voulait l'étudier, trouver ses faiblesses, et les exploiter. Elle avait voulu une relation purement professionnelle entre eux, mais avec son petit jeu, elle se sentait personnellement visée désormais. Elle voulait plus, elle voulait se sentir en contrôle. Elle voulait avoir un moyen de se rassurer, de se dire que ce qu'il savait d'elle ne serait jamais utilisé contre elle. Et elle n'avait aucun moyen de le garantir : ce qui la rendait folle. Venetia Bird n'était pas le genre de petit moineau à laisser plus gros picorer. Elle se voyait en oiseau de proie. A raison... ou à tort.
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MessageSujet: Re: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeJeu 11 Oct - 19:50

V. &
V.

Les délicats sont malheureux


Alors qu’il portait à nouveau la tasse à ses lèvres, Venetia perdait le peu de sang froid qu’il lui restait. Il l’entendit se redresser brutalement sur son séant pour se lever. Allait-elle quitter la boutique furieuse ? Ce ne serait pas la première fois qu’un client fichait le camp sous le coup de la honte. Il pensait la jeune femme plus tenace, s’était-il trompé ? V. regrettait déjà cette perte de temps. Légèrement agacé il tapota l’accoudoir du bout de ses doigts sans piper mot. Elle se rassit. Quelques minutes d’une joute silencieuse agrémentée de quelques soupirs passèrent. Grishka ne remuait pas d’un poil, feignant le repos du guerrier ses oreilles étaient cependant dressées et à l’affut du moindre geste de trop.

- Vous jouez à des jeux dangereux Ivan Nikitine.

La frustration prédominait dans cette rétorque amère. L’escroc n’appréciait évidemment pas la manoeuvre. L’expression de cette vexation arracha un nouveau sourire au sorcier qui ne gratifia Venetia d’aucun commentaire supplémentaire. Préférant la patience à un emportement dont lui aussi avait le secret en dehors de sa boutique. Se levant une seconde fois pour se saisir du dossier qu’elle maltraita -semble t-il volontairement - entre ses mains, la jeune femme grogna de mauvaise foi. Elle commentait les prix, chassant de sa mémoire le début de l’entretien où il était question d’un arrangement financier. Son petit doigt disait à notre voyant qu’il ne toucherait pas noise pour ce dossier (si dossier il y avait).
Son sourire s’effaça d’ailleurs bien vite lorsqu’il sentit Venetia réduire la distance qui les séparait. La main de la jeune femme effleura la sienne lorsqu’elle prit appui sur l’accoudoir. La ride du lion se creusa, expression d’une inquiétude qui commençait à poindre. Même si Grishka la louve était généralement une dissuasion naturelle V. ne prenait aucunes précautions. En l’état, il était facile de le planter dans son fauteuil. Sentant l’inquiétude de son maitre, la chienne bondit sur ses pattes, les poils de son dos légèrement hérissés. Un grondement sourd vibrait de la cage thoracique de la bête. Premier avertissement qui signifiait qu’il n’y en aurait pas deux. Après avoir proféré ses menaces dont le point final était un rire malvenu, la voyou de Birmingham se redressa. Laissant V. troublé par ce qui venait de se passer. Un frisson lui parcourait désagréablement l’échine mais il restait tout à fait immobile. Comme face à un cobra qui pouvait attaquer s’il venait à bouger le moindre cil. Grishka apaisa ses grondements, elle restait en alerte.

« Votre petite démonstration de force n’était pas nécéssaire. Pour ce qui est du traitement de faveur vous pouvez maintenant vous le mettre où je pense. »

Il n’avait jamais eu la fibre commerciale ou plutôt, le social - voir les gens - n’était pas son truc. Ses proches avaient tous des réserves à propos de son projet. Lui, Ivan Nikitine au service des coeurs brisés. Cela sonnait comme un échec couru d’avance. Mais bien que piètre vendeur, V. ne s’était jamais montré désobligeant verbalement envers ses clients.
Venetia n’était pas encore sa cliente pensa t-il pour justifier son manque de professionnalisme. Il ne comptait pas laisser la jeune femme profiter de sa faiblesse, son handicap. Il était hors de question de finir crevé dans un coin de rue du chemin de Traverse pour une cliente qui se montrait déjà mauvaise payeuse. Les menaces, il les prenaient toujours au sérieux. Il avait appris à ses dépends que même le plus inoffensif des inoffensifs pouvait se montrer mortel en fonction des situations.

« Rentrez chez vous et ne reposez plus les pieds dans ma boutique. »

Cela lui démangeait d’envoyer un oubliettes bien placé à la face de son potentiel agresseur. La laisser partir ainsi était un risque à prendre. Il se leva, le visage grave et contrarié puis il prit congé de la jeune femme en se dirigeant vers l’arrière boutique. aussi calmement que possible. Grishka couvait son maître du regard sans le suivre. On aurait dit qu’elle veillait à ce que l’intruse parte comme l’avait demandé V. avant de se replier. Il comptait fermer boutique après le départ de Venetia Bird et utiliser le réseau des cheminées pour rentrer chez lui à Bristol pour méditer sur cette mésaventure désagréable. De très mauvaise humeur, il avait besoin d'une bonne nuit de sommeil dans un véritable lit pour se délasser.


Pando
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MessageSujet: Re: Les délicats sont malheureux   Les délicats sont malheureux I_icon_minitimeSam 13 Oct - 23:47




les délicats


venetia & ivan

L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes

L'oiseau de proie qu'elle avait représenté dans son esprit faisait face à un adversaire de taille. Un homme peu diminué par sa propre infirmité, et avec tous les moyens de répondre d'autant plus violemment que par ses paroles. De toute évidence, elle avait eu tort, et dès l'instant où les venimeux mots avaient franchi ses lèvres, elle avait vu dans la crispation du corps de son interlocuteur qu'elle avait poussé le bouchon trop loin. Le grognement de la chienne la fit sursauter, et elle recula tandis qu'il se repliait sur lui-même, visiblement secoué, tentant de rester aussi immobile que possible. Elle se mordit la lèvre, fautive.

N'avait-il pas amorcé la danse de lui même, en mentant au sujet du véritasérum ? Ne lui avait-il pas arraché de sombres secrets avec tout le talent d'un professionnel de la manipulation ? Elle ne s'était pas permis une seconde d'hésitation ni de pitié, et l'avait pris au sérieux. Peut-être avait-il lui même mis les pieds dans un jeu qu'il ne maitrisait pas encore parfaitement. Sa réaction froide et calculée ne l'abusait pas une seconde, et elle regretta la violence de ses mots sans savoir que rajouter. Elle détestait avoir l'air faible - détestait qu'on la mette en position de faiblesse. Elle n'avait fait qu'inverser la done - de façon plus que maladroite de son propre avis. Elle battit des cils, silencieuse, laissant une seconde passer - l'adrénaline battant dans ses tempes tandis qu'il se levait, sa silhouette élancée se déployant élégamment, et raide comme un piquet, lui assenait de ne plus jamais remettre les pieds dans sa boutique. Une torsion de l'estomac la fit grimacer. De la culpabilité. La chienne continuait de la fixer d'un air menaçant, la dissuadant de penser à le suivre.

Devait-elle laisser tomber désormais ? Non, ce n'était plus envisageable, plus après tout les secrets qu'elle avait craché ici. Elle devait s'en faire un allié ; elle devait lui rendre le contrôle de la situation et rétablir un semblant d'équilibre. Elle n'avait pas apprécié son petit jeu, il avait haï avec intensité sa réaction. Parle d'un ego fragile... Venetia croisa les bras, et sans plus y réfléchir, balança froidement, haussant le ton.

- Vous allez vraiment vous planquer dans votre arrière boutique comme un enfant boudeur ? Vous qui semblez prendre votre pied à mettre les gens en position de faiblesse, je vous trouve bien prompt à l'outrage.

Ramassant soigneusement le dossier qu'elle avait malmené, le rangeant dans son sac, elle adressa un regard prudent à la chienne qui la couvait toujours des yeux d'un air revêche. Sale bête. Elle arqua un sourcil et attrapa la tasse de thé tiède posée sur le plateau, la terminant d'une traite, la reposant sur le plateau.

- Je vous enverrais les papiers. Passez par Birmingham à l'occasion, je pense que j'ai l'objet de décoration parfait pour votre intérieur. Giacometti. Un faux évidemment... Mais je pense que ça vous irait bien. En plus c'est de la sculpture, ça s'admire avec les doigts.

Elle arrangea sa coiffure une dernière fois, attendant un semblant de réaction mais ne rencontrant que le silence. Elle haussa les épaules et tourna les talons, refermant précautionneusement la porte du magasin, sans violence. Elle n'allait pas se mettre à menacer des hommes blessés et apeurés, qui se dégonflaient aux premières menaces. Elle réservait ce traitement aux vraies enflures, pas aux petits commerçants qui se pensaient malins.

(c) DΛNDELION
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