L'allemand écoutait le jeune homme avec intérêt, bien que toujours un tantinet soupçonneux. A plusieurs remarques il ne fit pas suite, n'y trouvant que très peu d'importance. C'est à peine si celle au sujet de son aversion vis-à-vis de Lockhart provoqua chez lui un sourire, c'était si peu dire qu'il ne « le portait pas dans son cœur ». Il le méprisait à un point inimaginable.
Néanmoins il réagit lorsqu'il entendit l'appellation de « celui dont on ne doit pas prononcer le nom ». Même après sa mort, et pas sa disparition, certains refusaient encore de prononcer le nom de Voldemort. Cette crainte qui persistait après coup envers le Seigneur des Ténèbres faisait à la fois sourire et s'attrister l'allemand. Il répondit cela : « Nous ne serons pas comme Voldemort (il insista sur le « nom interdit », soulignant son besoin de le prononcer). Lui, travaillait pour des besoins personnels. Nous, nous travaillerons (à nouveau, insiste sur ce verbe au futur simple) pour un besoin collectif. Très nombreux et dévastateurs ont été les utilisations de ce sort et si nous avions à le défaire... Imaginez alors les répercutions que cela pourrait avoir. Non seulement affectivement parlant, mais aussi politiquement, peut-être sortirait-on des informations perdues de leur ombre qui éclairciraient encore un peu plus certaines zones encore méconnues de toute cette histoire. » Il parlait avec son cœur, ne réagissant plus même aux paroles qui devraient l'émouvoir, même si revenaient encore certaines images à son esprit, il continuait avec entrain : « Ce serait comme mettre au jour un sortilège permettant de savoir si l'Impero a été utilisé ou non sur une personne, alors tous ceux qui se disent avoir été influencé par Voldemort à cause de celui-ci pourraient ou non être disculpés et la vérité s'abattrait sur encore bien des choses. Les faux suspects seraient libérés et les familles retrouveraient leur honneur, et les véritables malfrats seraient jugés avec plus de sûreté. Imaginez-vous seulement les rebondissements qu'il pourrait y avoir... »
La fin de la tirade se coupait en murmure, un sourire et un air presque rêveur sur le visage de l'allemand était apparu, remplaçant par là son air cynique. Peut-être s'était-il un peu trop laissé aller... Il reprit un air plus sérieux, terre-à-terre « Et là, nous pourrions avoir une piste pour pousser le gouvernement à nous donner libre cours à l'expérimentation... »
Il observa le jeune homme, celui-ci semblait doué, mais aussi intéressé, dans les deux sens du terme, c'est-à-dire qu'il semblait éprouver une vive curiosité vis-à-vis de cela, mais aussi y trouver lui aussi son intérêt. Klaus, de par l'histoire de son pays d'origine puis celle de la Guerre, avait fini par comprendre qu'avant d'accorder une entière confiance à quelqu'un, il fallait bien se renseigner sur lui, et plus encore si cette personne avait l'air sympathique et humaine. Et c'est bien ce qu'il comptait faire. Avant que le jeune homme ne puisse répliquer, Klaus continua.
« Ce que nous pourrions faire, c'est avant de proposer ce projet au Ministère, constituer un dossier clair, exposant les différentes pistes de travail, nos connaissances respectives qui pourraient aider à sa réalisation, les intérêts de sa découverte mais, plus fâcheux, par où il faudrait passer pour arriver aussi haut. » Et ça... Ça n'allait pas être de tout repos, surtout faire accepter l'expérimentation humaine, malgré le progrès exponentiel que cela permettrait.
Klaus se sentit quelque chose en lui qui n'avait pas été en son sein depuis très longtemps : l'espoir de pouvoir réparer ce qui avait été brisé, non seulement pour lui, pour permettre de retrouver un semblant de sa « vie d'avant », mais aussi pour toutes les victimes de ce sort qui lui était des plus proches.
« Que pensez-vous de cela, M. Erskine ? »