Aujourd'hui était un jour spécial. Je m’étais levé très tôt pour aller courir dans le bois juste derrière chez moi… Cela me paraissait étrange de dire chez moi alors qu’il y a encore quelques mois, c’était la maison de ma grand-mère. Ce qu’elle pouvait me manquer. Enfin je reprends, j’étais donc parti courir dans le bois pour m’aérer l’esprit. Comme je l’ai dit plus haut, c’était un jour spécial et pas seulement parce que je me levais tôt. J’allais enfin entamer ma formation d’Auror… Honnêtement j’étais un peu stressé. L’idée d’apprendre de nouvelles choses, de risquer ma vie pour attraper des mangemorts et surtout de rencontrer mon mentor me tordaient le ventre. Lors de l’annonce de nos mentors, je n’avais pas entendu que des bons échos de lui. Habituellement je n’étais pas le genre de personne à juger autrui mais là on parlait quand même de celui qui allait m’apprendre les ficelles du métier… Alors oui j’avais littéralement peur de rencontrer Trevelyan Valentine. Il est vrai que nous avions quelques points communs. On était franc… Bon nous n'avions que la franchisse en point commun mais c'était déjà un bon début je pense. Et puis peut-être que les rumeurs étaient fausses, peut-être que ce n'était pas un maniaque de la traque des mangemorts et qu'il était super gentil et mignon avec ses apprentis… Non il ne fallait clairement pas que je rêve, il n'allait pas être tendre avec moi, je le sentais.
Je chassais mes pensées sur ma rencontre futur avec Trevelyan, une fois la porte de ma maison franchie. Je regardais ma montre et me rendis compte de l'heure. Si je ne me bougeais pas les fesses, j'allais arriver en retard. Ni une, ni deux, je me rendis dans ma douche et enfila des vêtements confortables. Je ne savais pas trop comment s'habiller les aurors donc un jean, tee-shirt et baskets ça devrait le faire, non ? J'avalais un petit pain au chocolat et une tasse de café avant de me rendre au ministère.
Cela faisait quelques jours que je n’avais pas mis les pieds ici. Le ministère me paraissait tellement grand, sans doute à cause de ma taille mais ce n’est pas vraiment le sujet. Je me demandais si j’allais réussir à trouver le bureau de Trevelyan sans me perdre… Je devrais sans doute demander de l’aide à mon père ou à mon oncle… Mais je n’avais aucune idée d’où se trouver leur département. Je finis quand même par arriver à bon port avec seulement dix minutes de retard. Pourvu qu’il ne soit pas à cheval sur l’heure sinon j’allais mourir précocement sans avoir connu la gloire d’être auror. Si on peut vraiment appeler cela une gloire. J’étais devant la porte du jugement dernier, mon ventre me faisait atrocement mal et mon esprit me disait de partir loin. Mais comme je n’étais pas un dégonflé… Enfin pas trop, je finis par taper à la porte et entrer dans le bureau. Un homme assez grand (sans blague Solal du haut de tes 1m73, tout te parait grand) semblait attendre après moi. Trevelyan était tel que je me l’imaginais : grand, froid et horriblement effrayant.
« Je m’excuse pour le retard… Je me suis…Perdu. »
J'étais franchement gêné. Je ne voulais qu'une seule chose : partir d'ici. Où même me planquer dans un coin, cela m'allait parfaitement bien. Oh mon dieu ! Je venais de réaliser, je ne m'étais même pas présenté en entrant. Plus malpoli que moi, il n'y a vraiment pas. Je devais vite réparer cela, sinon il allait avoir une image de moi bien pire que celle qu'il a déjà.
« Oh, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Solal Antares, et je suis votre apprenti… Enfin je suppose, si vous voulez toujours de moi malgré mon retard… »
C'était mon premier jour, j'étais en retard et en plus de cela je ressemblais à un gosse devant sa mère après avoir fait la pire connerie de sa vie. Non mais franchement je me demandais si cela n'aurait pas été mieux de rester dans mon lit et d'ignorer l'alarme de mon réveil. Je le fixais avec mon plus beau sourire gêné attendant sagement de savoir comment il allait me manger.
☾ ANESIDORA
Trevelyan Valentine
Ministère
Messages : 156
Points RP : 2821
Localisation : A la chasse aux Mangemorts, quelque part en Grande-Bretagne
Emploi/loisirs : Auror
Parchemin d'identité Âge: 38 ans Crédits : Statut: Sang mêlé
Sa cigarette grésillait encore lorsqu'il l'écrasa d'un geste pressé sous sa chaussure, incrustant le bitume d'un nouveau mégot aplati parmi tous ceux qui y traînaient déjà. Londres se réveillait à l'aube d'un matin morne, végétant dans une grisaille fade qu'aucun sourire d'aucun passant ne se dévouait à éclairer. L'Auror ne faisait pas exception. Visage fermé et cernes aux yeux, il n'avait résumé le monde ces tous derniers instants qu'à la cigarette salvatrice qu'il savourait, juste à l'entrée du Ministère, avant de se jeter dans le tourbillon d'une nouvelle journée. Il n'avait pu rejoindre l'appartement de Sienna qu'aux petites heures de la nuit, une heure environ avant qu'elle ne s'en extirpe pour prendre une garde à Sainte-Mangouste. La perspective de la croiser plus qu'au détour d'un soupir épuisé et d'un parfum laissé sur l'oreiller s'éloignait à mesure que se durcifiaient les traques aux Mangemorts. Et il ne lui avait encore pas pipé mot de la prochaine mission à laquelle on l'avait assigné, sans compter le stagiaire qu'il devrait guider dès ce matin... Considérant l'idée d'un air désabusé, l'Auror observa s'évanouir dans l'air ambiant les toutes dernières volutes qu'il avait exhalées avant que de résigner à entrer.
Rajustant le béret sur son crâne, il carra les épaules et s'engouffra dans la foule empressée qui submergeait le hall du Ministère de la Magie, allant à contre-sens de l'obéissante fourmilière en dédaignant l'exemplaire flambant neuf de la Gazette qu'un vendeur lui tendit. Puisqu'il était au courant de toutes les saloperies qui arrivaient dans ce monde en tentant de les entraver avant même qu'elles n'arrivent jusqu'à la Gazette, nul besoin de s'en farcir toute la verve anti Auror. Il s'imaginait suffisamment bien les critiques proférées sur l'inefficacité supposée de leurs actions. Slalomant entre les employés pressés qui submergeaient le hall d'entrée, il salua brièvement O'Leary de l'Unité de Capture des Loups-Garous, Buchanan de la Section des Esprits, et parvint finalement à l'ascenseur en évitant quelques notes de service surexcitées.
Tandis qu'il pénétrait dans l'ascenseur, l'Auror appuya d'un geste vif sur le bouton du deuxième niveau et l'engrenage s'ébranla. Le Bureau était encore calme lorsqu'il en franchit le seuil, et quelques acharnés seulement s'étaient déjà replongés dans le labeur obscur de quelque inextricable course au mage noir. Le silence ne se troublait que du froissement des pages que d'autres Aurors consultaient, et d'un sort murmuré pour réchauffer un café oublié que l'un d'eux prononça sur sa droite tandis que Trevelyan regagnait son bureau.
Déposant sa sacoche à terre sans ménagement aucun, l'Auror se défit de son béret et retroussa ses manches, se servant lui aussi une copieuse rasade d'un café aussi serré que son emploi du temps. Jetant un oeil au tic-tac régulier de l'horloge qui surplombait la porte du bureau, Trevelyan avala la dernière gorgée du breuvage avant d'envoyer d'un coup de baguette la tasse se faire passer un savon sous le jet d'eau de la petite cuisine attenante.
L'heure était passée, mais nulle trace de son apprenti. Il s'était dégonflé ? A voir les récits sanguinolents des crimes que commettaient les derniers sbires de Greyback encore en cavale, ou les exactions innommables des Mangemorts les plus acharnés, il aurait compris. On se sentait souvent le courage d'aller éclater la gueule de mages noirs tant que ça ne restait que des mots, et que l'opportunité réelle de se présentait pas. Mais là encore, si... - il jeta un oeil au dossier - Solal Antares espérait se friter tout de suite contre la clique de Voldemort, il serait déçu du voyage. Comme bien d'autres apprentis avec lui.
Tandis que des bruits de pas se rapprochaient de la salle, Trevelyan balaya d'un dernier regard furtif le bilan des évaluations de son nouvel apprenti, soigneusement répertoriés dans son dossier d'admission.
- Je m’excuse pour le retard… Je me suis…Perdu. Oh, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Solal Antares, et je suis votre apprenti… Enfin je suppose, si vous voulez toujours de moi malgré mon retard…
Valentine haussa un sourcil, jaugeant le jeune homme et tout le malaise qui suintait de lui comme la rosée du matin d'une fleur des champs. Il lui parut brutalement d'une jeunesse si impressionnable qu'il n'aurait pas été surpris que le jeune pisse encore du lait par le nez. Plissant le regard, Trevelyan mesura comme chaque fois que se présentait à lui un disciple aussi frais et clinquant qu'une Noise fraîchement frappée toute l'étendue du boulot à mener avec lui.
- Première et dernière fois, Antares, le prévint-il fermement quoique sans animosité en désignant d'un geste la chaise qui faisait face à celle où il était lui-même assis, tapotant ensuite d'une main mitainée de cuir le dossier de l'apprenti. Toute cette paperasserie raconte par le menu toutes tes épreuves d'admissibilité et d'admission. Ton entretien face au jury, aussi. Tu t'en rappellerais si j'en avais fait partie - c'était pas le cas. J'ai pas pour habitude de prendre les jugements des autres pour argent comptant avant de m'être fait ma propre idée, alors tu devras faire tes preuves au-delà de ce qu'il y a marqué dans ce dossier.
Trevelyan carra les épaules et se redressa sur sa chaise. Il faudrait que le petit s'endurcisse, et vite, même si sa contrition et ses excuses face à son retard dans le dédale labyrinthique du Ministère jouait en sa faveur et prouvait une humilité parfaite à avoir dans le métier - lorsqu'elle se conjuguait à une confiance en soi nécessaire, qu'il apprendrait.
- Mais je fais confiance à mes collègues s'ils t'ont jugé capable de rejoindre la formation et devenir Auror. J'espère qu'on fonctionnera assez bien ensemble pour qu'on puisse tout autant se faire confiance, un de ces jours.
Il lui tendit la main par-dessus la table, celle qu'il gardait calfeutrée dans une mitaine de cuir pour en masquer les cicatrices affreuses que lui avaient légué un Mangemort en héritage. Le bleu d'acier limpide de ses iris se ficha dans le regard du jeune homme, assuré.
- Bienvenue au Bureau des Aurors, gamin. Qu'est-ce qui t'amène ici ?
Plus je me tenais devant cet homme, plus je me demandais ce que je faisais là. Franchement si je n'avais pas accepté la demande de ma grand-mère mourante, je serais sans doute Aux trois balais à récurer le sol et les toilettes… En fin de compte être devant un auror se n'était pas une si mauvaise chose. Peut-être que j'allais apprécier le travail. Mon langage corporel trahissait mon anxiété et le haussement de sourcil de Trevelyan ne fit que le confirmer. Franchement je ne pouvais pas avoir plus de charisme, genre comme quand je drague des filles. Pourquoi il fallait que je sois aussi… aussi… Peureux ? Cela ne me ressemblait vraiment pas.
- Première et dernière fois, Antares
J'hochais la tête à la vitesse de l'éclair. Et voilà je recommençais. Heureusement que je n'ouvrais pas la bouche pour m'enfoncer encore plus. Non mais sérieux quoi ! Il allait réellement croire qu'il avait affaire à un bébé tout juste sorti des jupes de sa mère. Je n'étais pas ce genre de gars moi… Je n'étais pas un bonhomme non plus. J'étais seulement un homme qui affirmait ce qu'il faisait et ce qu'il disait…
- Toute cette paperasserie raconte par le menu toutes tes épreuves d'admissibilité et d'admission. Ton entretien face au jury, aussi. Tu t'en rappellerais si j'en avais fait partie - c'était pas le cas. J'ai pas pour habitude de prendre les jugements des autres pour argent comptant avant de m'être fait ma propre idée, alors tu devras faire tes preuves au-delà de ce qu'il y a marqué dans ce dossier.
Je regardais le dossier. Alors moi je viens sans être renseigné, mais lui par contre il regarde mon dossier. C'est vrai que les autres aurors n'allaient pas juste lui balancer mon nom en lui disant que je serais son apprenti, mais quand même il avait pris la peine de lire un truc aussi gros, rien que pour en savoir un peu plus sur moi ? A sa place… J'aurais fait exactement la même chose. D'ailleurs c'est ce que j'avais essayé de faire. J'avais questionné mon oncle, mais en bonne langue de plomb il n'avait rien voulu me dire. Et je me voyais mal aller chez mes parents comme une fleur pour questionner mon père sur mon futur mentor… Peut-être que j'aurais dû...
« Je sais bien que vous n'y étiez pas. Je ne me souviens pas du nom de ceux qui étaient devant moi, mais je me souviens très bien de leur tête. La votre m'aurait marqué, je vous l'assure. »
Ce n'était pas pour lui manquer de respect que je lui disais cela. C'est vrai, sa tête m'aurait vraiment marqué. Ce n'était pas le genre d'homme que l'on oublie comme ça. En réalité je pense même que cela aurait été l'odeur de tabac qui m'aurait marqué.
- Mais je fais confiance à mes collègues s'ils t'ont jugé capable de rejoindre la formation et devenir Auror. J'espère qu'on fonctionnera assez bien ensemble pour qu'on puisse tout autant se faire confiance, un de ces jours.
J'espérais aussi que nous allions bien nous entendre. Il semblait être un homme d'honneur, et il était l'image que je me faisais d'un mentor. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de le titiller. Je savais que ce n'était pas très judicieux de ma part, mais c'était plus fort que moi.
« Qui vous dit qu'ils ne se sont pas mis ensemble pour vous refiler le pire des apprentis ? Vous avez peut-être confiance en eux, mais votre réputation n'est pas très jolie. Vous ne pensez pas qu'ils auraient pu vous jouer un tour ? Un tour foireux entre nous. »
Un sacré tour foireux même. C'était quand même la vie de leur collègue qu'ils pouvaient mettre en danger en faisant cela. Bon je savais très bien qu'ils n'avaient pas fait cela. J'avais eu de très bons résultats et que mon entretien s'était bien passé. On pouvait dire qu'hormis le fait que je n'étais pas volontaire pour le poste, mon profil collé parfaitement à celui-ci.
« Quoi qu'il en soit, pour revenir sur ce que vous avez dit plus tôt : vous avez raison de ne pas prendre leur jugement et les notes en considération. On peut avoir de très belles notations et pour autant être la pire des poules mouillées. »
Je laissais volontiers ma phrase là où elle était pour ne pas lui dire si oui ou non j'étais une poule mouillée. En soit je n'étais pas une poule mouillée, je ne me dégonflais jamais… La preuve j'étais là. Mais moi-même je ne pouvais pas savoir comment je réagirais devant un mage noir. Trevelyan me tendit sa main, que je fixais… Pourquoi était-elle gantée ? Il lui manquait un truc ? Ou c'était pour le style ? Cela collerait bien au personnage : un gars sombre avec des gants pour cacher un terrible secret… Il fallait absolument que j'arrête les romans, cela avait trop d'impact sur mon cerveau.
- Bienvenue au Bureau des Aurors, gamin. Qu'est-ce qui t'amène ici ?
S'il n'avait pas été mon supérieur je lui aurais répondu, pour me promener… Mais c'était mon supérieur donc j'allais fermer mon clapé. Je pourrais lui dire ce genre de choses lorsque nous nous connaîtrions mieux. Je lui serrais la main en retour.
« Merci monsieur. Je suis là pour l'honneur et mettre les méchants au trou. »
Même moi je ne croyais pas un seul mot qui venait de sortir de ma bouche. C'était horrible. Je sais que des personnes répondaient réellement cela, mais tout de même, ils y croyaient eux aussi ? Je souris et m'assis sur la chaise en face de lui. Je n'allais tout même pas resté debout toute la journée.
« En vrai je vous fais marcher. J'avoue que mettre les mangemorts au trou et rétablir l'honneur c'est stylé... Mais je suis surtout là pour… Pour honorer une promesse. »
Je le regardais droit dans les yeux. Ses yeux étaient vraiment magnifiques. Ils étaient aussi durs que celui qui les possédait. Mais franchement j'adorais la couleur.
« Par contre, n'essayez pas de me faire la morale pour cela. Je suis au courant qu'on ne choisit pas un métier pour quelqu'un mais j'ai mes raisons de le faire… Peut-être que je vous les dirais plus tard. »
Je soupirais doucement. Je n'allais pas m'en faire un ami tout de suite, je le sentais. Je ne voulais pas être méchant ou malpoli, mais je ne voulais pas lui dire que je faisais cela pour ma grand-mère et aussi pour avoir un peu plus d'estime de mon père. Cela pouvait être pitoyable et je pense qu'à ce niveau-là j'avais déjà donné.
« J'ai une question… Enfin deux. Vos mains ou votre main… ce n'est pas pour le style, c'est les mangemorts n'est-ce pas ? Et aussi, en quoi puis-je me rendre utile aujourd'hui ? Ranger des dossiers ? Ou vous aidez pour chercher un mage noir ? »