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| Songes de nos nuits d'été... [Aamon] | |
| Auteur | Message |
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Rhiannon Gray Messages : 161
Points RP : 2736
Localisation : Dans les rayonnages anciens d'une bibliothèque oubliée
Emploi/loisirs : Etudiante en Histoire de l'Art Sorcier, spécialité portraits enchantés
Humeur : Sibylline
Parchemin d'identité Âge: 20 ans Crédits : Statut: Sang mêlé
| Sujet: Songes de nos nuits d'été... [Aamon] Dim 21 Mai - 19:58 | |
| 18 août 2017
La brise tiède d'une soirée d'été taquina de frissons les brassées bleues d'ipomées, volubiles, qui s'entrelaçaient souplement aux colombages anciens de la maison. Puisant dans quelques roses anglaises une once du parfum entêtant dont elles enivraient le jardin, elle faufila son souffle en ondoyant jusqu'à une fenêtre entrouverte liserée de chèvrefeuille, et soupira enfin toute la douceur de sa fragrance dans un ruban lilas qui passait là. Légères, les effluves se mêlèrent à celles de pomme sucrée qu'exhalaient les cheveux roux sombre, ruisselant jusqu'aux reins, où le ruban lilas s'était entrelacé quelques longues heures auparavant. Aspirant sans doute elle aussi à un destin si tendre, une brise nouvelle se glissa dans la chambre en diffusant l'arôme des fleurs d'été dont elle s'était gorgée ; mais le ruban lilas était parti, et les longs cheveux roux aussi. Il n'y eut que la douceur des draps pour cueillir son parfum, et que le frémissement des pages d'innombrables ouvrages pour en éprouver la caresse.
A petits pas pressés de ses pieds nus, Rhiannon dévala la spirale joliment sculptée des escaliers jusqu'à ce que sa silhouette émerge dans la cuisine inondée de soleil. La pièce toute entière fleurait bon les myrtilles que sa mère avait finalement élues pour garnir une tarte généreuse, qui reposait sa crème à l'ombre d'un rebord de fenêtre. Sa fille ayant été dans l'incapacité totale de lui révéler lesquelles des myrtilles ou des mûres Aamon préférait, et son ignorance sur le sujet ayant rougi ses joues d'une panique anormale, Daisy avait par pure compassion fini par choisir par elle-même - sachant à peu près parfaitement en son for intérieur qu'Aamon ne préférait ni mûres ni myrtilles, mais la pomme miellée des cheveux de Rhiannon. Laquelle, en cet instant, effleurait là un torchon égaré, rajustait juste ici l'arrangement d'un bouquet, respirait finalement une bougie au patchouli, sans doute pour s'assurer qu'elle embaumait toujours le patchouli depuis la dernière fois qu'elle avait vérifié.
Agitant négligemment sa baguette vers une pile de vaisselle qui se mit aussitôt à s'effectuer de son plein gré, Daisy se mit à observer les errances impatientes de Rhiannon avec une tendresse telle qu'elle en faisait briller le bleu clair de ses yeux. Un sourire affectueux jouait au coin de ses lèvres à mesure qu'elle remarquait le rose vif des pommettes de sa fille, la lueur amoureuse qui embrasait ses yeux, la robe lilas qu'elle avait préférée aux trois ou quatre autres qu'elle avait essayé auparavant.. l'impatience radieuse dont elle semblait irradier toute entière, depuis les fleurs des champs dont elle avait piqué ses cheveux jusqu'à ses lèvres, ne vibrant en silence que d'un seul nom.
Quoiqu'elle ait attendu ce portrait ravissant de Rhiannon de longues années, se souciant trop souvent de son bonheur, Daisy se résolut à lui poser une question fatidique dont elle n'avait jusqu'alors pas eu la chance d'entendre la réponse malgré plusieurs essais.
"Chérie ?" commença-t-elle l'air de rien, "Est-ce que tu t'es décidée ? J'installe Aamon dans la chambre d'amis, ou est-ce que vous dormez tous les deux dans la tienne ?"
Les mots flottèrent dans un instant de flou artistique absolu, quelque part dans les airs, mais ne parurent jamais parvenir jusqu'à Rhiannon. Les joues subitement assaillies d'un rouge à en faire pâlir le plus audacieux des pourpres, la jeune fille ne fit qu'écarquiller bien grand les iris gris qu'elle détourna aussitôt de sa mère, balbutiant une réponse qui s'évanouit une fois son volte-face effectué, et ses pieds nus désertant la cuisine.
"N'oublie pas de ramener quelques brins de menthe, pour le thé !" conclut Daisy en étouffant un rire qu'elle partagea, complice, avec le fantôme d'une vieille femme qui tricotait paisiblement sur l'une des chaises dépareillées de la cuisine.
Se dérobant à ces questions gênantes dont elle connaissait la réponse sans pourtant réussir à l'énoncer, Rhiannon égrena les quelques pas qui la séparaient du jardin, mêlant bientôt au chant jovial d'oiseaux mussés dans la fraîcheur des arbres le gazouillis de ses bracelets. Elle passa une main bredouillante dans les rubans soyeux de ses cheveux avant de l'apposer contre son coeur, palpitant une chamade qu'elle n'arriverait à soulager qu'en sentant celle d'Aamon lui répondre en écho. Mais les minutes s'étaient enfuies déjà depuis que l'horloge avait ululé vingt heures, et Rhiannon avait conçu pour les trains en retard une aversion qu'elle n'aurait jamais soupçonnée. Le chèvrefeuille tenta vainement de tempérer son impatience en la berçant de son parfum, car elle n'avait en tête que la cannelle nichée au creux du cou d'Aamon, et se demandait vaguement, un peu fiévreusement, ce que cela ferait de sentir l'odeur de sa peau saturer ses draps...
Pas plus qu'elle n'avait eu conscience d'attraper un panier pour les brins de menthe que sa mère avait réclamés n'accorda-t-elle grande attention à la cueillette elle-même, prélevant sans trop y songer les feuilles qui s'épanouissaient, foisonnantes à ses pieds. De temps à autres, comme un oiseau gracile épiant les alentours, Rhiannon inclinait la tête pour observer le chemin panaché de fleurs qu'Aamon emprunterait depuis le village pour parvenir... jusqu'à la clôture grignotée de mousse qui ceignait la maison. Jusqu'à elle...
Agenouillée au coeur des herbes folles, Rhiannon inspira profondément la bourrasque tiède qui s'insinua dans ses cheveux et rafraîchit le rose soutenu de ses pommettes. En folâtrant dans les plis de sa robe, la brise en métamorphosa l'ourlet de soie cuivrée en une myriade de fleurs qui voltigèrent au hasard du tissu, et ne finirent par s'assagir que lorsque le vent retomba, comme retenant son souffle.
Car il l'avait trouvée, mais elle n'en savait encore rien. |
| | | Aamon J. Williams Messages : 131
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| Sujet: Re: Songes de nos nuits d'été... [Aamon] Ven 2 Juin - 18:19 | |
| “L'attente est en proportion du bonheur qu'elle prépare.” Michel Dupuy Fond sonore : Ici. __________________________________ Aamon avait ouvert les yeux sur la nuit, aussi éveillé que si quelqu'un lui avait hurlé dans l'oreille. Les luminaires ronds du jardin projetaient d'immenses ombres inquiétantes sur les murs qu'il contempla pendant de longues minutes. Les grandes pièces désertes de l'étage du dessus étaient traversées par des petits animaux dont le bruit des trottinement parvenait jusqu'à lui, et il aurait presque pu entendre les ronflements de Victoria provenir d'une chambre non loin s'il avait réellement essayé de tendre l'oreille. Mais il lui était très difficile de se concentrer quand son ventre tout entier semblait douloureux tant il était nerveux. Il leva les yeux vers l'horloge placée dans un coin de la pièce. 4 heures du matin. Avec un soupir, il essaya de se rappeler en détail l'organisation de sa journée ; réveil de Victoria, petit déjeuner avec elle, arrivée des différents intervenants qui s'occuperaient d'elle durant son absence, préparation de sa valise, déjeuner en sa compagnie, courses pour son absence, et encore mille choses qui parviendraient peut-être à le maintenir éloigné de ses préoccupations. Et quelles préoccupations. Ce soir, ou plutôt, dans moins de vingt heures, il serait à Iverness auprès de Rhiannon. Une pointe lui vrilla l'estomac à cette pensée, mais il lui fut impossible d'en connaître l'origine. Anxiété? Appréhension? Excitation? Tout se mélangeait en lui. Il ferma les yeux, persuadé que se rendormir serait impossible mais avec un sourire aux lèvres.
Victoria lui secoua doucement l'épaule. - Bonjour, Aamon, dit-elle, dans un sourire. - Hmf, déjà levée? - Il est 9 heures, tout de même. Allez, ajouta-t-elle en se dirigeant vers la porte, lève toi, ton déjeuner est prêt, tu vas être en retard à l'école.
Il se redressa brusquement. L'anxiété nocturne était une chose, mais c'en était une autre de n'avoir pas été présent à son réveil. Il s'habilla rapidement et la rejoint à la cuisine. Elle était correctement habillée, et lui avait préparé un petit déjeuner copieux. Rien ne laissait voir dans son attitude un quelconque problème de santé, mais elle semblait être restée bloquée à une époque loin derrière. Ils déjeunèrent paisiblement, échangeant des propos légers sur le temps et les vacances d'Aamon qui approchaient. Les premières aides à domicile arrivèrent alors qu'ils débarrassaient et Aamon s'esquiva discrètement. Il avait la désagréable sensation de laisser tomber Victoria, et s'il pensait sincèrement qu'elle n'en penserait rien, il ne pouvait s'empêcher de culpabiliser. Il avait parfois tenté d'utiliser la Legilimencie avec elle, depuis le diagnostic de sa maladie, pour essayer de comprendre ce qu'il se passait et si les pensées confuses qu'elle exprimait avaient pour elle un sens. Il n'avait trouvé qu'un immense monceau d'images floues et sans lien, mais baignant dans un univers de tranquillité et d'apaisement. Il avait alors réitéré sa tentative à de nombreuses reprises, mais sans aller plus loin que cette couche de calme, ne doutant pas que le reste de ses pensées, aussi confuses soient-elle n'appartenait qu'à Victoria.
Sa valise fut rapidement bouclée, et il profita du cette période de calme pour se changer, enfilant un pantalon noir et une chemise blanche, et pour poursuivre la lecture d'un ouvrage sur les Sortilèges qu'il avait acheté en début d'été. Passionnant mais ô combien mal écrit et ennuyeux. La journée s'écoula paisiblement et bientôt, il fut temps pour lieu de s'en aller. Il serra maladroitement Victoria dans ses bras et la laissa avec les soignants, le cœur un peu serré lorsqu'elle lui souhaita de "bonnes vacances, Henry !". Il récupéra sa valise à l'étage et, après avoir vérifié une dernière fois qu'il avait toutes ses affaires, il transplana. Le quai de la gare de Pré-au-Lard fut sous ses pieds avant qu'il n'ouvrit les yeux.
Le train vers Iverness était déjà en gare et il monta rapidement dedans, son billet à la main, cala la valise dans un filet à bagages et se dirigea vers sa place. Le début d'après-midi était terriblement chaud et il regrettait déjà de s'enfermer pendant 7 heures dans une boîte de conserve aussi peu ventilée. Il eu la chance de ne pas être tombé dans un wagon submergé d'enfants ou d'animaux et se prit à réfléchir au séjour qui se profilait et à ce qu'ils allaient pouvoir faire de leur temps. Il n'avait réellement qu'une crainte ; que se passerait-il s'il ne plaisait pas à la mère de Rhiannon? Cette dernière lui en avait toujours parlé en termes élogieux, où la douceur et la gentillesse revenaient régulièrement. Mais il se pouvait qu'il ne soit pas du tout à son goût..
Il tenta de calmer l'anxiété qui était revenue à la charge et faisait battre son cœur douloureusement. Les heures s'égrenèrent sans qu'il y parvienne tout à fait et il lui sembla plusieurs fois que son estomac était pendu à ses lèvres. Le train finit par ralentir l'allure jusqu'à s'arrêter totalement et d'un haut parleur situé dans son dos s'éleva une voix nasillarde leur annonçant qu'ils étaient enfin arrivés. Il récupéra son bagage et descendit sur le quai. Trois autres passagers le dépassèrent rapidement, du pas assuré de celui qui sait où il va. Il sortit de sa poche un morceau de parchemin découpé dans une lettre qu'elle lui avait envoyée cet été, l'informant de la possibilité qu'il avait de venir la rejoindre et lui donnant le nom de la maison et du chemin à emprunter. Aamon n'avait toujours connu que Londres pour accueillir ses balades et il se rendit rapidement à l'évidence ; il ne savait pas du tout où partir. Il s'approcha timidement du guichet et demanda à l'homme ventripotent qui l'accueillit où se trouvait le taxi qu'il avait commandé par téléphone. Le dénommé "Carl", comme c'était inscrit sur son badge lui indiqua l'extérieur de la gare. Aamon y trouva un homme souriant qui tenait une feuille de papier "Mr. Williams". Après avoir échangé des banalités, ils se mirent en route. A quelques centaines de mètres de l'arrivée, un troupeau de vaches ralentit leur allure et ils durent s'arrêter totalement. Il profita de cette occasion pour régler sa course et affirma au conducteur qu'il terminerait à pied. Non, cela ne le dérangeait pas et non, cela ne lui donnait pas de mauvaise image de la compagnie de taxi.
Traînant sa valise derrière lui, le cœur battant une chamade insoutenable, l'estomac mécontent, il se mit à marcher dans la lumière de la fin de la journée. Il restait au soleil encore deux bonnes heures de vie ce jour, mais toute la nature autour de lui était teintée d'un filtre orangé qui le rasséréna quelque peu. Une légère brise l'aida à marcher sous la chaleur persistante de cette fin d'été et rapidement il arriva en vue de la maison. Le chemin la longeait latéralement et la clôture de bois qui en faisait le tour ne parvint pas longtemps à dérober Rhiannon à sa vue. Elle était là, accroupie dans l'herbe, perdue dans il ne savait quelle agréable pensée, s'il en croyait son sourire. Un arbre à l'écorce noueuse s'élevait contre la clôture et il s'y appuya un instant, essayant de graver ce moment pour en retenir chaque courbe et chaque nuance. La brise soulevait gentiment les cheveux de Rhiannon qui accrochaient au passage un des derniers rayons du soleil, retombant doucement sur le tissu lilas de la robe qu'elle portait. Il voyait d'ici le panier qu'elle avait déposé à côté d'elle, les bracelets à ses poignets et le ruban qui ceignait sa chevelure. Il l'observait et se rendit compte que les battements de son cœur étaient moins forts et que son inquiétude n'était plus qu'une petite boule sombre qu'il s'empressa de reléguer à l'arrière plan de ses pensées. Il souhaitait sauter la barrière, et rouler dans l'herbe en l'entraînant avec lui. Il souhaitait la prendre dans ses bras sans qu'elle l'entende arriver, pour lui faire la surprise. Il souhaiter déposer un baiser au creux de son cou, passer la main sur la courbe de sa clavicule qu'il aimait tant, lui prendre la main. Et la serrer fort. Il ne bougea pas et la contempla encore quelques instants.
En silence, il finit par enjamber la clôture en priant presque pour ne pas se ridiculiser et tomber par terre. Sa valise resta derrière lui mais à vrai dire, il l'avait déjà oubliée. Il s'approcha d'elle sans cacher le bruit de ses pas, les herbes hautes flirtant avec ses doigts, une odeur de fleurs dans l'air. Il s'accroupit derrière elle, persuadée qu'elle l'avait entendu approcher et chuchota dans un sourire:
"Vous attendez quelqu'un, peut-être?" |
| | | Rhiannon Gray Messages : 161
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| Sujet: Re: Songes de nos nuits d'été... [Aamon] Jeu 10 Aoû - 22:19 | |
| De ses mains s'effeuillèrent les brins de menthe à la brise, lorsqu'elle perçut à fleur d'oreille le froissement murmuré des herbes que l'on frôle. Les feuilles se dispersèrent au gré joueur du vent d'été, s'échouant ça et là dans quelque recoin du jardin, tandis que Rhiannon, doigts frémissants, cœur bondissant, écoutait s'approcher celui qu'elle attendait depuis des heures, des jours déjà... Un seul regard avait suffi pour dédouaner des bruissements d'herbes hautes les deux illustres chats de la maisonnée, Gràineag et Foghnan, abandonnés aux tentations d'un sommeil langoureux sur les marches tiédies de soleil qui menaient au jardin de simples de Daisy.
Le vent d'Ecosse n'y fut pour rien dans le frisson qui dévala le dos de Rhiannon - ou bien peut-être était-ce que parce qu'il avait semé, le temps d'un battement de cœur, assez de cannelle vanillée pour qu'il fleurisse un sourire resplendissant sur ses lèvres. Elle savoura la seule idée de sa présence quelques instants d'absurde joie, et les semaines d'absence passées à le rêver parurent même n'avoir jamais existé, tant le son de sa voix, là juste derrière elle, abolit tous les jours de vide en un murmure.
- Vous attendez quelqu'un, peut-être ?
- Je l'ai déjà trouvé au détour d'un couloir pris sous la neige... chuchota-t-elle d'une voix douce.
L'esquisse en quelques mots de cette soirée suffit à tracer le dessin des vitraux tout embués d'hiver, des myriades de flocons valsant en tourbillons, du Lac, lointain, brillant comme une mornille sous ses drapés de glace et pourtant mille fois moins que les yeux d'Aamon, dans la pénombre du couloir. Des détails affleuraient à la mémoire de Rhiannon, de ceux qu'elle chérissait et caressait du bout des songes jusqu'à sentir, là sous sa paume, la promesse bleue d'un ruban égaré qu'elle lui avait confié... pour ne plus jamais, jamais abandonner la main qui le lui avait rendu. Le besoin d'être contre lui l'étreint soudain d'autant plus violemment qu'il était à portée de baiser, et le sourire qui flottait sur sa bouche s'estompa peu à peu dans une déferlante d'émotion tandis qu'elle délaissait son écrin de menthe pour se lever et faire volte-face.
Ses iris gris, soudain immenses, luisaient d'un amour absolu dont elle l'enveloppa d'un regard, de la ligne mille fois chérie de sa mâchoire jusqu'à ce creux, juste là dans son cou, dont le parfum lui faisait perdre la tête aussi bien qu'oublier le monde, de l'infini bleu de ses yeux jusqu'aux bras où elle se blottit, riant à moitié et le regard embué, laissant s'exhaler d'un soupir le manque qu'il dissolvait d'une seule étreinte et disparut, au vent léger, au vent d'été...
- Tu m'as manqué, lui confia un murmure, tu m'as bien trop manqué...
Glissant ses bras dans le dos d'Aamon, elle apaisa son souffle au parfum de sa peau et son coeur enfiévré aux battements sourds, puissants, ricochant à l'orée d'une joue qu'elle gardait posée tout contre son torse. Le temps avait été trop long sans lui, les soirées trop interminables, et trop nombreuses toutes ces absurdes fois où voulant partager quelque fragment d'un livre, elle s'était résignée à l'écrire au noir de ses encres à défaut de pouvoir le lui lire de vive voix, comme tant de fois sur les rivages tranquilles du Lac...
- Bien trop. J'ai cru que tu n'arriverais jamais... Je déteste les trains, tu le sais ? chuchota-t-elle encore, resserrant sensiblement son étreinte.
Elle était si petite et lui si grand, la voix de Rhiannon si frémissante, qu'elle donnait l'impression de n'avoir parlé qu'à la chemise d'Aamon ; pourtant elle ne songeait à rien de ce que les autres pourraient dire. L'oeillade furtive que risqua le fantôme de son aïeule au travers du carreau de la cuisine lui échappa, tout comme les gentilles réprimandes par lesquelles Daisy éloigna l'ancêtre de son très discret poste d'espionnage. Rhiannon n'aperçut en rien Gràineag, qui s'approchait à pattes inquisitrices et en cercles prudents d'Aamon... Il était là, et elle sentait s'échouer contre sa nuque le souffle chaud de sa respiration. Et quoiqu'elle ait rejoint le toit de chaume de son foyer depuis de longues semaines déjà, jamais depuis la fin du mois de juin Rhiannon ne s'était autant sentie chez elle que depuis qu'il était là... et qu'elle était chez elle, au creux de ses bras.
Se détachant enfin un peu de lui, elle posa ses mains sur les joues d'Aamon, les caressant du bout du pouce.
- Comment vas-tu..? Et comment va-t-elle..? ajouta Rhiannon, certaine que le départ loin de Victoria ne s'était pas effectué sans inquiétude de la part du Vert-Argent. |
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