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 Down by the riverside

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Sienna Roscoe
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MessageSujet: Down by the riverside   Down by the riverside I_icon_minitimeSam 21 Déc - 18:15


 

 

 
Trevelyan & Sienna

 
Oh, take me back to the night we met...  

  Novembre était là, et apportait à Londres son lot de pluie, d'orages tonitruants et de dépressions hivernales. Le manque de lumière se faisant cruellement ressentir, les gens marchaient les rues tête basse, comme écrasés par un poids dont ils n'avaient pas conscience. Sienna se faisait un malin plaisir d'esquiver cette maussade ambiance et parcourait les services de Ste Mangouste d'un pas léger, assuré, souriant à tous ceux qu'elle croisait, heureuse, puissamment heureuse d'être ici, d'être toute à son travail, et à ses patients.

Elle venait d'entrer au Service des blessures par créatures vivantes, et, si elle aurait préféré les urgences, elle ne pouvait s'empêcher d'être particulièrement entousiaste. Les patients, parfois blessés par des créatures dont ils ne souhaitaient pas parler pouvait à tout moment décompenser des syndromes multiples et devenir alors des situations d'urgences tout à fait passionnantes.

Les jours s'étaient égrenés rapidement depuis son diplôme et elle se félicitait intérieurement du travail accompli. Ce matin du douze novembre commença comme tous les autres. Elle ne savait simplement pas à quel point il allait être différent de tous les douze de novembre qu'elle avait pu vivre auparavant.
Le travail l'accapara rapidement et elle se plongea dedans, visitant une chambre après l'autre, serrant des mains, expliquant des diagnostics, des traitements, rassurant, consolant, parfois serrant un ou une inconnue contre elle. Elle ne pu souffler que sur les coups de quatorze heures, quand elle partit rejoindre Averroes dans le réfectoire des employés. Elle empila sur un plateau deux pommes, une bouteille d'eau, un thé et un bagel au saumon qu'elle fit léviter jusqu'à la table où déjeunait déjà son collègue.
Issu de la même promotion à Poudlard qu'elle, ils s'étaient retrouvés lors de leurs études de Médicomagie. Elle avait rapidement trouvé en lui un ami, plus qu'un collègue, et elle appréciait ce calme qui parvenait à la calmer quand son caractère menaçait de la déborder.

Elle posa bruyamment son plateau sur la table, lui tirant un sursaut et s'installa face à lui, consciente qu'elle devait le fatiguer, heureuse de voir qu'il lui souriait toujours, et malgré tout.

- Bien le bonjour très cher! Avant que tu ne dises quoi que se soit, ce soir, bière avec des collègues, et ce n'est pas une question. Sinon, ça va?

- Une ribambelle d'ados en overdose de feuilles d'Alihotsy, une intoxication aux vapeurs de potion mal ventilées d'un apprenti pharmacomage, des baies toxiques avalées au lieu de pastilles à la réglisse et du pus de bubobulb mal dilué étalé sur tout le visage en remède maison contre l'acné... Je continue ? Si ça ne mérite pas une Phoenix Ale, je démissionne.

Ils discutèrent un petit moment, puis elle repartit travailler. L'après-midi s'étira sans que jamais elle ne s'ennuie et c'est épuisée, mais ravie, qu'elle raccrocha sa blouse dans son placard et se maquilla rapidement devant un miroir du vestiaire de l'hôpital.
Elle retrouva ses collègue devant le pub et ils se dépêchèrent de trouver une table à l'intérieur. Elle ne pouvait s'empêcher de les observer, le cœur gonflé. Des hommes et femmes de tous âges qui donnaient leur vie pour en sauver d'autres, qui passaient plus de temps près d'inconnus qu'auprès d'eux-mêmes et qui parvenaient à le faire en souriant. Elle aimait observer ces vies qui croisaient la sienne en se rappelant la chance qu'elle avait de les côtoyer. Emue, et alors que la quatrième tournée se terminait, elle se leva:

- Celle-ci, c'est la mienne, et je vous garantie qu'elle sera particulière!

Elle lut dans le regard d'Averroes qu'il avait compris, prit leur commande et s'éloigna vers le bar, évitant les silhouette titubantes, souriant à tous ceux qu'elle croisait. Elle posa ses bras sur le bar, croisa ses mains et attendit que le barman vienne prendre sa commande. Mais au bout de cinq minutes, elle dut se rendre à l'évidence. Le décolleté de la sorcière au bout du bar devait être plus intéressant que sa tenue jean-débardeur-boots car il ne lui avait pas adressé un seul regard.
Alors qu'il se détournait de sa conversation, et revenait vers elle, elle leva la main, mais n'eut pas le temps de prononcer un mot.

- Une Black Mandrake. Merci.


La voix chaude et basse venait de tout à côté d'elle et elle se tourna vivement vers la personne qui avait eut l'outrecuidance de la doubler. Prête à réprimander vivement l'inconnu, elle ne comprit pas pourquoi l'air lui manqua, tout à coup. Plus grand qu'elle de presque une tête, il l'écrasait totalement par la force silencieuse qui s'échappait de lui. Bien bâti, une partie du visage cachée par un béret sombre, une cigarette prolongeant ses doigts, l'inconnu ne semblait pas même avoir remarqué sa présence.

Elle se tourna vers lui complètement, s'accouda au comptoir et, tentant de parler clairement malgré l'éthanol qui commençait à se répandre dans ses veines, lui jeta avec un sourire :

- Excusez moi, je pense que vous avez fait tomber votre paire de lunettes. Parce que vous ne m'avez pas vue, alors que j'étais là bien avant vous.


Plaquant ses mains sur ses hanches, elle tenta de se gonfler pour gagner en prestance, peu habituée par ces joutes verbales, et consciente que son vis-à-vis possédait un charisme qu'elle était loin d'égaler.  
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MessageSujet: Re: Down by the riverside   Down by the riverside I_icon_minitimeDim 22 Déc - 21:42

07h

Sa cigarette grésillait encore lorsqu'il l'écrasa d'un geste pressé, incrustant le bitume d'un nouveau mégot aplati parmi tous ceux qui y traînaient déjà. Londres se réveillait à l'aube d'un matin morne, végétant dans une grisaille fade qu'aucun sourire d'aucun passant ne se dévouait à éclairer. L'Auror ne faisait pas exception. Visage fermé et cernes aux yeux, il n'avait résumé le monde ces tous derniers instants qu'à la clope salvatrice qu'il savourait, juste à l'entrée du Ministère, avant de se jeter dans le tourbillon d'une nouvelle journée. Rajustant le béret sur son crâne, il carra les épaules et s'engouffra dans la foule empressée qui submergeait le hall du Ministère de la Magie. Au coeur du Bureau des Aurors, son disciple dégoulinait d’œillades mielleuses pour la petite stagiaire, qui ne répondait que par minauderies effarouchées aux sourires vantards qu'il croyait lui adresser discrètement en bombant le torse. Ce navrant crétin n'écoutait pas un traître mot de ce que Trevelyan déblatérait depuis deux minutes et n'en avait sans doute rien à carrer. Plissant les yeux, il lui colla une taloche sonore sur le haut du crâne.

- Bolson ! Tu te fous de ma gueule, ou quoi ? gronda-t-il en lui plaquant brutalement sur le torse le minable rapport qu'il avait osé lui refourguer. C'est quoi ce rapport salopé ? Si c'est pour me dégueuler un tel torchon c'est à la Gazette qu'il fallait pointer, pas chez nous. Tu devais venir avec moi aux Embrumes, mais tu peux oublier. Je veux une version clean de ce compte-rendu pour 7h pétantes demain, sur mon bureau - je te conseille de t'y mettre tout de suite et de ravaler tes yeux au ciel. Si tout ce que tu trouves à foutre en plein apprentissage c’est de courir les jupons, tu vas devoir te trouver un nouveau mentor, et entre nous j’en ai aucun en tête qui voudrait de toi.

17h

Dans l'enchevêtrement de bicoques frisant le miteux, une gadoue nauséabonde ruisselant au-delà du caniveau lui dégueulassait ses rangers. Trevelyan s'en extirpa en grondant, balayant l'étroite venelle d'un regard peu amène. C'est en se coulant aux ombres des Embrumes qu'il continua sa marche, esquivant les vendeurs à la sauvette cherchant à écouler l'une ou l'autre saloperie, ignorant les enseignes grinçant de rouille qui dégouttaient leur crasse en filets de pluie grisâtre. Serrant les dents, il esquiva une bouffée de vapeurs fétides surgie d'un soupirail à hauteur des pavés  tandis qu'il arrivait en vue de la maison de son précieux indic. La masure servant de maison aux Plaskett se profila bientôt devant lui dans toute sa désastreuse précarité ; bancale et n'arborant plus que des murs effrités, lézardés de failles et de saleté. Poussant la porte du bout de ses bottes, l'Auror se dirigea vers la salle à manger, où oscillait au bout de sa corde le témoin capital de son prochain coup de filet. Grady Plaskett avait crevé, et à peu de choses près, le tuyau qu'il était sensé lui livrer sur la planque de Grimwulf Ivers aussi.

Putain de journée.

18h

A souffles saccadés, Trevelyan expirait bruyamment l'épuisement effréné de l'entraînement qu'il venait de boucler. Ce n'était pas faute d'en avoir requis l'âpreté à l'adresse de son supérieur direct, l'un des seuls désormais de qui il puisse apprendre encore - l'unique ici à opposer un adversaire auquel il puisse mesurer sa propre puissance. Dos nu sous la douche ruisselante, l'Auror finissait d'exsuder sa frustration sous l'eau brûlante, dont même la chaleur salvatrice ne parvint à pas à délier les noeuds de sa mâchoire. Le sang sourdait encore d'une éraflure à la pommette, vestige de rien vaguement rabiboché d'un sort qu'il avait à  peine esquivé, lorsqu'il dévisagea aux vapeurs du miroir l'intraitable reflet de son visage. Si quoi que ce soit pouvait redonner du goût à l'insipide échec de cette journée, c'était une bière.

19h

Le mesquin crachin froid qui maculait Londres de pluie crépitait aux carreaux embués. Surnageant au plus sombre de Novembre, la chaleur conviviale irradiait en lueurs ambrées du Chaudron comble, et l'écho de verres entrechoqués trinquant leur insouciance contre les rires joyeux se heurtait à sa solitude. Comme pour ponctuer sa journée de l'exact même geste qui l'avait amorcée, foutue boucle inutile, Trevelyan écrasa sous ses rangers le bout de mégot dont il venait de tirer une toute dernière bouffée et franchit le seuil du bar. Une bouffée de chaleur lui assaillit la gorge tandis que s'infiltrait avec son arrivée un courant d'air glacial, qui n'estompa en rien le nuage de douce allégresse planant sur l'ensemble des tables. Un brouhaha confus de voix entremêlées mêlait sa gaieté floue aux tintements du comptoir, comme un refrain nostalgique du bar de Trevescan où il avait grandi. Mais ce n'était plus le môme curieux qui se faufilait du bout de ses guibolles dans le dédale de chaises qui s'en repaissait maintenant, plutôt la dégaine inflexible d'un Auror en mal d'éthanol.

Glissant toute la hauteur de sa silhouette entre le labyrinthe de tables, il grappilla par habitude les bribes de discussions qui s'élevaient ça et là sans trop parvenir à mettre en sourdine sa vigilance ; ici des magnats de la finance sorcière célébrant leur dernière arnaque au gin, là une bande de jeunes gueulant leur enthousiasme du match de Quidditch auquel ils se rendaient par des tournées de Bièraubeurre. Aux fins de sa déambulation, une table où musaient les rires délassés d'amis de longue date, qu'il dépassa pour enfin prendre place au bar. Le vernis miellé du comptoir s'encombrait de chopes mousseuses dont se délectaient tous les clients - et dont profiterait même gratos pour seul prix de son décolleté la cliente plantureuse retenant Tom à l'autre extrémité.

Se délestant d'un soupir, Trevelyan s'accorda une clope dont les fumerolles achevèrent de flouer les traits que son béret ne voilait pas déjà. Tom semblait avoir retrouvé usage du peu de son cerveau qui n'avait pas fondu dans l'échancrure du décolleté lorsqu'il l'interpella.

- Une Black Mandrake.

L'Auror lança un regard dénué d'aménité au tenancier, haussant le sourcil pour le prévenir qu'il n'avait pas forcément l'intention de passer après toutes les potiches du coin en rade de noises qui profitaient trop de sa faiblesse. Égrenant d'un doigt las les cendres de sa cigarette, il s'apprêtait à en soutirer l'âcre réconfort lorsqu'une voix claire perça le conglomérat nébuleux de ses pensées. Trevelyan achevait son volte-face  lorsqu'en une folle seconde son regard glissa jusqu'à elle, vacilla de surprise à l'ovale délicat de son visage, se pauma au blond des boucles d'or, trébucha sur le parfait dessin de ses lèvres et se cassa la gueule en chamade jusqu'à son coeur. L'ambre de l'âtre gigantesque allumait d'étincelles l'océan bleu de ses iris. Il eut l'impression délirante d'avoir loupé d'une marche.

- Excusez moi, je pense que vous avez fait tomber votre paire de lunettes. Parce que vous ne m'avez pas vue, alors que j'étais là bien avant vous.

Elle lui sourit. Pas qu'une marche, putain. Deux. Tirant une bouffée de cigarette pour se donner contenance, Trevelyan pivota entièrement vers elle en un chuintement de sa veste. A présent que ses mains soulignaient ses hanches, alliant à la désinvolture toute la réprobation qu'il méritait foutrement trop, il devina sans même s'y attarder les contours sveltes que délinéait son débardeur. Trois marches. Inclinant légèrement la tête, il expira l'amère fumée sans plus dévier son regard d'elle et sa douceur farouche. C'aurait été un crime digne de se foutre lui-même en taule. Bon sang, qu'elle était belle.

- My bad, blondie concéda-t-il d'une voix de basse. Et il réalisa, alors, que la contagion de son sourire lui en avait refilé un, presque secret, niché en coin dans sa barbe de quelques jours et se réverbérant jusque dans l'étincelle de son regard.

- Tom, prends cette commande avant la mienne tu veux ? Compte-la pour moi. Ecrasant sa cigarette consumée dans le cendrier d'une main mitainée de cuir, Trevelyan haussa un sourcil inquisiteur, sans tressaillir au bref pincement provoqué par l'entaille mal renfermée de son entraînement. Histoire de pas être épinglé comme l'imbuvable crétin de la soirée. J'oublierai plus jamais de vous voir, promis ajouta-t-il d'un rauque étrange, sa bouche laissant se délier l'arabesque joueuse d'un sourire aussi troublé que désarmant, ses mots perdant leur équivoque malicieux dans la pénombre tamisée du bar. Oublier de la voir. Comment aurait-il seulement pu ?

Peu lui aurait importé d'être étiqueté comme un sinistre con en d'autres circonstances, mais elle, elle, lui donnait envie de ne pas être rayé de son paysage et d'y rester, rien qu'un peu. Juste le temps de louper encore quelques marches.


Dernière édition par Trevelyan Valentine le Ven 26 Mar - 12:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Down by the riverside   Down by the riverside I_icon_minitimeJeu 25 Mar - 23:00

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Trevelyan & Sienna

 
Oh, take me back to the night we met...  

  Elle ignorait tout de ces boucles que la vie prend parfois, ignorant radicalement toute logique et toute appréhension. Elle ne savait rien de ces virages, de ces épingles qui pavent le chemin, et l'aurait-elle su qu'elle n'aurait pas reconnu ce moment comme un de ces virages. Et pourtant, quelle boucle. Et pourtant, quel chemin.. Elle ignorait tout ce qui les attendait, elle ne savait rien des rires, des nuits, des baisers qu'ils allaient partager, elle n'imaginait pas l'amour qu'ils allaient se promettre. Ils n'étaient que deux inconnus se rencontrant dans un pub, un soir quelconque et dont les chemins se croisent. Elle ignorait tout d'Eux et pourtant, le souvenir de cette soirée, au mot prononcé près resterait vivace en elle, comme un souvenir revécut dans une pensine, soir après soir.
Il la toisa de toute sa hauteur mais elle ne se sentit pas plus impressionnée qu'auparavant.

- My bad, blondie.


Et le coin de cette lèvre quasiment noyée dans sa barbe qui s'étira d'un tic vers le haut, rejoignant son propre sourire alors qu'il lui offrait son premier surnom, le premier d'une longue liste qui, s'ils furent tantôt amoureux, amusés, n'égalèrent jamais en force ce qu'elle pouvait ressentir lorsqu'il l'appelait Blondie.

- Tom, prends cette commande avant la mienne, tu veux ? Compte-la pour moi.  Histoire de pas être épinglé comme l'imbuvable crétin de la soirée. Je n'oublierai plus jamais de vous voir, promis.

Elle ignorait si les mots avaient été chuchotés, ou hurlés, mais dans le brouhaha incessant du pub, ils voguèrent tout de même jusqu'à son oreille et firent un drôle de chemin en elle. S'ils la réchauffèrent un instant, et alors même qu'elle se morigénait pour la rougeur qu'elle sentait envahir ses joues, elle sombra un bref instant dans le regard amusé qu'il lui adressa. Il y avait une histoire sous ce regard, il y avait une ombre qu'elle voyait sans parvenir à l'identifier. Le genre d'ombre qui se dresse derrière un sourire trop peu souvent porté, ou qui voile  un regard qui n'a plus trop l'habitude de s'illuminer. Il était beau. Bordel, qu'il était beau. Elle tenta maladroitement de masquer sa gêne en faisant tinter bruyamment la bière qu'on venait de lui servir, à celle de son vis-à-vis.

- Je n'ai pas pour habitude d'accepter des verres d'inconnus mais je vais accepter ce soir. Je fête une occasion spéciale. Et puis, on va dire que j'accepte vos excuses. Et vous, que fêtez-vous? Votre mort prochaine si vous ne désinfectez pas mieux cette blessure?

Elle venait de montrer du doigt sa pommette et continue de siroter sa bière. Oublié le pub, oubliés ses collègues dont les regards narquois commençaient à se tourner vers elle, oublié Averroes et son calme, oubliées les heures de travail. Elle n'avait pas souvenir qu'on ait un jour flirté avec elle et, si elle était belle Sienna, elle n'avait pourtant pas l'habitude qu'on se glisse entre elle et son travail. Elle n'avait jamais ressenti l'envie de laisser quelqu'un pénétrer suffisamment sa vie pour en devenir indispensable et pour tout avouer, elle n'était jamais tombée amoureuse. Elle avait eu des relations, mais n'avait jamais connu l'engouement rapporté dans les livres qu'elle dévorait, adolescente; elle n'avait jamais connu les papillons dans le ventre, l'esprit qui s'enflamme à l'idée d'un corps contre le sien et n'avait jamais rien fait que de très sage. Sa meilleure amie avait tantôt tenté de lui faire comprendre qu'il pouvait être utile de rentrer avec un homme, de temps en temps, quel qu'il soit, mais elle n'avait jamais adhéré à cette idée. Celui qui la ferait se détourner de son métier n'était pas encore né!
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MessageSujet: Re: Down by the riverside   Down by the riverside I_icon_minitimeMer 17 Nov - 14:08

L'automne se ruait aux fenêtres en rafales de crachin pestant sur Londres un sacré grain, mais rien des carreaux crépitant de pluie ni des bourrasques embrasant l'âtre du Chaudron ne lui parvenaient, pas plus que les heures boueuses d'embrumes et d'emmerdes enchaînées ne lui encrassait plus les pensées. Si le hasard voulait qu'il se coltine une journée si foireuse pour prix d'une telle soirée, bordel, à chaque aurore il aurait volontiers signé... S'il l'avait su ce matin-là qu'elle débarquerait miraculeusement de  nulle part pour éclairer Novembre et puis sa vie entière, sans doute que l'aube aurait été moins fade et son café moins noir, et la fumée de sa cigarette ne se serait pas juste évanouie dans le matin froid en volutes de dépit. Lui qui n'était venu s'échouer ici que pour anesthésier sa fatigue dans la profusion sensorielle du bar s'éveillait de sa lassitude à la fragrance de cette rencontre qui lui collait déjà à la peau, ce sourire qu'il buvait du regard et qui s'imprimait déjà terriblement tout au fond de sa rétine. Tandis qu'elle illuminait l'ombre au point d'aveugler Trevelyan aux inquiétudes obscures qui lui trainaient toujours du front jusqu'aux rangers, l'âcre horizon désabusé de son propre reflet taciturne dans le miroir du bar se troquait par sa seule vue à elle, sans nom encore mais foutrement trop belle, qui arrivait à lui délier la bouche et faire briller le bleu gris de ses prunelles. Quel genre de sort elle lui avait lancé, il l'ignorait encore mais crevait de rester rien qu'un moment de plus sous son emprise, savourant en silence sa surprise de la voir rester au lieu de rejoindre sa table et ce rose qui lui embrassait les joues en douceur - mais pas assez discrètement pour lui échapper. Tandis qu'ils trinquaient en un tintement de verre, Trevelyan capturait dans sa mémoire le bleu délirant de ses yeux de biche, la façon dont ses cheveux lui doraient les épaules en éclaboussures de miel, le naturel magnétique de sa silhouette ensorcelante. Son cœur cognait allègrement au creux de son torse un rythme décousu, palpitant  sous le charme du sarcasme piquant qu'elle décocha face à son éraflure, et qui décrocha à l'Auror l'ébauche grave d'un rire de basse. Un tressaillement courut sur sa pommette jusqu'à la taillade oubliée d'un air confinant à l'indifférence d'un "oh, ça ?",  n'offrant pour ricochet amusé à son ironie qu'une confidence énigmatique.

"There's far too many who'd get a kick out of this to give 'em the satisfaction."  Entre sérieux et dérision d'une réflexion pétrie de secret dont il ne donnait pas vraiment la clé,   nombreuses étaient les têtes qui s'en seraient pourléché les babines de voir tomber la sienne -   les cliques disloquées de mages noirs en ligne de front, certains Aurors dénigrant son mépris ouvert pour la bureaucratie juste derrière et son stagiaire esclave d'un tyran de mentor à l'arrière-plan.  Autant de sinistres crétins qui parfois lui refilaient assez de rancœur pour réellement vouloir se libérer de leurs conneries d'une mort prochaine, dont il aurait pu balancer l'identité s'il n'avait pas été en cet instant  infoutu de se rappeler du nom de personne, pas tant qu'il n'aurait pas dessiné les contours de celui qu'elle portait, elle. "Let's just say I'm celebrating the end of the day. And those apologies you accepted - I'll drink to that." S'il ne trinquait pas en cet honneur ni pour ça, alors à quoi ? Pour d'autres qu'elle, pris en flagrant délit de triche par inadvertance, il ne se serait fendu de rien de plus qu'un bref sorry claqué laconiquement pour tout semblant d'excuse et fin de conversation. Il lui était déjà arrivé d'attirer l'attention de l'une ou l'autre sorcière au détour du Chaudron, mais seul ou accompagné de Lazarus il n'avait gratifié leurs moues faussement trop timorées que d'un silence de mort dissuasif. Rien ne l'attirait dans les minauderies des sorcières piaillant en froufrous de chez Guipure, paupières bariolées de fard et imbibées de parfum à s'en refiler la nausée. Alors qu'elle, elle... sculptée dans la simplicité d'un jean et de son débardeur, ses longs cheveux blonds cascadant lâches contre son cou, elle n'aurait même pas eu besoin de son léger rimmel aux cils pour le foudroyer. Elle était même tellement solaire qu'elle devait juste sentir l'été...

Soutirant à sa bière amère l'épaisse onctuosité d'une nouvelle gorgée, Trevelyan en effaça le vestige d'écume mousseuse d'un revers négligent du pouce. Soudain songeur, le sérieux fataliste se glissa sur ses traits tandis qu'il l'observait, sourcil haussé en contemplant par trop de gravité le destin sarcastique qu'elle lui avait prédit. "This is how I'm gonna go down then, screwed for chosing a beer over medicine... Harsh , but I probably deserve it. I just never imagined I'd meet my fate tonight. No regrets, though..." L'impertinence feutrée lui errait légèrement aux lèvres, amadouant leur austérité habituelle et trahissant à demi-mots son plaisir conquis de la voir faire une exception pour lui en subsistant dans ses parages, en enluminant sa pénombre. Sa voix rauque se perdit quelque part entre elle et lui sans qu'il en mesure toute la  folle portée, inconscient pour une fois d'avoir énoncé toute une vérité qui serait la plus précieuse de leurs chemins tout juste croisés ; c'était ce soir que son existence bouleversait le cours acharné de sa solitude et prendrait le sens d'un amour absolu - de rires égrenés dans l'alcôve de sa nuque, de soupirs dans ses draps et de mains entrelacées, de nuits trop courtes et trop rares matins à traîner... Délaissant le béret dont l'ombre dérobait encore les pourtours affûtés de son visage, Trevelyan glissa dans ses cheveux humides de la pluie qui l'avait surpris une main désinvolte, aux veines rendues saillantes par la chaleur ambiante. Il s'éclaircit sobrement la gorge comme pour se donner un regain de sérieux, et passa furtivement sa main dans le chaume de quelques jours courant sur sa mâchoire. "So, this death of me... How close is it, exactly ? I was hoping to outlive my mortal wound and stay a bit longer, at least long enough to learn what this special occasion of yours is all about. If you don't mind telling a stranger, that is..." Au-delà de sa légèreté planait l'incertitude d'être en droit de ne rien attendre d'elle et de vouloir en savoir tellement plus. L'envie le taraudait de ne pas finir la soirée en ne restant rien qu'un étranger et elle qu'une  merveilleuse, inaccessible inconnue, dont la lumière s'éteindrait sitôt l'éphémère parenthèse de leur rencontre refermée. Lui qui d'ordinaire se fichait des anonymes tant que leurs noms ne finissaient pas sur son bureau ni épinglés à ses dossiers se laissait intriguer pour elle sans rien pouvoir y faire que d'y céder. Quelle occasion spéciale l'amenait un soir d'averse aux tables du Chaudron ? Une promotion à célébrer avec ses collègues comme ça avait pu lui-même lui arriver, un anniversaire ? Les yeux de l'Auror s'attardèrent un instant sur la main fine aux doigts déliés dont elle tenait sa bière - pas de bague,   en tous cas, pas de fiançailles à fêter... Son sourire en coin s'accentua malgré lui sans qu'il parvienne à le réprimer, et il arrima le gris de ses iris à l'océan bleuté des siens, usant de sa plaie fatale pour ultime argument et seul espoir à ce qu'il brûlait d'apprendre d'elle. "Have mercy for a dying man."
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