Le 02 janvier 2001, tous les sorciers et sorcières de Grande-Bretagne en âge de voter seront appelés à donner leur voix. Ainsi en a décidé Kingsley Shacklebolt, Ministre de la Magie, après de longues semaines de débats ayant déchiré les instances politiques de notre pays au sujet du décret Veritas.
Rares sont les propositions de décret ayant suscité d'aussi vives réactions ces derniers mois, et ce parmi toutes les strates de la société sorcière ; et il aurait fallu vivre au fond d'un chaudron pour ignorer les débats passionnés qui en ont résultés. Evoqué pour la première fois au cours d'une conférence de presse donnée le 16 août 2000 par Kingsley Shacklebolt, le décret Veritas vise à autoriser l'administration de Veritaserum sur l'accusé appelé à comparaître dans le cadre de procédures judiciaires.
En ces temps troubles qui survivent à la guerre, et ce malgré la fin du règne qui a plongé le monde sorcier dans l'une des pires périodes de son histoire contemporaine, les procès sont légion. Les anciens Mangemorts convertis aux idéaux de Tom Jedusor, assumant ou niant leur implication dans les sombres heures de notre pays, sont tour à tour convoqués devant la cour du Magenmagot pour répondre de leurs crimes et des actes qui leur sont imputés. Mais que faire, lorsque folie ou silence obstiné de l'accusé font seules réponses à l'exigence de vérité voulue par les jurés comme par tout le peuple sorcier ? Des réponses essentielles manquent encore aux dossiers , empêchent encore le deuil de trop de familles.
Au manque évident de coopération de certains accusés - on se rappellera du mutisme obstiné qu'a présenté Antonin Dolohov pour seule défense - succède sur le banc des accusés ceux que la démence a privé de bon sens, à l'instar d'Aloysius Jugson. Pourtant, le recel d'informations volontaire ou non dont font preuve les inculpés ne justifie pas aux yeux de tous le recours à un philtre aussi puissant que le Veritaserum.
"L'emploi du Veritaserum au sein d'une cour de justice relèverait d'une violation absolue du droit au silence auquel chaque accusé peut prétendre suite à son interpellation, et ce pendant toute la durée de sa mise en examen", martèle Abbadon Clare, avocate réputée défendant récemment le dossier d'Augustus Rookwood. "Avoir recours à une potion dont les effets varient si profondément en fonction de la santé et des capacités magiques de la personne qui l'ingère constitue une discrimination indiscutable. Au-delà de ce seul fait, qui remet en cause l'efficacité du produit et l'égalité des accusés face à lui, en aucun cas la Justice Magique ne peut forcer l'éthique et la droiture qu'elle se doit d'incarner en introduisant de tels procédés au coeur d'un tribunal. Nous combattrons jusqu'au bout pour qu'une telle mesure ne soit jamais adoptée."
Le Veritaserum, il est vrai, est un philtre d'une puissance extrême :
"Rappelons-nous que le Veritaserum n'est pas une potion infaillible", précise Horace Slughorn, expert en philtres et potions dont il a longtemps enseigné l'art à Poudlard. "Un sorcier initié aux défenses de l'Occlumancie peut contrer ses effets et proférer de fausses déclarations, tandis qu'un sorcier affaibli ou vulnérable ne pourra plus y opposer la moindre résistance".
Une mise en garde que reprennent à leurs comptes de nombreux sorciers gravitant dans les sphères de l'aristocratie, dont bien des membres de la famille sont à ce jour incarcérés dans l'attente d'un procès, et mis en cause dans les crimes de guerre perpétrés par Tom Jedusor.
"Nous ne pouvons permettre au gouvernement d'autoriser une potion aux pouvoirs si versatiles dans le cadre d'une procédure de Justice. Les paroles arrachées aux accusés, en cas de défaut de conception du philtre, pourraient causer leur ruine en lieu et place de leur innocence", ajoute Thaddeus Yaxley, fils du Mangemort inculpé.
Un détail que le Ministère de la Magie ne semble pas réellement prendre en compte dans son désir de voir se concrétiser le décret au plus vite. Plus que la reconnaissance de leurs crimes, c'est aussi la volonté de soutirer aux accusés toutes les informations qu'ils pourraient posséder sur les Mangemorts encore en fuite qui sous-tend ce bras de fer.
"Cela fait deux ans déjà, les pistes s'essoufflent, beaucoup de Mangemorts ont fui à l'étranger. Chez les Aurors, le mot d'ordre, c'est que quelqu'un qui n'a rien à se reprocher ne devrait pas craindre de dire la vérité. C'est comme les plumes anti-triches pour les examens officiels ; les seuls qui protestent contre ces mesures, ce sont ceux qui projetaient de tricher" remarque une source désirant rester anonyme du Ministère de la Magie.
Une opinion partagée par Odysseus Fawley, du département de Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques, dont le procès et la condamnation à perpétuité du fils, Mattheus Fawley, a provoqué une grande agitation.
"Le décret Veritas ne paraîtra jamais assez tôt pour disculper mon fils des crimes ignobles qu'il a commis sous le joug d'un Impero. Je ne peux qu'enjoindre chacun des sorciers et sorcières de ce pays à vouloir éviter l'écueil d'une erreur judiciaire, celle que nous vivons comme celles qui la suivront", commente-t-il sobrement avant de quitter le Ministère.
Entre déchaînement de passion, envies de justice et froides condamnations, le projet du Ministère de la Magie soulève des ferveurs qui ne prendront sans doute pas fin avec le résultat du vote.
"A l'heure où tout notre pays souffre encore des conséquences de la guerre, nous ne pouvons nous permettre de négliger les informations que détiennent ces accusés. Toutefois, et puisque ce choix en appelle à la conscience de chacun, j'invite tous les sorciers et sorcières de Grande-Bretagne à venir s'exprimer en faveur ou non du décret Veritas", résume Kingsley Shackebolt.
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Jeu 31 Mai - 15:49
Jawilsia sur Never Utopia
